« La Loire à Zéro… Nucléaire », cheminements à vélo, à pied, en bateau… de Saint-Laurent-Nouan à Blois


De Saint-Laurent-Nouan à Blois – Le 8 avril 2017

Après les rassemblements de FuKuChiNN (le 12 avril 2014), et de Flamanville (les 1er et 2 octobre 2016), ce samedi 8 avril 2017, SdN 72 était partenaire — investi — de ce nouvel événement anti-nucléaire voulu et créé par le tout nouveau collectif Sortir du nucléaire Loire & Vienne [1]. Ce faisant, il en était le premier événement fédérateur.

Récit d’un participant de la Sarthe.

Dénucléarisons la Loire

Affiche web 8 avril 2017Plus d’une quinzaine de Sarthois.es se sont embarqué.e.s dans cette sortie revendiquant « La Loire à Zéro… Nucléaire ». Un évident plagiat de la très bucolique, verdoyante et touristique Loire à vélo, médiatiquement et promotionnellement aseptisée de ses douze réacteurs en activité et des cinq anciens réacteurs graphite-gaz — arrêtés définitivement en 1990 et 1992, et dont EdF vient de reporter le démantèlement au-delà de 2100 ! [2] — et pourtant si peu contournables…

Déroulé

Le fléchage achevé, la journée commençait dès 9 h 30 par un planté de décor (long linéaire de banderoles en fer à cheval d’une cinquantaine de mètres [cf. photos]) au pied des deux anciens réacteurs de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-Nouan (à 108 km de la place de la République du Mans, à vol d’oiseau) et sa « scène » ouverte sur la Loire. France 3 se faisant désirer, chacun a peaufiné la présentation de sa bécane, réglé sa monture, noué les premiers contacts, posé et multiplié à souhait les meilleurs angles de prises de vue, photos de groupes, selfies…

Caméra et micro de la télé régionale numérisant enfin, pour recoller au planning, les prises de parole furent raccourcies, laissant l’avantage à une symbolique saynète de prise d’eau, en amont de la Loire, par des laborantins certifiés sans conflit d’intérêt, et une première (la seule) prise de bec avec l’impétueux président de l’association locale d’aviron lors de l’accostage de l’embarcation à « son » ponton, squatté par nos trois apprentis comédiens. Retraité de la centrale, il se dira aussi (nous affirmera t-il) ancien « liquidateur ». À distance, ou tenait-il une « fourche » (sic) sur le tas ? (lire absolument ce lien du Point et cet autre, plus timoré, de l’IRSN : ) La plupart l’ignore, mais les susdits réacteurs graphite-gaz ont subi les deux plus graves accidents nucléaires du pays. En 1969 pour le réacteur A1, en 1980 pour le réacteur A2 (cf. photo, les deux plus récents — trente-quatre ans ! — sont masqués), soit, respectivement, la fusion de 50 et 20 kg de dioxyde d’uranium. Deux accidents majeurs évidemment passés sous silence à l’époque. Par la suite, ils seront classés chacun à plus de 4 sur l’échelle INES [3]Nous recherchions d’ailleurs le témoignage (et le recherchons toujours) d’au moins un de ces « liquidateurs » pour cette journée. Nous en avions retrouvé un, hélas décédé (sans forcément de lien de cause à effet). Trente-cinq ans plus tard, le 4 mai 2015, Canal +, dans son documentaire « Spécial investigation », avait diffusé une interview de Marcel Boiteux (président d’EdF au moment des faits) où il reconnaissait — tardivement — qu’EdF avait opéré des rejets volontaires de plutonium dans la Loire pendant cinq ans à la suite du deuxième accident. Il est décédé depuis, sans avoir eu à en répondre… Le matin, Nicole Combredet (SdN 41) et nos intervenants de l’après-midi sont évidemment revenus à plusieurs reprises sur ces accidents et leurs irréversibles méfaits sur l’environnement et la santé.

