Samedi 30 septembre 2017 et après – Allonnes
Jusqu’à l’année 2017, aucune commune, ville, agglomération, collectivité de la Sarthe ni aucun de leur magistrat n’avaient adhéré à Mayors for peace (Maires pour la Paix) et/ou à son ombre portée dans l’Hexagone, l’Association française des communes, départements et régions pour la Paix (AFCDRP). Depuis le 1er septembre, c’est chose faite ! Allonnes s’y est collée la première ! Souhaitons que sa… désarmante initiative essaimera, d’abord dans les esprits, puis dans les assemblées locales. C’est aussi à tout un chacun d’y contribuer.
Allonnes rejoint l’AFCDRP — Mayors for Peace France
Depuis cette année 2017, la ville d’Allonnes adhère à l’Association française des communes, départements et régions pour la Paix — Maires pour la Paix France (AFCDRP) [1] qui œuvre pour un monde sans armes nucléaires et pour une paix mondiale durable. 7 417 villes dans 162 pays sont adhérentes de l’association Mayors for Peace dans le monde. Histoire d’officialiser cette affiliation, la cité a d’ailleurs reçu un diplôme signé du maire d’Hiroshima (photo) le 30 septembre, lors du premier « Concert pour la Paix » à la salle Jean-Carmet [2]. Au cours d’un intermède dans l’après-midi musical, l’ambassadrice de la paix d’Hiroshima, Mme Miho Cibot-Shimma (photo) l’a remis en main propre au premier magistrat de la ville, Gilles Leproust.
Ce même jour, la ville a aussi décerné le premier prix « Allonnes Culture de Paix Yvon Luby » (créé en 2017) récompensant les associations et organisations locales, voire des personnes, pour leur promotion de la paix, au collège Le-Marin pour son action dite « Médiateurs de paix » [3].
A l’extérieur, le « village des droits humains » a permis à la douzaine d’associations et ONG œuvrant pour une culture de paix de présenter et d’échanger sur les initiatives et actions qu’elles mènent en sa faveur (une fresque des messages de paix est exposée à la maison des Arts toute l’année 2018). Village et concert — gratuit — ont réuni plus de 600 Allonnais·es. La première partie était assurée par les artistes du collectif Music for Peace [4] et un bon cocktail de genres musicaux, chanson française, rap, pop, reggae, ragga et de la soul. A l’œuvre : Yoann Launay, Youkoff, Sound Dynamik, Ton zinc, Soulsnam, Lola Baï et, en tête d’affiche, le « collectif lillo-chilien » Sidi Wacho (musique aux influences internationales, mêlées de cumbia et de hip hop). Une programmation éclectique avec des textes engagés qui dénonçaient l’impérialisme, le racisme et les fractures entre les classes sociales.
Mobilisés le même jour sur la manifestation à Saint-Lô contre l’EPR de Flamanville, c’est ici : ▶, nous n’en fûment pas, mais nous nous en étions excusés lors de la manifestation Associations en fête du 24 septembre, c’est là : ▶.
À l’heure ou d’haineuses et irresponsables rodomontades bruissent à Washington et à Pyongyang, nous ne pouvons que nous réjouir de cette démarche qui dénote fondamentalement avec celle de notre pays absent des négociations du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN cf. plus loin). Pour autant, si l’atome militaire est redoutable et anxiogène en période de tensions extrêmes, il l’est aussi au quotidien — y compris dans les séquences apaisées — avec les risques d’accidents des engins en veille, avions, sous-marins [5], les alertes intempestives [6], etc.
Mais, même en temps de paix, le nucléaire militaire est nuisible aux populations qu’il est censé protéger. Pour la production d’uranium puis de plutonium impliquant l’industrie nucléaire civile, dangereuse en elle-même, on l’a vu, pour les risques d’accidents en vol ou en mer des engins en veille, pour les pollutions et nuisances sanitaires toujours prégnantes des essais nucléaires (au Sahara et en Polynésie en ce qui concerne la France) et sur notre territoire même, au fort de Vaujours et au Polygone d’expérimentation de Moronvilliers comme l’a démontré le reportage de France 2 dans l’émission Complément d’enquête, dans : « Secret-défense : que nous cache l’État », volet « Un secret explosif » du 14/12/2017, c’est ici : ▶ et là : ▶.
