1988-1998 Superphénix — Malville (Isère)
Superphénix faisait suite aux réacteurs nucléaires expérimentaux Phénix et Rapsodie. C’était un prototype de réacteur à neutrons rapides (RNR) refroidi par du sodium liquide (alors qu’on ne sait pas maîtriser un incendie de sodium qui s’enflamme au contact de l’air et peut exploser au contact de l’eau).
En 1994, un décret transforme Superphénix en réacteur de recherche et de démonstration, mais ce décret est annulé en 1997 par le Conseil d’État.
Fin 1998, soit vingt-et-un ans après la grande manifestation de Creys-Malville, c’est là : ? , le surgénérateur français est enfin arrêté. Les pannes, dysfonctionnements, arrêts prolongés, les milliards dépensés et sa très forte contestation imposeront l’arrêt de Superphénix à EDF. Une décision qui sera présentée comme une concession du premier ministre Lionel Jospin à ses alliés écologiques (Dominique Voynet était alors Ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement). En fait, la situation n’était plus tenable pour EDF.
Depuis son démantèlement s’éternise. Les plus optimistes l’envisagent pour 2027, mais le stockage du plutonium (quatorze tonnes) et du sodium (trente huit mille blocs de béton) restera entier.
Aussi incroyable qu’il paraisse, le CEA et Bouygues Construction collaborent malgré tout à la conception d’un nouveau prototype de réacteur nucléaire — Astrid — dit de quatrième génération, qui serait construit à Marcoule, dans le Gard, en 2020…
Le Japon s’était lui aussi entiché d’un surgénérateur, construit à Monju par Mitsubishi, entre 1985 et 1994, et mis en service en 1994. Lui aussi connaîtra moult déboires, dont un incendie, et ne fonctionnera au bout du compte que quelques mois. Le Japon envisageait de le faire « renaître de ses cendres » mais Fukushima est passé par là. Sa construction sur une faille sismique s’avérant active devrait définitivement achever sa carrière.