Rassemblement régional FuKuChiN☢N et village alternatif


Samedi 12 avril 2014 — Chinon

affiche FuKuChiNON 2014SDN 72 en était, évidemment ! Deux d’entre-nous en ont aussi été coorganisateurs et beaucoup d’autres ont participé peu ou prou au succès de ce rassemblement. Merci à tous !

Accompagnés d’une très festive batucada, 1250 personnes ont défilé contre le nucléaire le samedi 12 avril (1) sur les bords de la Vienne, à Chinon, en Indre-et-Loire, à l’occasion d’une journée baptisée « FukuChiNon » qu’il n’est pas nécessaire de décrypter ici. Un chiffre que l’on peut encore gonfler légèrement avec le turn over sur le « village des alternatives » ouvert plus longuement. Un cortège bigarré, banderoles, maquillages, accessoires, chansons, slogans et clowns au grand cœur (cf. photo) personnalisés, moquant et pourfendant tous, le nucléaire et ses protagonistes. Plusieurs prises de parole à mi-parcours, dont Didier Anger, avant de réemprunter le quai Danton et, au bout, le « village ».

FuKuChiNON 12/42014 Défilé sur pont 

FuKuChiNON 12/42014 barrage garde mobileFuKuChiNON 12/42014 programmeUn village (promenades des Docteurs Mattraits, face au Centre Descartes, en bord de Vienne) qui proposait : conférences-débats (avec, cf. photo, Didier Anger de nouveau, Yves Lenoir, l’ACRO…), expos, librairies et stands d’information et de documentation, projections de films, stands militants, ateliers pour enfants sous la grande yourte, artisans et inventeurs en énergies douces et renouvelables (barbecue solaire, éolienne atypique, « ardoises » photovoltaïques, hypocauste), restauration variée et bio plutôt que pantagruélique (plateaux végétariens, galettes et crêpes garnies) et buvette (bière, jus, vin bio et beurk-cola), espace relaxation, clowns toujours, et j’en oublie sûrement, qu’on m’en excuse. Et pour couronner le tout, la musique qui adoucit les mœurs (surtout en soirée).

Pourtant, il n’y en eut nullement besoin, contrairement à la partition extrêment sécuritaire orchestrée par la police, la préfecture, les maires (l’ancien et le nouveau) et la direction de la centrale. Les renseignements généraux, eux, s’avéreront plus modérésinforméspragmatiquesroublards. Là où les organisateurs attendaient 1500 manifestants, les « forces obscures », promptes d’habitude à minimiser le nombre des participants aux manifestations, envisageaient étonnamment jusqu’à 8000 manifestants, mais… avec des cars d’Allemands et de Suisses — un sous-entendu choisi qui doit s’entendre comme : en nombre et plus radicaux (2) —, le tout relayé par La Nouvelle République, s’abstenant du minimum journalistique : enquêter, vérifier les infos, entendre tous les protagonistes, confronter les points de vues (3). Bref ! un plaidoyer univoque. Pas d’enquête non plus sur la plainte de SDN 37 et du Réseau, ni sur le Magasin interrégional de combustible radioactif neuf (cf. plus loin) révélés en milieu de semaine. Doit-on soupçonner de probables intérêts économiques d’un annonceur majeur ? En tout cas, un modèle du genre en « fabrique du consentement » (4).

FuKuChiNON 1 

FuKuChiNON 4 -12 avril 2014Résultat, une  invraisemblable démesure en matière de « maintien de l’ordre » ! Plus de 700 (sept cents) RoboCop pour « sécuriser » la cité de Rabelais (5) (selon la chaîne TV Tours, 400 gendarmes et 500 CRS, soit 900). Sept cents pour 8000 habitants ! Sept cents pour 1250 pacifiques manifestants ! Un ratio de l’ordre de 3 cerbères pour 5 manifestants ! Soit plusieurs unités de CRS armés et kevlarisés jusqu’aux dents, des gendarmes postés partout, même sur la passerelle d’entrée du château, les renseignements généraux, des « incognitos » du f(l)ichage, en civil, fondus dans la foule ou dans les appartements (nous aussi on a les photos !), des agents de la police municipale, trois pompiers plongeurs en embarcation rigide sur la Vienne plus une vedette de la gendarmerie nationale avec six hommes à bord en aval, un hélicoptère et, cerise sur le gâteau, des blindés dans la centrale…

FuKuChiNON 12/42014 barrage garde mobileLa ville coupée en deux ! Magasins fermés ! Toutes les places et rues adjacentes au parcours barricadées par des engins à l’avant grillagé en trois volets et leurs flopées de Ninjas, les lances à eau amorcées, tout ce qui converge vers la ville — cars (Rouen, Angers, Nantes, Le Mans…), voitures et vélos venus de Tours — inspecté parfois à plusieurs reprises, identités relevées, des banderoles confisquées, le cortège et les participants abondamment photographiés et filmés, enfin, les courriels des organisateurs systématiquement décortiqués.FuKuChiNON 12/42014 barrage garde mobile 2 Avide d’incidents ou prête à en succiter, la BAC (brigade anti-criminelle) patrouillera jusqu’à pas d’heure sur « notre » village. Et tout ça pour contrer une « bande de soixante-huitards en déambulateur » selon les propos fort déplacés du tout nouveau maire (moyenne d’âge de sa liste : 52,4 ans). Bref, un déploiement martial digne d’un G20, sans l’excuse Black bloc ! Une démesure soldatesque qui, en matière de recherche du renseignement, n’a rien à envier à l’ ASN de nos voisins d’Amérique (6) ! Certains ont estimé le coût de cette orchestration paranoïaque à 3 millions d’euros ! 