Le doux cheminement

Plus d’une cinquantaine de cyclistes étaient au départ (photo : une partie du groupe du Mans) — imagination aux guidons, sur les casques, chasubles fluo, drapeaux 100 % yellow et 20 % magenta (jaune « Réseau »), différemment sérigraphiés — pour un parcours plan-plan de 25 km vers le lac de Loire, tantôt sur piste cyclable, tantôt sur des « trouées d’Arenberg » (c’était aussi Paris-Roubaix ce week-end là, m’a-t-on dit), tantôt sur un revêtement de velours bétonné. Les villages sont rares et les badauds itou mais les rencontres sur berge avec les retardataires renforçaient petit à petit le peloton des opposants au nucléaire et créaient du lien, jusqu’à constituer une longue colonne qui s’étirait sur plusieurs centaines de mètres.

La jonction des « Imbéciles à roulettes » [4], piétons, randonneurs et marins d’eau douce s’opérait au lac de Loire. La panoplie des banderoles nous avait précédés et toutes décoraient les contours du pastoral déjeuner sur l’herbe, très coloré. Les retours « panneautés » du « Portage de parole » à Blois le 1er avril étaient également là et plus tard à la Creusille (cf. LA vidéo, plus bas)!

Pique-nique sorti du sac pour tous, échanges de petits plats, découverte du chèvre fermier local et dégustation de vin… de pissenlit ! Les agapes à peines terminées, l’armada flottante s’est mise en place. Radeau, kayaks, canoës, engins flottants non identifiés, voire solaires, barbotaient sur le fleuve royal. De toue (promise), il n’y en eut point ! Mais, des trikes (vélos couchés à trois roues), tandems, triporteurs… si ! La déambulation conjointe à pied, à vélo et l’armada s’ébranlait lentement du lac de Loire jusqu’au port de la Creusille (quatre bons kilomètres) via le pont Ch.-de-Gaulle (Vineuil) ou l’erratique mille-pattes s’est rassemblé pour une arrivée groupée et magistrale au port de la Creusille, claironnée et emportée par la fanfare La Casserole (et/ou Le grand orchestre de…).

Le rassemblement

L’heure était aux rafraîchissements : 26° Celsius à l’extérieur ! Le jus de pommes était chambré, la bière bio à 4°, + ou – 75° pour les infusions, chacun le sien ! Moment festif. Musiciens compris, 250 personnes étaient là ! La Casserole bouffonnait joyeusement, alternant ses prestations avec les « guêpinades » orléanaises des six orateurs : Catherine Fumé (SdN Berry) : présentation du collectif SdN Loire & Vienne, déchets, prix du kW/h nucléaire, courage politique, interpellation des candidats à la présidentielle ; Thierry Gourvenec (Acirad et Fukussenheim Orléans) : conséquences sanitaires de la radioactivité ; Martial Château (SdN 72) : révélations du récent livre La farce cachée du nucléaire, les impacts sur certaines centrales et l’état des lieux du parc nucléaire du bassin de la Loire, l’absence de transparence ; Jean-Yves Busson (SdN 49) : qualité de l’eau de la Loire, pollution radiologique de l’air et de l’eau, état sanitaire, carottages des banquettes de crues de la Loire à Montjean-sur-Loire (250 km en aval de Saint-Laurent) révélant des traces de plutonium ; Dominique Boutin (SdN 37) : médecine du travail dans le nucléaire, tracasseries judiciaires du Dr Huez par la société Orys et clivage avec l’ordre des médecins, soutien ; et André Larivière (SdN Berry) : témoignage sur la « jeune Loire », très en amont des premières centrales. Vous retrouverez ces intervenants et une partie de leur discours dans l’excellente vidéo de François Nicolas (cf. ci-dessous). L’événement « La Loire à Zéro… Nucléaire » — en extérieur — s’est terminée par une nouvelle prise d’eau (toujours symbolique [5]) en aval de la centrale.

