Les langues se délieraient-elles sur l’irradiation ?


23 avril 2015 — télévision francophone

Reconnaissons-le humblement, nous ne connaissions pas ce site : France net infos (c’est là : ), dont nous reproduisons l’article ci-dessous. Et l’honnêteté m’oblige à dire qu’en dépit de mon exploration (trop brève, sans doute), cela reste vrai. Toujours est-il qu’un de ses chroniqueurs, Guillaume Joubert, a souhaité y traiter de l’irradiation des aliments, dont la Sarthe héberge une des huit entreprises dédiées à cette activité en France, à Sablé-sur-Sarthe. Par le biais du Réseau Sortir du nucléaire, ce journaliste à interviewé l’un des nôtres, Martial Château, qui siège à la CLI Ionisos (1). Peu de temps auparavant, la chaîne France 5 avait consacré cinquante minutes, le dimanche 15 mars 2015, à ce traitement particulier de certains ingrédients de notre alimentation.

L’irradiation des aliments pour le profit, mais pas pour notre santé

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irradiateurColuche disait : « On ne peut pas dire la vérité à la télé, il y a trop de monde qui regarde. » Avez-vous entendu parler de l’irradiation des aliments à la télévision ? J’en doute… Comme beaucoup de sujets, ce n’est malheureusement pas en écoutant ou en regardant l’information qui nous est donnée que nous pouvons nous informer, surtout lorsqu’elle n’est qu’évocation de faits. Même si on évoque aujourd’hui des avancées sur la traçabilité, tout en défendant les produits locaux, la malbouffe est toujours bien présente et son évolution montre malheureusement un certain désintérêt pour notre santé lorsque son intérêt à elle est purement financier. Vous l’aurez compris, à côté des pesticides et des OGM, il y a les aliments irradiés et c’est de ce côté que j’ai voulu en savoir plus, ceci grâce à la collaboration de Martial Chateau, membre du CA du Réseau Sortir du nucléaire et membre de la Commission locale d’information pour l’irradiateur Ionisos de Sablé-sur-Sarthe.

Martial Chateau m’a donné un bon nombre d’informations et de sources pour me pencher sur ce dossier délicat. Il m’a notamment invité à me rendre sur le site de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD). On y apprend que « l’irradiation des aliments est une technologie en plein développement au niveau mondial, encouragée par les institutions internationales et certains Etats malgré les conséquences sanitaires, environnementales et socio-économiques non négligeables ». Un livre publié par le Collectif français contre l’irradiation des aliments fait état des risques pour la santé qu’elle induit tout en revenant sur les conséquences socioéconomiques et environnementales. On y apprend que l’irradiation des aliments amène perte de vitamines, risques de perturbations génétiques et apparition de tumeurs cancéreuses. De quoi prendre ce fléau au sérieux.

Aujourd’hui l’ionisation des aliments — remarquez comme cela fait moins peur qu’irradiation — est passée dans les mœurs, et les grands pays producteurs de denrées alimentaires ne voient pas d’autres moyens que l’irradiation des aliments pour commercer sans risque sanitaire avec les autres pays du monde. Pourtant, comme l’indique un article de Michel Dogna, ancien ingénieur chimiste, diffusé sur le site Alternative Santé, « le risque sanitaire existe bel et bien et quelques expériences inquiétantes indiquent qu’il faudrait être plus scrupuleux ». Alors oui, on laisse faire, et nous avalons des fruits et légumes sans vitamines mais aussi des nouvelles molécules qui se créent ici où là et dont nous ne savons pas grand chose, comme nous l’explique le même Michel Dogna.

L’alimentation devrait être un sujet majeur pour notre santé. Quels médecins incitent ses patients à bien manger quand il faut vendre du médicament ? La France autorise l’irradiation de nombreux aliments : oignons, ail, échalotes, légumes et fruits secs, flocons et germes de céréales pour produits laitiers, farine de riz, gomme arabique, volaille, cuisses de grenouilles congelées, sang séché et plasma, crevettes, ovalbumine, caséine et caséinates (additifs alimentaires).