Nobel de la Paix 2017
Depuis, Gilles Leproust, le maire d’Allonnes, a publiquement déclaré avoir appris — avec plaisir — l’attribution du Prix Nobel de la Paix 2017 à l’ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear weapons, le Réseau Sortir du Nucléaire adhère à cette structure), décerné le 6 octobre 2017 pour sa campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires couronnant l’adoption, le 7 juillet 2017, du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), par 122 des 192 États membres de l’ONU [7]. Soixante-dix ne l’ont donc pas signé ! Dont la France et tous les pays dotés, plus les pays de l’OTAN et les bénéficiaires de parapluies nucléaires. D’après un sondage IFOP d’octobre 2015, trois Français sur quatre sont pourtant favorables à la participation de la France à l’abolition des armes nucléaires. Lors du précédent quinquennat, 126 députés et sénateurs avaient signé une proposition de loi organisant un référendum sur cette question… Des cinq députés et des trois sénateurs sarthois, seule Françoise Dubois (PS) l’avait signée.
Complètement à rebours, notre cher pays était non seulement absent des négociations sur le TIAN, mais aussi coauteur d’un communiqué avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis annonçant qu’ils n’avaient aucune intention de le ratifier ni même d’en reconnaître les effets juridiques. Pire ! La France compte doubler ses crédits de développement des armes nucléaires. En violation totale de l’article VI du Traité sur la non prolifération desdites armes, elle en poursuit leur modernisation au Barp (33) avec le simulateur nucléaire au laser Mégajoule ; la recherche et la production de missiles nucléaires à Valduc (à Salives exactement, dans le département de la Côte-d’Or, lieu dépendant de la Direction des applications militaires et du Commissariat à l’énergie atomique) ; la mise au point du missile M51 et son armement sur les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins à l’Île Longue (missile mer-sol balistique stratégique [MSBS], dont l’ogive peut contenir plusieurs têtes nucléaires ayant chacune sa propre trajectoire) ; la recherches sur les munitions à l’uranium appauvri (armes non stratégiques, cette fois) au CEA de Grammat dans le Quercy (à Bèdes exactement)…
Elle a aussi longtemps participé à une possible propagation de ces armes en exportant des centrales (ce qu’elle regrette amèrement d’être dans l’incapacité de poursuivre) et, partant, les moyens technologiques d’en fabriquer. Au total, plus d’une quarantaine de pays seraient en mesure de se doter d’armes nucléaires !
Vœu du conseil municipal d’Allonnes
Comme pour confirmer son engagement pour une culture de paix, la municipalité a aussi voté sur un vœu le mois suivant le concert et la remise de distinction. Nous reproduisons ici ce vœu soumis à la délibération du conseil municipal d’Allonnes du 8 novembre 2017 et voté en l’état, puis publié dans Allonneinfos n° 208 de décembre 2017.
Vœu de soutien à l’Association française des communes, départements et régions pour la paix (AFCDRP) – Maires pour la Paix
« Appel de Nagasaki pour l’abolition des armes nucléaires et une paix mondiale durable »
« Maires pour la Paix » représente plus d’un milliard de citoyens à travers le monde et travaille pour l’élimination des armes nucléaires. Après avoir adhéré à l’AFCDR – Maires pour la Paix, le conseil municipal répond à l’appel de Nagasaki et adopte le plan d’action 2017 à 2020 dont les objectifs sont les suivants :
1. Encourager et faire croître l’intérêt de l’opinion publique en éduquant et en sensibilisant les futures générations à promouvoir activement la paix. En facilitant la coopération entre les villes et en créant des réseaux entre les collectivités locales.
2. Parvenir à des villes sûres et résilientes, développer les efforts pour promouvoir une culture de paix et traiter des défis communs comme le terrorisme, les réfugiés, la destruction de l’environnement…
3. Parvenir à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires.
À qui le tour ?
On l’a vu dans notre « chapô », plus de soixante-douze ans après Hiroshima et Nagasaki, aucune des 375 communes du département (nombre en baisse), n’y avaient encore adhéré. Les maires et mairies — les plus proches — qui s’y sont risqués son hors du département et toutes au Sud. En Maine-et-Loire : Durtal en 2007 (à proximité de La Flèche) ; Saint-Martin-d’Arcé, en 2007 ; Marcé, en 2008 ; Angers, en 1997 ; Saint-Philbert-du-Peuple, en 2007, et en Indre-et-Loire : Tours, en 2003 ; Saint-Pierre-des-Corps (juste à côté de Tours), en 1999…
Cependant, la plus active autour de cette adhésion (en 2008), dans le grand quart Ouest, est sans doute Saintes (en Charente-Maritime) également membre du réseau mondial Abolition 2000. Chaque année, entre le 6 et le 9 août (à 11 h 2, heure du bombardement de Nagasaki), ACDN, Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, et la mairie de Saintes célèbrent la mémoire des victimes des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki en ravivant la Flamme du désarmement nucléaire au monument aux morts, place du Palais de Justice.
