Janvier 2014 — à Tassillé (Loué)
Tassillé, carrefour de la Loge (autour de 104 mètres au-dessus de la mer). La commune veut prendre de la hauteur, la dédoubler même et se donner le tournis en accueillant quatre éoliennes.
Le « nez » [1] des dites éoliennes, de 2 MW chacune (plus un poste de livraison au sol) s’élèvera peut-être un jour à 78 m au-dessus du carrefour de la Loge et de ses alentours. Les pales atteindraient alors les 123 m à leur solstice. La production groupée des quatre aérogénérateurs pourra couvrir les besoins annuels en énergie de six mille personnes.
La commune de Tassillé, porteuse du projet, également soutenu par la communauté de communes du Pays de Loué, avait dû batailler dur avant d’obtenir satisfaction. La préfecture en avait finalement avalisé l’implantation sur le territoire de la commune par un arrêté daté du 28 octobre 2008, la maîtrise d’œuvre allant à la société Initiatives et Energies Locales (IEL) de Saint-Brieuc.
Des opposants locaux [2], essentiellement regroupés autour d’une opportune protection du patrimoine, celle du manoir du Petit-Béru (protégé au titre des monuments historiques) et des jardins du château du Mirail (cf. addendum), de mitage du bocage, mais aussi de risques non avenus comme l’obstacle à la navigation aérienne [3] et bien d’autres griefs aussi peu recevables, avaient d’abord introduit un recours gracieux contre l’arrêté préfectoral, recours rejeté le 27 février 2009. Le tribunal administratif de Nantes a également rejeté un deuxième recours des requérants le 6 juillet 2011 (jugement n° 0902528).
Obstinés, les demandeurs ont finalement fait appel de ces deux décisions près la Cour administrative d’appel de Nantes, qui en délibérera après l’audience publique du 18 juin 2013. Retour perdant ! Mal inspirés, mal conseillés, non seulement la Cour administrative d’appel de Nantes va rejeter tous les recours et considérer que les éoliennes en tant que telles ne pouvaient pas favoriser une urbanisation dispersée (verdict lu en audience publique, le 12 juillet 2013, c’est là : ▶) et motivera comme il se doit toutes ses autres récusations, mais, de plus, ils seront condamnés à verser solidairement à la société Initiatives et Energies Locales (IEL) la somme de 2 000 € au titre de l’article L 761-1 du code de justice administrative.
Avec ce jugement, la satisfaction des opposants n’est sans doute pas à son comble. Gageons que cette obstruction, qui a gelé le parc éolien deux années supplémentaires, suffira amplement à leur bonheur ! Pour mémoire, la demande de permis de construire remonte au 21 mai 2007. A ce rythme, le reseau RTE (Réseau de transport d’électricité) n’est pas près de mêler l’énergie « verte » produite par ses quatre éoliennes dans ses « veines » aériennes, saturées de nucléaire.
[1] Nom donné aux cônes extérieurs des aérogénérateurs, autant dire l’axe des pales.
[2] Association de défense environnementale de Tassillé.
[3] Bien que le général de corps d’armée aérienne Gougeon, commandant la région aérienne Nord (par délégation de pouvoir du ministre) ait donné son accord au projet le 18 juin 2007.
Addendum 1. Nos anciens ne s’y étaient pas trompés qui avaient choisi d’y bâtir un moulin à vent, hélas en ruine (et pas avantagé par l’environnement) qui se laisse entrevoir non loin de là, sur la commune de Crannes-en-Champagne, sur la droite en allant au château et jardin du Mirail (cf. addendum 2).
Addendum 2. À voir dans le coin : pour les amateurs d’art topiaire, le jardin du Mirail, à Crannes-en-Champagne, ouvert de 13 heures à 19 heures, du mercredi au dimanche, entre le 1er juin et le 15 septembre.
Photos : dessin de Goutal (cet emprunt mérite bien une petite promo pour son site, c’est là : ▶).