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AbricotsAvant  de retrouver Martial Chateau, voyez cette photo ci-contre. On y distingue bien les abricots séchés ordinaires irradiés à gauche et les abricots séchés bio, non irradiés. La différence est flagrante. La bouffe est comme le showbiz, le physique passe avant la qualité artistique. Il faut savoir que le consommateur n’a aucun moyen pour identifier par lui-même les aliments qui sont irradiés. En France et en Europe, toute denrée irradiée doit porter la mention « traité par rayonnements ionisants » ou « traité par ionisation ». Il y a malheureusement un manque de transparence des entreprises et distributeurs. On peut aussi trouver sur certains produits importés d’Afrique le symbole RADURA. Sans compter que, comme l’a rapporté Roland Desbordes, président de la CRIIRAD, certains jus de fruits vendus à la terrasse des cafés portent la mention « Pasteurisation à froid ». Or, cette appellation autorisée aux Etats-Unis désignant le traitement par « rayonnements ionisants » est illégale en France. Même les autorités semblent dépassées puisque, malgré les appels de la CRIIRAD, rien n’a bougé à ce sujet.

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ionisationC’est tout de même grâce à l’enquête réalisée par la CRIIRAD en 1994 pour la Commission européenne que le logo ci-contre a été inventé pour indiquer l’irradiation des aliments. Une fleur dans un cercle pourrait être le signe d’un environnement protégé ou d’un produit sain, or, il n’en est rien. De quoi accentuer la confusion…

Il est temps de retrouver Martial Chateau pour approfondir notre connaissance des aliments irradiés.

Pouvez-vous nous présenter, dans un premier temps, comment est né votre association et quelle est son activité ? Après l’arrêt de Super Phénix en 1997, l’association « Les Européens contre Super Phénix » se transforme en « Réseau Sortir du nucléaire ». Quelques dizaines d’associations locales rejoignent le Réseau. Aujourd’hui le Réseau regroupe près de 300 associations adhérentes (payant leur cotisation) et plus de 900 groupes locaux signataires de la charte (disponible sur le site du Réseau Sortir du nucléaire pour expliquer l’activité du Réseau).

L’irradiation est utilisée pour retarder le mûrissement des fruits, pour empêcher les légumes de germer, pour tuer les bactéries responsables du pourrissement. Connaissons-nous l’origine de cette pratique et savons-nous depuis quand l’irradiation des aliments est utilisée ? Imaginée dès 1948, elle est alors expérimentée au laboratoire avec les rayons X, mais n’est appliquée à grande échelle qu’avec le développement des sources de cobalt 60 à la fin des années 50. C’est à partir du moment où l’OMS, en 1980, reconnaît (à tort ?) l’absence de risques toxiques que cette technologie se développe par le monde.

J’ai fait l’expérience d’en parler autour de moi. J’ai demandé à des personnes si elles connaissaient cette pratique. Ce que j’ai entendu, c’est  : « Ne me dis pas, j’veux pas savoir », ou « pfff » avec des sourires, comme s’il fallait plutôt en rire pour occulter la vérité… C’est souvent le cas de sujets qui dérangent alors qu’il n’y a rien d’humoristique. Comment expliquez-vous cela ? La technologie nucléaire s’est développée à partir du militaire avec « la bombe » construite dans le plus grand secret et le virage civil s’est développé avec la même obsession du secret. Le nucléaire, avec raison, fait peur, et toute installation inquiétant les populations environnantes, les décideurs ont fait (font ?) le choix de l’opacité et du secret. En ce qui concerne les irradiateurs, on évite tout mot qui fait penser à la radioactivité, on utilise « stérilisation à froid », « ionisation » mais rarement irradiation.

Actuellement, huit pays de l’Union européenne autorisent l’irradiation : la Belgique, la France, la Hollande, l’Italie, le Royaume-Uni, la Tchéquie, la Hongrie et l’Italie alors que d’autres pays n’importent pas d’aliments irradiés. Pourquoi n’y a-t-il pas d’uniformisation européenne en matière d’irradiation des aliments ? Je doute fort de votre affirmation, beaucoup de produits irradiés ne sont pas répertoriés (pas d’indications sur les emballages) et circulent à travers le monde. La réglementation (ou plutôt son absence) est tellement floue ou est peu appliquée que le pire est possible (un gros travail d’enquête reste à faire dans ce domaine).

Si on entend beaucoup parler des pesticides, on entend très peu, voire pas du tout, parler des aliments irradiés, y compris chez les écologistes. Pourquoi ? Même si ce n’est pas tout à fait vrai (articles transmis précédemment), les raisons viennent sans doute du fait que les volumes d’aliments irradiés sont faibles en France, que les associations de consommateurs n’en ont que peu parlé et que les industriels du secteur savent communiquer pour valoriser leur activité (irradiation de matériel médical).