Le conférence gesticulée

La fin de l’après-midi s’est terminée, comme prévu, par une partie culturelle et récréative à l’espace Quinière, à Blois, avec la conférence gesticulée dite « Atomes fourchus », de Johann Charvel (durée : une heure, ici, en version raccourcie [6]). Johann l’a postée lui-même sur internet (cf. intra), que pourrions-nous en dire de plus. Salle pleine ! Public acquis ! Entre-soi ? Normalement à destination des Blésois.es, « Agglopolysois.es » et « Loir-et-Chérien.ne.s ». Pas sûr que le public visé ait été interpellé et qu’il se soit déplacé à hauteur de nos espérances (idem pour le rassemblement). Puis, moment convivial, apéro (sans alcool)…

Un « bilan » (très personnel) parmi tant d’autres possibles

Blois, la ville-préfecture, accueille La Fondation du doute [7] et le Centre mondial du questionnement. Pourtant, ici, aux portes de deux « accidents » majeurs et de multiples « incidents » et/ou « dysfonctionnements » (encore, récemment, à Nogent-sur-Seine le 7 avril, Belleville le 2 avril, Dampierre le 31 mars), le nucléaire n’interroge pas encore massivement. Dispensateur d’emplois, il n’incline le dépendant ni au questionnement ni à mordre la main de celui qui le nourrit. Dans la tourmente, le colossal dogme nucléaire n’est pour autant pas encore irréversiblement ébranlé ! Puisse ce rendez-vous avoir introduit du doute dans de nouveaux esprits.

                                                                                                 Un apostat du nucléaire.

Rendez vous l’année prochaine pour une nouvelle étape (pas encore définie). Plus d’informations ici : . En attendant, n’oubliez pas le rendez-vous des 300 000 pas à Saint Dizier/Bure, samedi 20 mai !


Retombées médiatiques

En amont de la manifestation, trois émissions de radio : à Blois, sur Studio Zeff  et sur Radio plus FM, et à Angers, sur Radio Campus. Presse écrite : cf. plus loin.

Très présente sur cette journée (sauf conférence gesticulée, hors délai pour le journal du soir), France 3 Centre-Val de Loire a consacré un premier reportage de l’événement du départ de Saint-Laurent à son JT de 12 heures. La chaîne locale commencera aussi son « 19-20 » par « La Loire à Zéro… Nucléaire » mais n’y consacrera en tout et pour tout qu’une séquence de deux minutes, c’est là : . Les deux journaux enregistrés à la suite par nos soins, c’est ici : .

La Nouvelle République a consacré sa Une du dimanche à « La Loire à Zéro… Nucléaire » (une photo quasi pleine page) et un article conséquent sur l’événement en « Actualités », page 3 (cf. ci-dessous et/ou ce lien : ). En sus, un court bonus vidéo dans la version en ligne du quotidien. La veille, elle avait interviewé et publié des témoignages de Jean Coly, Marie-Thérèse Moyer et Nicole Combredet (vice-présidente de SdN 41) et présenté le déroulé de la journée, c’est là : .

IN-CON-TOUR-NA-BLE ! LA vidéo-reportage de François Nicolas (44), commanditée par les organisateurs, intitulée « La Loire n’est pas un long fleuve tranquille » c’est là :  (diffusion libre et recommandée).

Vous trouverez bien évidemment toutes sortes d’autres renseignements et visuels sur le site dédié de « La Loire à Zéro… Nucléaire » ici : et sur les sites de chacun des groupes de SdN Loire & Vienne (quand ils en ont un).


Badges La Loire à Zéro N

Communication, tractage.s

Sur place dès le vendredi, quelques-un.e.s de nos militant.e.s ont également participé au dernier tractage de La Loire… devant la salle G.-Semprun où se tenait la réunion publique organisée par le collectif « France insoumise » de Blois qui recevait Éric Coquerel, un des rares participants de la présidentielle visant la sortie du nucléaire civil (le militaire étant conditionné à des négociations internationales et référendum, sortie étalée, calquée sur le calendrier du plan de l’Ademe révélé par Médiapart début avril 2015, c’est là :  et le scénario NégaWatt).

