Samedi 30 septembre 2017, de 14 h 30 à 17 heures – Saint-Lô
Samedi 30 septembre, de 14 h 30 à 17 heures, près de deux mille anti-EPR en particulier, antinucléaires en général, se sont rassemblés, ont déambulé ou se sont symboliquement écroulés (dead in) sur le macadam des rues du centre-ville de Saint-Lô (Manche).
Mobilisation régionale et locale
Près de deux mille « Indiens » selon le CAN-Ouest (soit, actuellement, dix-neuf groupes coorganisateurs), ont été de ce rendez-vous. Neuf cents selon la police (no comment), mille cinq cents selon le quotidien Ouest-France (journal qui, en Sarthe, a souvent la dent dure sur la participation aux manifestations).
Certes, il n’y a pas de quoi pavoiser. SdN 72 a dû annuler l’autocar retenu faute de pouvoir le remplir même avec le renfort de l’Indre-et-Loire [1]. Reste, que le contingent sarthois — un centième de l’effectif — était bel et bien présent, confère la vidéo de François Nicolas (infra) [2]. Les acteurs et actrices sarthois.es y sont visibles, représenté.e.s à la tribune, interviewé.e.s, dans le cortège, présentes sur les grilles de la préfecture, allongé.e.s sur l’asphalte pour le dead in… et ne lâcheront pas le morceau même si la cuve et la calotte de l’EPR de Flamanville sera probablement avalisée par l’Autorité de sûreté nucléaire (décision attendue avant la fin de l’année) [3] !
La manifestation a été décidée tardivement, début juillet, sur ce dossier. Les antinucléaires ne sont pas maîtres du temps. Le matériel (affiches) a sans doute fait défaut bien que les mobilisations soient aujourd’hui plus de l’ordre du lien numérique. Le visuel était disponible ! Faut-il regarder sur l’absence (locale) de SdN 72 sur les réseaux sociaux ? Comment remobiliser Verts, environnementalistes, écologistes, écocitoyens ? Vos avis peuvent être déposés (anonymement) dans le menu contact.
La vérité si je mens
Nous ne reviendrons pas ici sur les griefs spécifiques à la cuve de l’EPR de Flamanville, à sa filière, aux malfaçons industrielles et non-conformités de Areva-Creusot Forge ni aux certifications falsifiées en amont. Ces développements sont disponibles sur notre tract (en bas de page), dans les discours repris sur la vidéo, sur le site du CAN-Ouest, celui du Réseau Sortir du nucléaire, de l’Observatoire du nucléaire… nous ne pourrions qu’être redondant. La nouveauté émane des déclarations de Jean-François Victor, ex-PDG d’UIGM (Unité industrielle de grande mécanique), sur une très étrange transaction de 170 millions d’euros entre Areva et M. Bolloré évoquées sur le blog du Club Médiapart, c’est ici : ▶ et sur le site de Reporterre, c’est là : ▶.
Court déroulé de la journée
Saynète. – On est place de la mairie (place Général-de-Gaulle). L’entrée en matière des réjouissances va commencer par une saynète autour d’une maquette géante figurant le réacteur EPR qui va d’abord gronder, se lézarder, s’embraser pour finalement s’écrouler [4]. Toute ressemblance avec des scénarios réputés impossibles… n’est absolument pas fortuite.
Défilé. – 14 h 45 : le regroupement s’opère derrière le camion sono qui crache les décibels avec Trust (Antisocial si je ne me trompe) ! Trio, HK et les Saltimbank seront aussi du répertoire sur le parcours, alterné des slogans rodés et/ou nouveaux repris en boucle : « Areva, EDF, mensonges et débandade » ; « Nucléaire, filière suicidaire » ; « EPR, inutile, coûteux, dangereux, on n’en veut pas » ; « Le nucléaire crée des emplois dans les cimetières et les commissariats » ; « Société nucléaire, société policière »… Les passoires, incontournables accessoires (deux en un : à la fois couvre-chef et percussions) de la manifestation, inspirés par Laurent Vanhelle [5], sont aussi de la partie et timbalisent de leur côté. Un piano du pauvre assouplit le tempo. Les ritournelles composées au Cun du Larzac développent le propos et adoucissent le phrasé [6]. Panneaux, cartons, chasubles markerisées et banderoles ripolinées ou sérigraphiées rivalisent d’imagination. S’il y a beaucoup de réemplois, la créativité est aussi au rendez-vous. Idem pour les accoutrements.
Dead in. – Chemin faisant la rue principale et/ou commerçante, rue du Maréchal-Leclerc, rectiligne à souhait, s’impose pour un dead in glacé par l’alerte d’une sirène. Image saisissante, le son toujours angoissant ! Abondamment shootée ! Insuffisamment repris par la presse ! Pour la postérité, la montée des remparts (photo supra) témoignera aussi de la densité du cortège.
