Samedi 5 mars 2005 — Sablé-sur-Sarthe
?Le froid ! C’est le sésame de la conservation des aliments. Ce samedi de mars 2005 nous étions tous — comme qui dirait… dans une « chambre froide » —, bien qu’en extérieur… (les photos en témoignent). Ça élimine la vermine auraient dit nos aïeux.
Justement ! ceux qui s’étaient rassemblés là, étaient venus pour dénoncer un « nouveau type de conservation » pour éliminer la vermine, une technique du XXIe siècle celle-là : l’irradiation des aliments (ionisation par électrons accélérés et rayons gamma). Et pas que, l’entreprise Ionisos devant laquelle nous manifestions [1], s’adonne à d’autres activités : stériliser (surtout du matériel médical), conserver (débactérisation et désinsectisation), assainir (matériel de laboratoire, cosmétiques, emballages, obturants…), réticuler (améliore les propriétés de certains matériaux). Etc.
La société Ionisos, basée à Sablé-sur-Sarthe, s’en est fait une spécialité et, si les entreprises de ce genre ne sont fort heureusement pas encore très nombreuses en France, il convient de les empêcher de proliférer ! Dans l’hexagone, on en dénombre trois autres du même groupe que Ionisos Sablé [à Chaumesnil près de Troyes (rayons bêta), Pauzouges, près de Nantes (rayons gamma), Dagneux près de Lyon (rayons gamma)], plus, Synergy Health près de Marseille (rayons gamma), enfin un concurrent est en cours d’installation à Marcoule. On en compte déjà 200 dans le monde ! A elle seule, l’entreprise sabolienne traite déjà 50 000 palettes par an (toutes activitées confondues).
Installée depuis 1992, c’était la première manifestation d’hostilité suscitée par cette entreprise nucléaire (il conviendrait d’ailleurs d’étudier l’entregents politique dont elle aurait pu bénéficier à l’époque). Pour nous, il s’agissait là, d’alerter et d’informer de l’existence même de cet établissement sur notre département et de cette technique de conservation. Bien sûr, il faudra aussi revenir, maintenir la pression. Mais avant tout, c’est d’abord le consommateur qui décide, ou non, de l’achat de ces types d’articles. L’informer était donc primordial (cf. presse). Là comme ailleurs, il a droit à la transparence et un bon étiquetage (obligatoire, mais indécryptable) en est un vecteur indispensable. Les associations de consommateurs doivent aussi l’éclairer et jouer un rôle déterminant dans sa conduite consumériste.
Le chemin est encore long, mais l’objectif est bien d’en tarir la demande. Viser directement le portefeuille, c’est malheureusement le seul message susceptible de faire entendre raison à ces tripatouilleurs de photons et d’électrons.
Le rassemblement terminé, les manifestants avaient encore rendez-vous pour une conférence-débat, au chaud, au Centre social MSA ! Avec deux orateurs : François Dufour (paysan dans une région particulièrement nucléarisée, le Cotentin [Manche]) ancien porte-parole de la Confédération paysanne et vice-président d’Attac et François Veillerette co-fondateur de « Génération futures » (MDRGF) et auteur du livre « Pesticides : le piège se referme » (éditions : Terre Vivante, 2002).
Sablé-sur-Sarthe n’était pas le seul lieu de rassemblement. Six autres étaient concernés (la plupart des sites industriels Ionisos) : Pouzauges (en Vendée), Dagneux (dans l’Ain), Chaumesnil (dans l’Aube), Berric (Morbihan), Marseille (Firme Gammaster), plus un débat à Orsay (dans l’Essonne). Ces manifestations répondaient à « L’Appel national pour l’interdiction de l’irradiation des aliments » que vous retrouverez utilement sur le site national du Réseau sortir du Nucléaire, c’est là : ▶ (et/ou sa revue éponyme n° 26). Un appel signé par : Réseau Sortir du nucléaire, la Confédération paysanne, Attac France, Biocoop, la Criirad, la Fédération Nature et Progrès, Public Citizen, Mouvement pour les droits et le respect des génération futures (MDRGF), Les Amis de la Terre, l’association Léo Lagrange pour la défense des consommateurs et localement par Infovie-Bio, GAB 72, et le CIVAM, Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural.
[1] Ionisos est une entreprise nucléaire de base, contrôlée par l’ASN, Autorité de sûreté nucléaire. Elle est aussi tenue d’informer la CLI, Commission locale d’information qui se réunit une fois par an. Plus d’infos, c’est là : ▶.
Crédit photos : Yves Ollivier. Coupures de presse des journaux Le maine Libre et Ouest-France.
