Procès d’Annick Philippe pour refus de prélèvement biologique ADN


 Lundi 14 avril 2014 — Le Mans

proces-annick-adn 14 avril 2014Enième procès d’Annick Philippe, au Mans cette fois, et ce n’est pas fini (1). Placée en garde à vue à Laval plusieurs mois apès une manifestation sous la ligne THT Cotentin-Maine (dite de déboulonnage, c’est là : ?), elle avait refusé de se prèter à un prélèvement biologique, c’est-à-dire son empreinte ADN, un fichier instauré à l’origine pour lutter contre la criminalité sexuelle. Un nouveau procès d’autant plus paradoxal qu’elle avait été relaxée du jugement concernant cette manifestation pour absence de charge (procès le 11 juillet 2013 ? et verdict le 26 septembre 2013 ?). Ignominie suprême, son ADN avait finalement été prélevé à son insu — et pas du tout de son plein gré — à partir d’une empreinte laissée sur un gobelet de thé malicieusement proposé par un gendarme.

aff A Philippe refus adn 2O14Texte alambiqué de sa citation à comparaître : « d’avoir, à Andouillé (Mayenne), refusé de se soumettre au prélèvement biologique destiné à l’identification de son empreinte génétique par une personne soupçonnée d’infraction entraînant l’inscription au FNAEG ». Ce refus de prise d’ADN avait, en fait, été exprimé lors de sa garde à vue à Laval, plusieurs mois apès sa participation à la manifestation d’Andouillé, à la suite d’une enquète qui s’avèrera vide malgré quarante mille photos prises sur le terrain…
Six autres organisations sarthoises s’étaient jointes à l’appel de SDN 72 au rassemblement devant le tribunal du Mans : SDN, LDH, FSU, PG, Ensemble, NPA (cf. appel ci-dessous). Dès 13 heures, une quarantaine de sympatisants, dont des anti-THT mayennais qui avaient fait le voyage (chargés de victuailles alimentaires et cérébrales) vont s’y relayer quelques heures durant.
Convoquée à 13 h 30, l’affaire d’Annick commencera autour de 14 h 50 et sera vite expédiée, le président du tribunal laissant entendre qu’il n’y a aucune matière à poursuite et le procureur réclamant la relaxe… que nous souhaitions tous. Pris au dépourvu, son avocat, qui avait prévu de plaider la nullité de la procédure et la relaxe au fond, réorientera son propos contre le fichage en général et celui des militantEs antinucléaires en particulier. A l’issue d’autres procès et d’une longue attente, le délibéré sera rendu vers 19 h 30, confirmant la relaxe.
A la suite de cette action à Andouillé pour leur refus de prise d’ADN, aff-53 adn-annick philippe 14 avril 2014six personnes ont déjà été poursuivies. Annick est la septième relaxée !
Lancée tardivement, la pétition sur le site internet change.org (à l’adresse incopiable, environ 163 signes) rassemblera pas moins de 768 signataires à l’heure du procès, et il en arrive toujours depuis. Mais un appel étant toujours possible, elles pourraient resservir (le plafond des mille signatures sera atteint à la mi-mai).
Nous remercions, bien sûr, tous ceux et celles qui ont soutenu d’une manière ou d’une autre Annick Philippe et nous les invitons à maintenir la pression pour que cette loi soit abrogée.
Toutes ces procédures ont aussi un coût (surtout en cassation !), avocats spécifiques, frais de justice, etc. L’Association Pour la solidarité et l’aide juridique les prend en charge mais ne vit que de dons… A votre bon cœur… Chèques à l’ordre de l’APSAJ, 6 cours des Alliés, 35000 Rennes.

Le mardi 5 novembre 2013, à 11 heures, une manifestation cégétiste en lieu et place de ce procès avait déjà rassemblé environ soixante-dix militants en soutien à cinq syndicalistes de l’organisation jugés le même jour à Roanne pour avoir refusé (en mai 2013) de se soumettre eux aussi à un prélèvement d’ADN. Un refus exprimé suite à une « dégradation en réunion » (2). Il s’agissait de tags sur un mur, dont la fameuse invective empruntée à Sarkozy au Salon de l’agriculture « Casse-toi pov’ con ! », lors d’une manifestation contre la réforme des retraites en 2010, dont ils ont été reconnus coupables mais dispensés de peine.

On le voit, la criminalisation des mouvements sociaux perdure,manif-devant-senat-adn-paris quelle que soit la majorité présidentielle en place. On se souvient aussi que députés et sénateurs avaient censuré la loi d’amnistie des délits sociaux. Un rassemblement pour la loi d’amnistie sociale s’était d’ailleurs tenu devant le Sénat, le 27 février 2013, aux côtés de nombreux militants syndicaux et associatifs poursuivis pour leurs luttes. Il est plus que temps que la représentation « revienne » sur ce qui est devenu une entreprise de « f(l)ichage » systématique des citoyens et un engorgement inutile et problématique des tribunaux.


(1) Annick en est à sa quatrième relaxe ! Pourtant, l’acharnement judiciaire se poursuit à son encontre puisque le jugement de la cour d’appel de Caen la relaxant est renvoyé en cassation à la demande du Parquet.

(2) Autre ignoble loi n° 2010-201 du 2 mars 2010, votée sous Sarkozy : « Le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. » Depuis, de l’eau à coulé sous les urnes, aucun solliciteur de voix, élu, n’a cru bon de revenir sur ce texte, idem pour la prise d’ADN. Par contre, il autrement plus d’actualité d’agraver les sanctions pour qui s’introduit, même pacifiquement, à l’image de Greenpeace, à l’intérieur des périmètres nucléaires…


Photos : SDN 72 et N. Messyasz, empruntée au blog de J-L Mélenchon. Affiches : SDN 72 et Stop THT 53. Bande annonce du procès d’Annick et son interview sur radio (merci de renseigner) ? Coupure de presse du journal Ouest-France du mardi 15 avril 2016.

 

 

O-France mardi 15 avril 2014