La métropole sarthoise gagnerait à emboîter le pas de ces grandes villes : Tours, Angers, Saintes… et de sa plus petite voisine : Allonnes. Le nouveau ginkgo biloba patientera [8] ! Nous en avions parlé ici : ▶.
Le 11 novembre, l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre (ARAC) a aussi fêté ses cent ans de combat pour la paix à la maison des Arts d’Allonnes ! L’Arac est une association atypique dans le milieu des anciens combattants (et post-combattante pour la paix). Créée en 1917, l’Arac est aujourd’hui mobilisée « pour lutter contre la guerre, vivre mieux ensemble sans racisme, sans conflits ni armes nucléaires » (cf. Ouest-France du 14/11/2017).
[1] Le site de l’AFCDRP-Maires pour la Paix France, est ici : ▶. L’annonce de l’affiliation de la mairie d’Allonnes à Mayors for Peace est là : ▶.
[2] Dans le sillage de la Journée internationale de la Paix de l’Organisation des Nations Unies (ONU) le 21 septembre (créée en 1981).
[3] Médiation et gestion positive des conflits exercée par des pairs (élèves), en vu de réguler les conflits relationnels, violences, harcèlements, en milieu scolaire.
[4] Le collectif Music for peace s’est créé en novembre 2015, après l’attentat du Bataclan, sur l’initiative de Youkoff, artiste de rap et conseiller municipal d’Allonnes. Un CD, spécialement écrit et composé autour de la paix par les douze artistes du collectif, a été produit par le label de musique allonnais La Baraka Prod (les bénéfices ont été reversés à la solidarité internationale).
[5] Deux exemples :
— le 17/1/1966, collision entre un B-52 nucléaire et un KC-135 de l’US Air Force lors d’un ravitaillement en vol à environ 9 000 mètres d’altitude au-dessus de l’Andalousie. Trois des quatre bombes H sont retrouvées à terre près de Palomares, la quatrième tombée en mer Méditerranée sera récupérée intacte quatre-vingts jours après. Pas d’explosion mais des sols particulièrement contaminés ;
— le 22 mai 1968, le sous-marin nucléaire d’attaque américain Scorpion sombre à 700 km de l’archipel des Açores avec deux torpilles nucléaires présentes à bord au moment du naufrage.
Et ce ne sont hélas que quelques exemples. Une simple recherche sur internet édifiera les plus sceptiques.
[6] Le 27/10/1962, des trois officiers supérieurs présents à bord du sous-marin soviétique B-59 (en manœuvre en mer des Caraïbes), seul Vassili Arkhipov refusa son consentement au lancement d’une torpille nucléaire. Elle ne sera finalement pas lancée alors que tous les signaux en donnaient l’obligation, mais ce jour-là, l’humanité a échappé de justesse à l’irréparable, c’est là : ▶.
[7] Nous nourrissons cependant quelques réserves empruntées à l’appel d’un nouveau collectif pour l’abolition des armes nucléaires ! Contact possible (et signataires), ACDN : ▶.
1 / S’il (le TIAN) interdit « à jamais » la possession, la fabrication, l’acquisition, l’hébergement, le transfert, la menace d’emploi, l’emploi des armes nucléaires « en toutes circonstance », il autorise cependant un État à s’affranchir de ces interdictions un an après avoir invoqué des circonstances « extraordinaires » qui soit existent déjà, soit peuvent se présenter à tout moment !
2 / Tout comme le TNP (Traité de non prolifération des armes nucléaires), le TIAN outrepasse son objet en affirmant un « droit inaliénable de tous les États parties de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques » qu’il n’a, a priori, ni vocation à interdire ni à autoriser !
[8] Cette espèce passe pour être l’arbre le plus vieux du monde. Six d’entre-eux ont survécu à la bombe atomique d’Hiroshima. Au Japon, il est un symbole de longévité, de vie, de renouveau et… porteur d’espoir ! Et pour le monde entier, il porte un message symbolique de la résistance au nucléaire.
Crédit photos : SdN 72. Logos : copie d’écran sur le site des associations (cf. plus haut). Photos (remise de prix et attestation d’adhésion ci-dessous) : archives de la ville d »Allonnes. Affiche : repiquage dans Allonneinfos n° 208 – décembre 2017. Délibération : Service communication de la Mairie d’Allonnes.