Dimanche 1er octobre 2017 (de 10 heures à 18 heures) – Le Mans (Maison de l’eau)
Notre groupe avait fait défaut à la 2e édition. Bien malgré lui ! L’an passé, SdN 72 était de la manifestation « Non à l’EPR – Non au rafistolage des réacteurs – Arrêt du nucléaire, énergie de destruction massive », à Siouville/Flamanville (50) sur le week-end des 1er et 2 octobre 2016 [1].
Dans la continuité, cette année, nous étions aussi de la manifestation « Stop EPR » à Saint-Lô (c’est là : ▶). Uniquement le samedi cette fois. La veille, donc, de cette 3e édition de Le bio se fête au Mans [2], organisée par le Groupement des agriculteurs biologiques de la Sarthe [3], la Biocoop Le Fenouil et l’imprimerie ICI Le Mans. Vous suivez ?
Le marché, notre stand
Ce grand marché-là n’a rien à voir avec son alter ego dominical de la place des Jacobins ! Le bio se fête au Mans, à la Maison de l’eau avait, cette année encore, un peu de La ferme du grand nulle part (aussi de Chias) [4]. Du bio, du local, de l’associatif à tous les étages. Au programme : marché bio avec une cinquantaine de producteurs, dégustation, restauration et buvette, vente, animations pour les pitchounes, conférence sur le thème des « OGM cachés » [5], musique avec Ronan Ronan… Et info-kiosque de SdN 72 !
Notre emplacement étant situé tout au fond de l’esplanade, la déambulation circulaire conduisait forcément les flâneurs à notre big carte (cf. photo ci-contre) des implantations nucléaires (centrale, arsenaux, laboratoires, poubelles, mines). Elle a été cette fois encore l’attraction de notre carré et a concentré l’attention des visiteurs et visiteuses, suscité leurs interrogations, et le moyen d’introduire des échanges qu’on souhaite avoir été instructifs dans une écoute réciproque et mutuellement profitables.
Reconnaissons-le, beaucoup de personnes avec qui nous avons échangé étaient convaincues de la nécessité de la sortie du nucléaire. Pas tous au même rythme ! Et une perplexité subsiste encore sur les capacités des renouvelables à produire autant et tout le temps.
Les chimères
Cette fois encore, nous n’avons pas échappé à la visite d’un ambassadeur du mythe « cornucopien » [6]. Pourfendeur du nucléaire présent et passé, mais pour celui de « l’avenir ». Ses credo : la fusion nucléaire et la filière au thorium (redondantes antiennes récemment remises en service par Arte et « l’extraterrestre » J. Cheminade, candidat à la dernière présidentielle).
La première a été expérimentée depuis longtemps (par les Soviétiques, Américains, récemment les Canadiens, l’Allemagne, et dans l’avenir — nous promet-on — en France (le projet international ITER porté par 35 pays) à grands frais ! Nous vous en avions parlé ici : ▶ et là : ▶. Les plus optimistes envisagent une production — éventuelle — à l’horizon du… XXIIe siècle !
La seconde chimère, envisageant d’hypothétiques centrales au thorium, cumule quelques rares avantages et, malgré la dé-documentation, une ribambelle d’inconvénients. Son seul avantage — non négligeable a priori — serait de ne pas produire de plutonium intervenant dans la fabrication d’armes nucléaires. Ce type de réacteur n’existe aujourd’hui qu’à l’état de concept théorique et « pourrait », au mieux, voir le jour au delà de 2075 (ce qui prêterait presque à rire vu le respect du calendrier pour les EPR) ! Pour plus d’info, consulter l’article du réseau national SdN : ▶.
Or, une partie du parc nucléaire français est en fin de vie et va prochainement atteindre quarante ans. Le reste est en UPAD ! Ce serait une ineptie de les prolonger jusqu’à 50 ou 60 ans ! Même à ce prix, une jonction entre les anciennes filières et les hypothétiques suivantes relèvent de l’enfumage, sauf à construire de nouveaux et nombreux réacteurs aux technologies empruntées aux modèles anciens, ce que pour notre part, nous excluons à tout prix.
Il est donc urgent d’abandonner les miroirs aux alouettes pour y substituer l’efficacité et la sobriété énergétique, les productions énergétiques maîtrisables, décentralisées : solaire photovoltaïque, thermique, éolien, hydrolien, biomasse… Pourquoi pas : dé-privatisées et autogérées !
Des scénarios répondent aux besoins et nous préservent des futuristes aventures de ces deux précédents paragraphes. Citons-en deux, celui de NégaWatt, c’est là : ▶, et celui de la très officielle Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), établissement public sous tutelle des ministères de l’écologie et de la recherche. Titre de ce document: Vers un mix électrique 100 % renouvelable en 2050, c’est là : ▶.