FuKuChiNON 12/42014 Défilé sur pontEn voisins d’abord et en coorganisateurs de l’évènement, nous avions évidemment requis un autocar au départ du Mans via La Flèche qui ne fera, hélas, pas le plein, malgré une réelle agitation autour de l’évènement, notamment sur Le Mans et La Flèche (c’est là : ). Les participations sarthoises recensées en mode voiture auraient pourtant largement permis de le remplir. Les spectacles du soir ont heureusement leur public et la géographie permettait aussi des distances et temps de déplacement plus courts. Une soixantaine de Sarthois ont fait le déplacement et nous savons combien la manifestation parisienne nous a privés de participantEs.

Avec son demi-siècle d’ancienneté, le site de Chinon (trois tranches en démantèlement, quatre en fonctionnement mais âgés de trente ans, donc en bout de course) a bien évidemment été le théâtre de diverses manifestations. L’avant-dernière, c’est là : , mais FuKuChiNON aura été la première manifestation d’envergure de son histoire. C’est aussi le plus proche complexe nucléaire d’où qu’on soit sur le département de la Sarthe (en dehors de l’entreprise Ionisos de Sablé, c’est là :  (en attente de saisie) et notre manifestation ici : .

Cette manifestation entendait aussi dénoncer les risques liés au nucléaire en général et au vieillissement des centrales de la vallée de la Loire et de Chinon en particulier. SDN Touraine et le réseau national RSN avait aussi révélé un cumul d’infractions dans ladite centrale trois jours avant le D-day et porter plainte devant le TGI de Tours. C’est là : . Coup double avec une seconde révélation concernant cette même centrale, devenue plaque tournante de transports radioactifs (7). Si vous avez juste un peu plus de temps, c’est là : .

Affaires à suivre. Vous pouvez aussi retrouver tout ça sur le site national :  .FuKuChiNON 12/42014 barrage expo

Cette journée était  essentiellement proposée par le groupe Sortir du Nucléaire Touraine, soutenu par plusieurs groupes antinucléaires du bassin de la Loire et même plus, dont Sortir du Nucléaire 72. Localement, les coopératives bio Le Fenouil de Sargé-lès-le-Mans et la Biocoop Al Terre Native de la Flèche ont aussi contribué au financement de ce rassemblement.

Le blog de la manifestation FuKuChiNON  : .

Quelques vidéos : Grand rassemblement antinucléaire à Chinon (par FR 3 Centre) : . Déclarations à l’issue de la marche : . Conférence, éternelle catastrophe : .


(1) Très vaguement envisagé à l’été 2013 au rassemblement des 3 et 4 août de NDDL — sans les locaux et… principaux intéressés —, ce qui deviendra FuKuChiNon allait petit à petit s’intégrer dans les « Cinquante jours d’actions antinucléaires » sur toute la France du Réseau SDN. Soit pas moins de 130 actions inscrites à l’agenda, du 8 mars au 26 avril, entre les dates marquant le début des catastrophes de Fukushima (2011) et Tchernobyl (1986). Un premier rassemblement international de 7000 participants sur les ponts du Rhin (de l’Europe, Pflimlin, du Rhin, etc.), à proximité de Fesseinheim, a marqué le départ de cette campagne le 9 mars 2014, suivi de deux autres temps forts à Chinon et Valence. Le détail de ces cinquante jours, c’est là :  http://www.sortirdunucleaire.org/50jours

(2) Le personnel hospitalisé a été mobilisé pour répondre à un évènement de cette jauge.

(3) Chinon abriterait un magasin interrégional (MIR) de combustible venant de Suède et d’Allemagne servant de relais entre les usines de production de combustible nucléaire et certaines centrales françaises, notamment de la vallée de la Loire.

(4) La fabrique du consentement, de Noam Chomsky et Edward Herman, aux Editions Agones.

(5) Chinon ne manque pas de communiquer sur l’enfant du pays, Rabelais, qui, nous dit Wikipédia, « a mis tout son talent au service du rire et de l’ouverture d’esprit ». Un de ses personnages, Pantagruel, est le héros d’une « farce éclairée qui oppose le Moyen Âge obscurantiste et l’extension des savoirs de la Renaissance ». De toute évidence, sa (re)lecture s’impose pour la magistrature locale…

(6) Un mois après FuKuChiNon, le niveau d’analyse du renseignement intérieur pour mieux anticiper les menaces est relevé. La DCRI, Direction centrale du renseignement intérieur, devient DGSI, Direction générale de la sécurité intérieure. Exit aussi la Sous-direction de l’information générale (SDIG) qui devient le Service central du renseignement territorial (SCRT) ayant pour missions la surveillance des mouvements sociaux, les dérives sectaires, les violences urbaines et les mouvements ultras, de droite comme de gauche…

(7) Grâce à un travail d’enquête, le réseau Sortir du Nucléaire a pu se procurer des documents qui attestent d’un important trafic de matières nucléaires depuis la Suède et l’Allemagne vers plusieurs centrales de la vallée de la Loire, et en particulier Chinon.


Crédits photos : Claude Déron, Philippe Roussel, Jean-Luc Blondeau. Coeur et clown entre trois motards : Nicolas Maillot, .