Jeudi 27 avril 2017, à 18 h 15 – Le Mans
Le mardi 25 avril, soit la veille des trente et un ans de la catastrophe de Tchernobyl du 26 avril 1986, SdN 72 avait invité les médias locaux [1] à une conférence de presse sur l’évolution de cette surrection d’origine humaine et communiqué sur les récentes et accablantes révélations du livre La farce cachée du nucléaire, impliquant de nombreux réacteurs, dont une douzaine à moins de 175 km du Mans.
« Divergence » nucléaire (et de traitement médiatique)
Pas facile de se taper l’incruste dans la suractivité médiatique liée à la course à la magistrature suprême ! Défaut d’effectif ? Échelle des priorités ? Le sujet nucléaire (et environnemental), à quelques jours du premier tour de la présidentielle pouvant qualifier au second tour une candidate nationaliste et pronucléaire, blonde à l’extérieur mais brune à l’intérieur [2], n’a guère, cette fois encore, été l’invité des débats.
Concernant ladite conférence de presse, seule la chaîne locale LMtv était présente. Un flop pour nous, disons-le. Mais au final, la chaîne nous allouera une interview de cinq minutes le jeudi suivant ! C’est Martial Château, coprésident de SdN 72, qui s’y est collé. Cette séquence est là : ▶ (curseur de 5′ 45″ à 10′ 35″ environ).
Tchernoday
Le format forcément court de l’interview n’a pas permis de retour sur Tchernobyl. Nous souhaitions rappeler l’actualité de la catastrophe de 1986, rendre hommage et témoigner notre solidarité aux victimes d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Si une nouvelle arche recouvre désormais le réacteur [3], il faudra d’abord accéder et évacuer l’inextricable enchevêtrement de poutres métalliques, béton, gravats, avant d’atteindre les tonnes de corium en fusion à basse température (de l’uranium, du plutonium et autres pestes en « ium », dont la période radioactive de certains peut atteindre des dizaines de milliers d’années, mélangés à de multiples autres matériaux) qui dégagent une pollution radioactive permanente qui, elle, fuite des brèches de l’ancien sarcophage. Simultanément, il faudra aussi gérer des dizaines de milliers de tonnes de débris radioactifs. Gérer, c’est : extraire, identifier, trier, conditionner, sortir, transporter, stocker, quand les moyens structurels, techniques et financiers font défaut !
En France, le démantèlement des deux anciens réacteurs de Saint-Laurent-Nouan a récemment été différé au XXIIe (22e) siècle ! Pourtant, EdF continue de prétendre que le démantèlement pourrait être un pôle d’excellence industriel de la France quand celui du mini-réacteur de Brénilis, qui bon an mal an a fonctionné dix-sept ans, pourrait être « remis à l’herbe » quarante-sept ans après ! La « déconstruction la plus avancée » (selon les éléments de langage du milieu) serait Chooz A, mais le plus dur reste à faire : celui du circuit primaire, dont la cuve du réacteur ! Cherchez l’erreur !
Plus ça va, moins ça va !
De même, nous souhaitions parler de la situation technique, économique et sociale du nucléaire en France. De nombreux réacteurs sont en fin de vie. Fin 2017, 46 réacteurs sur 58 auront plus de trente ans. Fessenheim 1 et 2 en ont quarante et Bugey 2 et 3 itou en 2018. Sans être l’unique facteur de risque, le grand âge est rédhibitoire en toutes circonstances ! Ces réacteurs seront forcément de plus en plus dangereux et nous nous devons d’empêcher qu’il ne soient encore prolonger d’une, voire deux décennies. Nous ne sommes pas seuls à être inquiets. Le président de l’Autorité de sûreté nucléaire ne l’est pas moins : « Un accident majeur, comme celui de Tchernobyl ou de Fukushima, ne peut être exclu nulle part dans le monde, y compris en Europe, même si nous faisons tout pour le prévenir. » Nos voisins transfrontaliers aussi ! Mais la situation est sans doute pire que nous ne le pensions !
Nuclearleaks
Surtout, nous souhaitions présenter l’état du parc nucléaire français à partir des révélations du livre édité par le Réseau SdN (Sortir du nucléaire) : La farce cachée du nucléaire [4], livre édifiant qui révèle les arcanes de l’industrie atomique, dévoile les mensonges d’EdF et l’état réel des centrales nucléaires françaises. Par des faits concrets et précis, s’appuyant sur des documents internes d’EdF qui n’ont encore jamais été dévoilés, l’auteur — issu du cœur de la machine EdF et qui écrit sous un pseudonyme — y démontre que la transparence psalmodiée à l’envi par l’électricien national n’est en réalité que poudre aux yeux. Nous vous en avions déjà parlé ici : ▶.
Quand, oui, quand la presse — locale et régionale, sinon nationale — s’emparera-t-elle enfin de ces informations, en toute impartialité, avec une stricte volonté de les recouper, d’enquêter, enfin mener un véritable travail d’investigation sur les 126 INB (installations nucléaires de base, dont 58 réacteurs en fonctionnement) recensées en France ?
La farce cachée du nucléaire, Yasnost’Editions (Réseau Sortir du nucléaire), 250 pages, format A4, mars 2017. Pour consulter les documents et sources internes à EdF, rendez-vous sur : http://lafarcecacheedunucleaire.info ou cliquez ici ▶ .
[1] Cette proposition s’inscrivait dans la campagne « Printemps 2017 : faisons fleurir les actions contre le nucléaire » reprise partout en France et par le collectif SdN Loire & Vienne (auquel le groupe SdN 72 participe), organisateur de la journée du 8 avril 2017 « La Loire à zéro… nucléaire » (c’est là : ▶) et de la journée « Tous sur le pont contre le nucléaire ». Au Mans, c’est là: ▶ .
[2] Incise de dates ! Quarante-neuf ans avant Tchernobyl, jour pour jour, le 26 avril 1937, les bombardiers de la « Légion Condor » déversaient un tapis de bombes mortifères sur la petite ville de Guernica, au Pays basque espagnol (7 000 habitants, la morbide comptabilité des tués est encore très controversée). Une barbarie fasciste germano-italo-hispanique contre la républicaine et libertaire Espagne, immortalisée par un des tableaux les plus connus au monde et des plus emblématiques du peintre Pablo Picasso.
[3] Vinci et Bouygues en sont les co-constructeurs. Les médias français ont beaucoup communiqué sur l’arche (coût mutualisé entre vingt-huit pays : un milliard et demi d’euros) qui recouvre désormais (novembre 2016) l’ancien réacteur détruit de Tchernobyl et son premier sarcophage, construit par la deuxième vague de « liquidateurs », à la hâte et aujourd’hui vieillissant. Certes, l’immense et inhabitable Markthal est en place sur son no man’s land radioactif mais il n’est, hélas, pas encore étanche ni un rempart contre la dispersion de la radioactivité, et avant longtemps.
[4] Disponible sur notre boutique en ligne au prix de 12 €, plus 5 € de port, c’est ici : ▶ , ou (sans port) sur les tables de presse de SdN 72.
Photos et illustration : SdN 72 et capture d’écran du site LMtv.