Préfecture. – La soldatesque ne se laisse ostensiblement voir qu’à l’approche de la préfecture. Adjacente, la rue des Prés (cf. photo) est fermement entravée. Le centre névralgique du pouvoir départemental, rue de la Chancellerie, lui, est solidement gardé par une cinquantaine de gendarmes im-mobiles [7] sans compter les « ressources » arrière qu’on imagine. Les grilles de la préfecture deviennent rapidement les cimaises de la production antinucléaire. Banderoles, casseroles, passoires, panneaux, tout s’accroche, se dépose et s’expose à merveille sur le haut des grilles préfectorales.
Délégation. – Vers 16 heures, le préfet de la Manche, Jean-Marc Sabathé, a reçu deux délégués du CAN-Ouest, Collectif antinucléaire Ouest et Grand Ouest, soit Didier Anger (du CRILAN, Comité de réflexion, d’information et de lutte antinucléaire) et Chantal Cuisnier (de SdN Cornouaille), qui lui remettront un courrier à l’attention du Président Macron et ses ministres, MM. Philippe et Hulot, et Mme Buzyn. Lettre que reprendra Chantal dans l’une des deux interventions finales (cf. la vidéo, infra). Le texte est aussi là : ▶.
Discours. – Le cortège est revenu place de la mairie, peu avant 16 h 30. Chantal Cuisnier, on vient de le voir, fera la première déclaration avec le contenu qu’on sait. L’« historique » Didier Anger (cf. plus haut), lui, insistera sur le déni de démocratie, l’irresponsabilité de l’État et la nécessité d’une large et forte mobilisation : « C’est un vieil enseignement du mouvement social que nous pouvons faire nôtre » … « face au pouvoir, notre force à nous, c’est le nombre » … « face au pouvoir on ne fera pas bouger les gens d’en haut si nous ne sommes pas capables de bouger en bas, c’est là que doit se faire prioritairement notre action ». Lutta continua ! L’intégralité de son discours est là : ▶.
Se mo-bi-li-ser !
Saint-Lô, ville préfecture, pôle politique de la Manche et du Cotentin, ex-« Capitale des ruines », saura-t-elle, voudra-t-elle peser sur les instances nationales et redevenir le « Rocher de la Liberté » (son nom républicain) et s’éviter une seconde fois d’être « ville martyre » [8] ravagée de radionucléides ?
Empêcher l’EPR de Flamanville, l’entreprise est encore jouable ! Il est important d’y croire, encore et toujours. Le combustible ne sera chargé au pire que fin 2018, et quand bien même, SuperPhénix a fini par être abandonné. Plusieurs pays ont renoncé à des centrales achevées (ou sur le point de l’être) qu’ils n’ont pas mises en service : l’Autriche (Zwentendorf), l’Allemagne (Kalkar, Greifswald 5), l’Italie (Montalto di Castro), l’Espagne (Lemoniz), Bellefonte en Alabama, Phipps Bend au Tennessee, Bataan aux Philippines, et dernièrement deux réacteurs suspendus en Corée du Sud (Kori-5 et Kori-6, à confirmer quand même). À chacun de nous d’y contribuer afin d’ajouter la France et l’EPR de Flamanville à cette liste.
Empruntons cette citation – improbable dans nos colonnes – de Wilson Churchill (photographiée au Hangar Darwin [ancienne caserne Niel] de Bordeaux) : « Il est encore temps d’agir comme s’il était impossible d’échouer. »
Découvrir ou revivre Saint-Lô, 30 septembre 2017
La vidéo « officielle » de la manifestation réalisée par François Nicolas (qu’on remercie au passage) est ici : ▶, sur le site du CAN-Ouest (qu’on vous recommande), c’est là : ▶.
Pour des photos « travaillées » nous vous proposons celles de Sandra Daveau : http://www.sandradaveau.com/fr/blog/46/sortir-du-nucleaire.html (dont nous avons déjà utilisé certains clichés, avec son autorisation, pour les manifestations de Laval et Avoine, et la chaîne antinucléaire en vallée du Rhône). Merci à elle de tout cœur !
La manif avait aussi son anti-atome-crochet. Les graines de Nouvelle Star ont pu s’égosiller à souhait, avec : Auprès de ma cuve (sur l’air de Auprès de ma blonde) ; Il était une petite centrale (sur l’air de Il était un petit navire) ; L’État français (sur l’air de Cadet Rousselle) [note 6]. Et, proposée par SdN – Pays de Saint-Malo, On dit stop à l’EPR ! (à chanter sur l’air de la première chanson des Enfoirés, de Goldman, 1986) [9].