Auparavant, bien évidemment, les militants locaux avaient copieusement arrosé la région (marchés à Blois, Oucques, Mer, Saint-Aignan, opération « Tous sur le pont contre le nucléaire »,  « Portage de parole » à Blois, le 1er avril, etc.


[1] Composé (pour l’heure) de neuf groupes de Belleville-sur-Loire à Nantes via Poitiers : l’ACIRAD Centre, Réseau Fukussenheim, SDN 41, SDN 37, SDN 49, SDN 72, CSDN 79, Coordination poitevine « Vivons sans nucléaire », SDN Pays Nantais et SDN Berry-Giennois-Puisaye), c’est aussi là : .

[2] Quatorze avec ceux de la centrale nucléaire de Civaux, sur son affluent, la Vienne. Soit cinq centrales nucléaires sur le bassin Loire et Vienne, plus les deux unités d’irradiation Ionisos à Sablé-sur-Sarthe et Pouzauges (Vendée), anciennes mines d’uranium, sites militaires…

[3] La centrale de Saint-Laurent-Nouan est sinistrement connue pour avoir subi deux des plus importants accidents nucléaires de France (les 17 octobre 1969 et 13 mars 1980), estimés chacun à plus de 4 sur les 7 niveaux de l’échelle INES (International Nuclear Event Scale) des catastrophes (Tchernobyl et Fukushima étant au niveau 7).

[4] Expression péjorative locale désignant les usagés des « bicycles » fabriqués vers 1860 (bien avant La Loire à vélo) par les ateliers Godefroys (1860 à 1955) à Meung-sur-Loire, commune voisine de Saint-Laurent, « patrie » du poète libertaire beauceron Gaston Couté (aussi répertoire du groupe sarthois « les Chemineux », c’est là : et bien sûr de Pierron, Meulien, Vania Adrien Sens, Michel Desproges, Gabriel Yacoub, et Bernard Lavilliers… et même, Edith Piaf, c’est là : ), musée gratuit à Meung.

[5] En liaison avec les laboratoires indépendants de la Criirad (Valence) et l’Accro (Caen-Hérouville-Saint-Clair), dans les temps à venir, le collectif SdN Loire & Vienne envisage de former des volontaires tenaces et de se doter de balises performantes (hélas très onéreuses) réparties le long du lit de la Loire pour procéder à ses propres relevés de radioactivité et mener une veille durable.

[6] Sur Youtube, c’est là : . Johann Charvel vient justement de publier cette conférence en livre : Atomes fourchus, ou comment convaincre son tonton qu’il faut arrêter le nucléaire (en version intégrale donc). Son prix de vente est de 6 €, le port (pas communiqué) est en sus. Mais Johann aborde aussi d’autres thèmes. Consulter son site : Contact : johann.charvel@free.fr Tél. 06.88.06.25.83.

[7] La Fondation du doute (qui paradoxalement a, comme vis-à-vis, le collège-lycée Notre-Dame-des-Aydes) : lieu où sont présentées les œuvres de plus de quarante artistes de la mouvance « para et post Fluxus » des années 1960-1970, beaucoup de la collection personnelle du — surfait ? — Ben (Benjamin Vautier, cf. le Mur et la Cour du doute et les nombreux « tableaux-écritures » qui jalonnent la ville, cf. photo ci-contre), de Gino Di Maggio, Catarina Gualco…


Affiche, tract et badge : SdN-Loire & Vienne. Photos : SdN 72, plus J. Coly (centrale de Saint-Laurent, vieux réacteurs SLA1 et SLA2, supra et moulin à vent en premier plan infra) et inconnus (désolé !).