Samedi 11 octobre 2014 — Paris
Nouveau rassemblement place de la République, celle flanquée d’une Marianne en son centre et ses trois allégories : Liberté, Égalité et Fraternité, des frères Morice. A Paris, donc, le samedi 11 octobre, en amont du Salon World nuclear exhibition (WNE) (1), qui se tiendra du 14 au 16 octobre au Bourget. La « cérémonie » était organisée par les collectifs locaux Sortir du nucléaire Paris, le CIREN 77 (Collectif citoyen d’Information sur la radioactivité et le nucléaire), le Réseau Sortir du nucléaire, ATTAC France et les Amis de la Terre.
Nous étions une petite dizaine de la Sarthe. La mobilisation locale était à l’avenant mais il ne s’agissait que d’une mobilisation locale et pas la seule, loin de là, sur le territoire (cf. plus loin). Cette fois, la génération dite « Y » y était elle aussi, belle et bien présente et sans signe d’assujetissement prononcé !
Auparavant, ces organisations avaient tenu une conférence de presse. Martial Château (SDN 72) et administrateur y représentait le Réseau. Seule, la radio des contribuables, France Inter, s’y est intéressée !
Entamée par un happening mettant effrontément en scène le lobby nucléaire, qui s’éclipse discrètement suite à un accident nucléaire à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (symbolisé par un die-in recouvert d’un immense linceul jaune frappé du slogan « Le nucléaire tue l’avenir », cf. photo), le cortège effectuera ensuite une boucle dans Paris avant de rejoindre deux autres cortèges de manifestants contre le TAFTA et le gaz de schiste.
Manif(s) 3 en 1 (2)
Cette manifestation a aussi incarné la convergence des luttes. Soit trois défilés : le nôtre, contre le World Nuclear Exhibition ; le deuxième contre le gaz de schiste et la fracturation hydraulique, parti de l’esplanade de la Rotonde, place Stalingrad ; le troisième contre les projets de « libre échange » transatlantique (TTIP, CETA et TiSA dits TAFTA en anglais, en cours de négociations) parti lui aussi de la place Stalingrad. Ces deux dernières manifestations étaient dupliquées dans plusieurs villes françaises et pays européens (Narbonne, Auch, Lille… contre le gaz de schiste ; Hambourg, Berlin, Madrid, Ljubljana, Helsinki, Londres, Vienne… contre l’accord TAFTA). Sur Le Mans, seul le collectif anti-TAFTA avait organisé une information par tractage. Au total, entre 3 000 et 4 000 personnes ont participé à ces rassemblements parisiens, selon les organisateurs, 1 300 selon la police.
« La foire aux mauvaises affaires » et « du polonium dans les petits fours »
Le mardi, premier jour d’ouverture du WNE, une dizaine de militants de Greenpeace ont aussi déployé une large banderole à l’entrée du Salon annonçant « La foire aux mauvaises affaires » pleine de sous-entendus. A sa clôture, le 17 octobre, chez certains distibuteurs (Maisons de la Presse et tabacs), des manchettes détournées des Unes du journal Ouest-France ont pu afficher (bien malgré lui) « Salon du nucléaire : du polonium dans les petits fours ».
Ce même mois d’octobre, deux autres événements de la filière nucléaire (légèrement perturbés eux aussi) se sont tenus à Grenoble : les Salons « Nukléa » et « Ultrapropre ».
Cet été 2013, Areva avait déjà ouvert un « parc d’attractions » dédié au nucléaire… Un atomeland ? Non ! un « musée interactif de la mine » baptisé « Urêka », situé dans le Limousin, à Bessines, sur une ancienne mine d’uranium de la Cogema et à proximité d’un site de stockage de déchets très faiblements radioactifs.
Le nucléaire est donc en pleine com’ ! Mais ses opposants n’oublieront sûrement pas ces nouveaux lieux de business et « d’intoxication » du public.
(1) Le WNE, what is it ? Après le Salon de l’aéronautique, le pays aura dorénavant tous les deux ans son Salon de l’atome, le World nuclear exhibition (WNE), comme à Moscou (AtomExpo), à Pékin (Nuclear Industry), etc. Cette année, il se tiendra donc du 14 au 16 octobre au Bourget. Il avait été annoncé à Bercy, le 12 novembre 2013, par Arnaud Montebourg, à l’époque m(S)inistre pro-nucléaire du Redressement productif, et Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, à l’occasion de la création « d’une filière d’excellence à l’export ». On savait le premier chaud partisan du nucléaire, la seconde passait pour être plus tiède, une des raisons qui lui avait valu d’être très vite remerciée du ministère de l’écologie. Son alignement avait pour le moins été rapide. Les organisateurs du Salon tablent sur 400 exposants et 6 000 visiteurs ! En plein débat sur la loi de transition énergétique censée geler en l’état la production nucléaire à 63 gW, l’industrie nucléaire française tentera à cette occasion d’exporter son modèle industriel, son soi-disant savoir-faire mis à mal aussi bien en Finlande et à Flamanville que pour le traitement des déchets et le démantèlement des réacteurs, alors que cette option énergétique est mondialement boudée, dont la vulnérabilité, la dangerosité et les risques de prolifération à usage militaire ne devraient plus être à démontrer mais à stopper sans délai.
(2) Sur cette même place de la République, en léger différé, des ressortissants kurdes et sympathisants ont manifesté leur soutien à leur territoire en guerre.
Crédits photos : SDN 72 et Réseau SDN (conférence de presse). Tract Réseau SDN.