Plusieurs groupes de villes éloignées ont aussi tenu à manifester symboliquement leur soutien à la manifestation de Saint-Lô contre l’EPR de Flamanville.
— Le jeudi 27/9/2017, l’entrée de l’antenne bordelaise de l’Autorité de sûreté nucléaire avait été murée de parpaings par des militants écologistes et des représentants de l’association TchernoBlaye.
— Le samedi matin 30/9/2017, attroupement devant l’agence EDF, rue de la République à Lyon, mené par différentes associations antinucléaires régionales (dont RASN, SdN 38, Actinuke, Greenpeace Lyon, SdN Bugey).
— Le mardi 3 octobre, les groupes Arrêt du nucléaire, 34, 73, 26-07, se sont invités, panneaux à l’appui et langue bien pendue, lors de la conférence de presse de l’ASN Occitanie (Marseille-Bordeaux) au siège de la Direccte à Montpellier.
Outre cette manifestation, trois recours et une plainte ont été déposés par les associations pour que la démocratie soit respectée, les falsifications sanctionnées et que cesse ce chantier mené à marche forcée. La création de comités locaux — Stop EPR — est évidemment vivement encouragée.
[1] Le calendrier n’est malheureusement pas extensible ! Fort malencontreusement, la France insoumise, où nous comptons des militant.e.s et des sympathisant.e.s, organisait le même jour, au Mans, une réunion publique « contre le coup d’État social, pour le retrait des ordonnances » avec le député de la Seine-Saint-Denis, Bastien Lachaud.
[2] Le même qui a filmé La Loire à zéro nucléaire le 8 avril 2017 (c’est ici : ▶) et le rassemblement de Siouville-Flamanville début octobre 2016 (c’est là : ▶).
[3] Pure mise en scène de crédibilisation d’indépendance, entre son préavis du 28 juin 2017 et celui à venir à l’automne, l’ASN a feint de taper du poing sur la table en imposant à EDF la mise à l’arrêt provisoire des quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin pour risque de rupture des digues et d’inondation en cas de séisme (décision du 27 septembre 2017). Un risque dénoncé depuis belle lurette par le mouvement antinucléaire. Cette subite injonction de l’ASN ne serait-elle qu’une posture pour accréditer une pseudo-souveraineté à la veille de rendre son avis définitif sur la cuve de l’EPR ?
[4] Ceux de la manifestation du 1er octobre 2016 y avaient en partie échappé pour cause de vent trop fort rendant la pyrotechnie risquée et la sonorisation inaudible.
[5] Bien en amont, Laurent Vanhelle — graphiste de sont état — avait magistralement illustré la porosité de la cuve (colotte de fond et de couvercle) de l’EPR, en la représentant sous forme de passoire déposée au cœur de l’enceinte par une grue. D’abord conçu pour une lettre de SdN Cornouaille, le CAN-Ouest s’est opportunément emparé de ce visuel pour illustrer son propos sur ses tracts d’appel à cette mobilisation (infra) et, sous une forme encore plus dépouillée, pour l’affiche (supra). Cette image a été on ne peut plus percutante, nous l’avons vérifié plusieurs fois lors de nos tractages. L’objet s’est forcément imposé pour cette déambulation. Le CAN-Ouest avait également retenu un des quatre visuels proposés par Laurent Vanhell pour la manifestation des 1er et 2 octobre 2016, à Siouville-Flamanville.
[6] Chansons antinucléaires : (composées au Cun [le coin, en occitan] du Larzac, à Millau, lors des journées d’études d’Arrêt du nucléaire des 9 et 10 septembre), c’est ici : ▶ et/ou là : ▶ (pages 15 et suivantes).
[7] De visu, rien à voir (sic) avec la débauche de moyens anti-émeutes de Chinon 2014 (FuKuChiNON, c’est là : ▶).
[8] La ville a été détruite à 95 % après les bombardements — alliés et allemands — de 1944.
[9] On dit stop à l’EPR ! (à chanter sur l’air de la première chanson des Enfoirés, de Goldman, 1986) ; refrain : Aujourd’hui, on n’a pas le droit — non — d’oublier Fukushima, l’EPR, ça suffit comme ça, quand est-ce qu’on va arrêter ça ? ; couplet : L’EPR est une injure faite aux générations futures, c’est une épée de Damoclès, alors vraiment, il faut que ça cesse ! ; refrain, et à la fin : ON DIT STOP A L’EPR !!!
Affiche : CAN-Ouest. Photos : SDN 72 (dont, la citation de Churchill figurant au Magasin général Darwin à Bordeaux). Sandra Daveau (qu’on remercie vivement d’avoir accepté la reprise de ses photos (son site est là : ▶). Vidéo : François Nicolas (qu’on remercie itou , c’est là : ▶). Article de presse : Ouest-France du 1er octobre 2017.