Dimanche 21 septembre 2014 — Allonnes
La fête des associations à Allonnes a aussi son thème. Cette année : les liens humain, social, géographique et générationnel. Des liens célébrés par soixante-cinq associations d’éducation populaire, sportives, caritatives, sociales, culturelles, de loisirs, artistiques et gastronomiques, chacune avec des propositions musicales et culinaires cosmopolites. Bien au-delà des étroites frontières cérébrales des trop nombreux électeurs frontistes aux dernières municipales d’Allonnes. Coïncidence, ladite ville avait aussi choisi ce jour pour rebaptiser son parvis de mairie en esplanade Nelson-Mandela…
Une seule association foncièrement antinucléaire — civil et militaire — cette année : nous, SDN 72 ! Eh oui ! L’Aven, Association des vétérans victimes des essais nucléaires, n’était pas là. Mais l’Arac, Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre (1), exclusivement positionnée sur le désarmement nucléaire avec qui elle partage d’habitude le stand, y était. Et, pour elle — et nous tous —, ce 21 septembre était aussi la « Journée internationale pour la paix ».
Il faut se rendre à l’évidence, pour le chaland, l’apophtegme de la banderole identifiant notre stand, Tchernobyl, Fukushima, plus jamais ça !, et ses effets de traîne sont déjà passés d’actualité. Aujourd’hui plus qu’hier, et sans doute ici plus qu’ailleurs, l’actualité est celle des difficultés du quotidien, des traites à payer, de l’électricité et du chauffage qui augmente. Deux thèmes que nous avons plus particulièrement développés, sept heures durant environ, en soulignant l’invraisemblable équipement en chauffage électrique de notre pays, le tiers des logements, 8,3 millions de foyers français. Un mode de chauffage (interdit chez certains de nos voisins) impliquant un surdimensionnement du parc nucléaire français (2) et, néanmoins, l’importation d’électricité issue de centrales à flamme employant des ressources fossiles à forte émanation de CO2 lors des pics de grands froids hivernaux. Un choix économique avantageux à l’installation pour les propriétaires, et, jusqu’à maintenant, une facture allégée de 8 % pour ces consommateurs par rapport à ce qu’ils devraient réellement payer (3). Mais, avec l’application de la loi Nome qui ajuste les prix aux usages, la facture va devenir une vraie « douloureuse » pour ces usagers (4). Aujourd’hui, la différence est mutualisée par l’ensemble des consommateurs, jusqu’à 2 % de la facture (??? euros de plus par kW/h) nous dit l’association de consommateurs Que choisir. C’est ici : ? ou encore là : ?.
Ce discours et bien d’autres, nous n’aurons pas l’occasion de le tenir avec le ministre de l’agriculture et des forêts, Stéphane Le Foll. Extirpé d’une longue pose médiatico-photographique au barnum-musée de la chope bavaroise, juste à côté de notre stand, il nous toisera d’un dédaigneux revers de tête, ponctué d’un : « Ah ! la transition énergétique ! » avant de tourner les talons.
Sylvie Tolmont, députée de la circonscription, nous accordera plus de temps. A son corps défendant ! Vite acrimonieuse, elle reste arc-boutée sur la promesse du Président de fermer Fessenheim et sur la prochaine loi de transition énergétique qu’elle reconnaît humblement méconnaître (comme à Malicorne) « ne pouvant être spécialiste de tout ». Les quelques insuffisances et incohérences de cette future loi que nous parviendrons à lui glisser ne suffiront assurément pas à « l’éclairer » d’ici à ce qu’elle se prononce sur le texte (dans les trois semaines à venir).
Pas une association (ou alors d’intermittents du spectacle), la Cie Banane-Cerise d’Angers, installée rue Bizet, invitait aussi les plus jeunes dans un lieu de perdition, son « Bar à mômes ». Un étrange bistrot où on ne sert que de l’eau… sèche, non conductible, réhydratable dans un très mystérieux « frigo-ondes nucléaires » ! Une sorte d’athanor où il se passe des choses mystérieuses. Accessoirement, les encombrants parents peuvent aussi être remisés dans un « congélo-ondes nucléaires ». Les résultats de cette alchimie sont explosifs, surprenants, peu ragoûtants, et, au bout du bout, fumeux dans tous les sens du terme (cf. photo). Au passage, les autorités locales, préfète, etc., en prennent gentiment pour leur grade. Ici, on leur prête même d’être parfois « arrosés » par le lobby nucléaire. Histoire de mieux comprendre la parabole, les minots sont gentiment arrosés d’une eau bien liquide cette fois. Rafraîchissant ! Tout au long du spectacle, la marmaille était joyeusement complice et participative ! Quant à savoir si elle perçoit le message subliminal (et pas que) antinucléaire, nous verrons. En tout cas, elle n’est pas encore d’âge d’adhérer massivement à SDN 72 ! D’ici là, informons, agissons pour que l’insouciante jeunesse n’échoue d’aventure chez nos voisins d’en face : Les amis des 4 x 4 72…
(1) Qui deviendra, fin octobre, l’Association républicaine des anciens combattants, des victimes de guerre et des combattants pour l’amitié, la mémoire, l’antifascisme et la paix.
(2) La puissance du parc électrique est de 123 GW alors que la consommation moyenne d’électricité sans chauffage est autour de 60 GW.
(3) Ils paieraient 12 % de plus le kilowattheure que les autres à coût constant et jusqu’à 80 % si on intègre les coûts de renouvellement du parc de production (cf. Que choisir).
(4) La précarité énergétique (chauffage-éclairage) touche actuellement un Français sur cinq selon l’Observatoire national de la précarité énergétique. Avec le cynisme qu’on lui connaît, EDF communique donc sur le sujet dont elle est pourtant en partie responsable. Son slogan actuel : « Le progrès, c’est de n’oublier personne ».
Crédits photos : SDN 72. Notre stand vu de l’extérieur, puis de l’intérieur, débat avec la députée S. Tolmont, enfin, la Cie Banane-Cerise.