Autant dire qu’une volonté politique déterminée et bien menée le rendrait possible dans un temps plus ramassé. C’est à chacun·e de vous, à chacun·e de ceux qu’on interpelle d’être les vecteurs de ce changement de paradigme.
GAB 72, Maison des Paysans, 31 rue d’Arcole, Le Mans. Tél. : 02 43 38 99 22. wwwgab72.org.
Ce même jour (et la veille), le vieux Mans s’ouvrait à la dixième édition d’Entre cours et Jardins : 23 jardins et 80 portes, portails et porches décorés et végétalisés dans la vieille ville (« stéphanbernisée » « cité Plantagenêt » par J-C Boulard). Thématique de l’année : Les outils d’antan. Grosso modo dix fois plus fréquentée, mais aussi, sur deux jours… Le samedi, c’était aussi la huitième édition de la ferme Naturell’Mans (une trentaine d’éleveurs-producteurs) et sa ferme installée place de la République (le centre du Mans), certes pédagogique et de proximité… mais infiniment moins regardante sur l’industrialisation agricole et ses travers.
La Maison de l’eau, c’est aussi un concentré pédagogique avec des panneaux d’information sur les énergies renouvelables, la production — certes modeste mais bien concrète — d’électricité avec du solaire photovoltaïque, de l’hydro-électricité (roue à aubes) et de l’éolien (éolienne Bollée, avec génératrice à venir), mais aussi du solaire thermique et l’atelier Vel’Nature (recyclage et économie circulaire réunies autour des deux-roues).
À découvrir aussi, l’ancienne Usine des eaux (1906), ses mécanismes à vapeur, le traitement de l’eau, ses aquariums et la ressource halieutique, et, à quelques pas, l’Arche de la nature évidemment, incontournable conservatoire de la biodiversité qui, cette année, fête son vingtième anniversaire [7] ! A contrario, le démentiel projet d’hypermarché et de retail park de Bener (sur la rive droite de l’Huisne), complètement à contre-courant du raisonné et du raisonnable, ne pourrait que faire tache face à ce bel écrin de biodiversité. Mobilisée contre ce projet, l’association Les riverains et les amis de Bener distribuait d’ailleurs ses tracts à l’entrée de la fête.
[1] Le rassemblement 2016 à Flamanville (« Non à l’EPR – Non au rafistolage des réacteurs – Arrêt du nucléaire, énergie de destruction massive » se déroulait sur deux jours, les samedi 1er et dimanche 2 octobre (c’est là : ▶).
[2] Déclinaison citadine des cinq manifestations : le Bio se fête en Sarthe (Saint-Léonard-des-Bois, Vaas, Malicorne et Rouillon).
[3] Des cinq départements des Pays de la Loire, la Sarthe, avec 300 producteurs, serait — hélas ! — le parent pauvre de la région qui, elle, en recenserait 2 256 (source : Ouest-France).
[4] La Ferme du Grand-Nulle-part ou Ferme de Chias est une légende sarthoise qui laisse libre cours aux fantasmes et à la démesure (que raconte parfois Serges Bertin). Une version enregistrée en juin 2006, racontée par J.-Y. Leblay et L. Jardin, peut s’écouter ici : ▶ (actuellement en travaux, désolé !).
[5] Conférence-débat avec l’intervention d’Eric Meunier, salarié d’Inf’OGM et coauteur du livre Société civile contre OGM (Éditions Yves Michel). Au sommaire : OGM cachés, qui sont-ils, où sont-ils ? Quels sont les impacts sur l’ensemble des espèces et sur les hommes ? Quelles alternatives ? Quels engagements faut-il pour l’avenir ? Placés tout au fond de l’esplanade, hélas, tout ou presque nous a échappé du débat, mais aussi du groupe Ronan Ronan chargé de l’animation musicale. Pas les régalades 100% bio !
[6] Cornucopien (du latin cornu copiae signifiant corne d’abondance) : futurologue qui estime que les innovations technologiques permettront à l’humanité de subvenir éternellement à ses besoins matériels, eux-mêmes considérés comme source de progrès et de développement (Wikipédia).
[7] Aujourd’hui, l’Arche de la nature, c’est : 450 ha, un jardin potager (2 100 m2) dont, par exemple, de 120 à 150 variétés de tomates, deux vergers conservatoires (70 variétés de pommes à couteau et 35 de pommes à cidre), une ferme (avec des races rustiques), des bois et une forêt (300 ha), de nombreuses essences d’arbres, d’espèces animales (chevreuils, sangliers, batraciens et neuf espèces de reptiles) et 500 000 visiteurs.
Affiche : GAB 72. Photos : SDN 72.