La conservation par irradiation a été approuvée par des experts internationaux tels que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation des Nations unies. Elle a du mal à être acceptée en Europe, soi-disant par manque d’information sur les implications de cette technologie. Pourquoi ce manque d’information ? Pensez-vous que cela est voulu pour nourrir la confusion ? L’OMS, par l’accord de 1959, est sous l’emprise de l’AIEA (voir le site d’Independent WHO) et son approbation de la technique de conservation par irradiation est fortement contestée et contestable. Il va de soi qu’une véritable information des citoyens condamnerait cette technologie !

Dans le même temps, certains apportent l’idée que la irradiation des aliments apportent des bienfaits dans le domaine de la sécurité alimentaire puisqu’elle élimine les bactéries nocives et autres micro-organismes qui peuvent être la cause d’intoxications alimentaires (salmonellose, infections). Sur le site de l’EUFIC, on peut lire un article qui explique qu’« au cours de l’irradiation, les aliments ne sont pas chauffés, comme c’est le cas pour les micro-ondes, et aucune radiation ne subsiste dans les aliments. En d’autres termes, l’irradiation ne rend pas les aliments radioactifs », contrairement aux aliments contaminés par une radioactivité. Qu’avez-vous à dire à cela ? Dangereux ou pas pour notre santé ? Si oui pourquoi ? Faux, l’irradiation apporte de l’énergie aux aliments et de ce fait, ils s’échauffent, en particulier, on a arrêté le traitement d’aliments congelés car il y avait décongélation partielle. Vrai, l’irradiation ne rend pas les aliments radioactifs, heureusement ! Et les aliments contaminés par des corps radioactifs (après Tchernobyl, Fukushima) sont interdits de consommation. L’irradiation détruit des bactéries et autres micro-organismes vivants mais n’élimine pas les toxines préalablement produites. L’irradiation produit des radicaux libres qui peuvent avoir une action cancérogène.

On sait que l’irradiation élimine une grande partie des vitamines et des nutriments présents dans les aliments. Le fait que les fruits et les légumes sont de moins en moins porteurs de vitamines n’explique-t-il pas la progression des cancers ? Sans doute, mais il ne faut pas oublier tous les pesticides et autres polluants.

A ce jour, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) n’a pas retenu comme concluant les résultats des études tendant à démontrer le caractère mutagène ou cancérogène de l’irradiation des aliments pour déterminer sa position sur la question. Est ce que l’Autorité européenne, comme beaucoup, s’écrase au profit de lobbies ? C’est fort probable, je vous conseille pour approfondir la question le dernier livre d’Annie Thébaut-Mony « La science asservie ».

De nouvelles études sont-elles en cours ? Comment pouvez-vous agir sur ce problème ? Je n’en sais rien mais pour avancer dans le domaine, cela ne sera possible qu’en lien avec les associations de consommateurs.

Aujourd’hui, manger fait presque peur alors que ça devrait être un plaisir ! On ressent même une  certaine résiliation quand on évoque la malbouffe. Le discours est le même que les fumeurs : « Faut bien mourir de quelque chose ». Comment lutter, comment trouver la motivation lorsqu’il y a un certain désintérêt de la population ? Le développement actuel du bio, le désir de traçabilité sur l’origine des aliments et la préférence pour les circuits cours de distribution prouvent plutôt l’actualité de la lutte pour des aliments de qualité ! 

Ce qu’on aimerait savoir, c’est que pouvons-nous manger sans nous poser de questions ? Sans se dire qu’est-ce que je risque ? Eh oui, l’idéal serait une réglementation efficace qui donnerait confiance aux consommateurs !

Pour finir, ce phénomène qui élimine les vitamines et autres nutriments ne fait-il pas le jeu des marchands de compléments alimentaires ? Sans doute, mais ce n’est pas la motivation première, l’irradiation permet surtout, en prolongeant la durée de vie des aliments, de les transporter à bas coût sur de grandes distances, et ainsi de permettre à des multinationales de réaliser de substantiels profits en jouant sur les différences de coût de production d’un bout à l’autre de la planète, et ce, sans se préoccuper des conséquences environnementales !

Je vous remercie. On pourrait encore dire beaucoup de choses, mais je pense avoir aborder une bonne partie du problème.  Un dernier mot, peut-être ? Les sources de Co60 sont particulièrement dangereuses (temps létal inférieur à la minute), production d’H2, d’ozone…


Sur la toile, l’article est là : . Ou là : http://www.francenetinfos.com/lirradiation-des-aliments-pour-le-profit-mais-pas-pour-notre-sante-105316/


 (1) Martial Château est administrateur du Réseau SDN, coprésident du groupe SDN 72, également membre représentant de SNE Sarthe Nature Environnement à la CLI, Commission locale d’information de IONISOS.


Photos : article et photos copiés du site, www.francenetinfos.com/