Samedi 14 avril 2018 (de 10 heures à pas d’heure) – Montflours (Mayenne)
Ce samedi, c’était la troisième édition du festival antinucléaire rural de chez rural [1] Avant qu’ça pète ! à Montflours, en Mayenne. Les retours de Sarthoises militantes de SdN 72 présentes à la précédente édition nous en disaient le plus grand bien. On confirme ! Organisé entre le 11 mars et le 26 avril, y verriez-vous une relation de cause à effet ?
À la manœuvre
Le groupe Sortir du nucléaire 53 et la BAM (Brasserie Associative de Montflours) sont la cheville ouvrière de ce festival sis sur la ferme de la Goronnière, au GAEC « Les Radis & Co », à Montflours, en Mayenne [2].
Patte blanche
Franchir le seuil de la fête vous met d’emblée — gentiment — dans l’ambiance. Mur de « colis » nucléaires jaunes estampillés d’un trèfle radioactif bien noir (photos). Sas de contrôle obligatoire pour tous avant de pénétrer « l’entresort », avec personnel masqué et combinaison NBC (Nucléaire biologique et chimique). Pas de doute, ça « déton·n·e » et… ça vapote au passage, juste un peu moins qu’une TAR quand même (tour aéroréfrigérante) !
Table ronde et conférences en (demi) cercle
Nucléaire : perspectives et lutte en Mayenne
Animée par Michel Perrier, cette table ronde ouverte à tous avant la pose méridienne s’est plutôt adressée aux Mayennais·es. S’y dégage une forte volonté de mettre en place des actions sur le territoire départemental visant à sensibiliser sur les dangers du nucléaire et d’informer sur les luttes actuelles, dont Bure/CIGéo et la manifestation à Bar-le-Duc, le 16 juin 2018, contre le projet d’enfouissement de déchets radioactifs (le syndrome Izé est toujours présent [cf. note 1] !)
Connu de tous, l’intervenant de cette première conférence n’était autre que Yannick Rousselet [3], chargé de campagne nucléaire chez Greenpeace France et permanent depuis 2002. Avec la limpidité déconcertante qu’on lui connaît, il a décortiqué l’ensemble de la filière nucléaire avec des focus sur l’EPR de Flamanville, d’Olkiluoto (ses plantages [tunnelier/béton/pont polaire], malfaçons, méventes, coûts, retards…) ; le cycle du combustible ; les transports (naval, ferroviaire et routier), etc. [4] et tordu le cou (entre autres questions) à nombre de projets fantasmagoriques (centrales au thorium, ITER/Wendelstein, Flex Blue) sur lesquels le public l’a interrogé.
Enfouissement : enjeux et risques
Avec Juliette Geoffroy, la relève est bien là ! Salariée du CEDRA (Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs), son intervention soutenue par un diaporama sur le dossier Bure/CIGéo et autres décharges nucléaires à l’est du pays (et La Hague) était fouillé et très technique.
Complémentaire, Jean-Marc Fleury, président et porte-parole de l’Éodra (association des élus opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs), ancien maire du petit village de Varney, à 50 km de Bure, lui, sera plus politique.
Le poin·g·t sur NDDL
Un « Camille » de la Zad/NDDL est venu faire un point sur les nouveaux enjeux après l’abandon de l’aéroport, un retour de la « guérilla rurale » de la semaine. Les interventions du matin en territoire occupé et un léger différé avec le début du rassemblement à Nantes. Aussi quelques infos utiles pour le rassemblement sur site du dimanche.
Pète la zik
Au programme de la soirée (dès 20 heures et changement toutes les heures) : Bretelle et Garance (chansons à voir) ; Vistina Orkestra (musique Klezmer et swing manouche) ; La Boétie (rock) ; Le quintet sans tête (bal folk) et Vapeurs à turbines (textes scandés).
Désolé ! On ne vous en dira hélas rien de plus, votre chroniqueur ayant rendez-vous avec Paolo Frésus au programme de l’Europajazz Festival du Mans. On fera mieux l’année prochaine.
Showroom de plein vent
Présents (qu’on me damne si j’en oublie) : le groupe local coorganisateur Sortir du nucléaire 53, ça va de soi, l’association Vents citoyens (sur un projet avancé de parc éolien citoyen) [5], table de presse sur la lutte à Bure/CIGéo, La France insoumise…
Avant qu’ça pète !, c’est encore des expos, des discutes et rencontres, des animations pour les enfants, une crêperie à la méridienne, une buvette bio non-stop, l’apéro musical et une restauration bio le soir, préparée par l’association Schmruts de Soudan (44) : un régal (produits bios, frais et de proximité) prix libre [6]), la possibilité de camper…
« Évaluation »
Festival convivial, chaleureux, festif à souhait, qui… ne se la pète pas, mais qui vaut assurément le détour, tant pour ses propositions de conférences-débats que pour la partie « pètstive » ! Pensez-y en 2019 (pour l’heure, la date n’est pas arrêtée) !
La mobilisation ce même week-end sur NDDL à Nantes le samedi et à proximité du site le dimanche (après une semaine de guérilla rurale) a forcément impacté la participation de cette année.
Nous invitons évidemment les plus proches à rejoindre le groupe local SdN 53. Contacts : sdn53@laposte.net. Éventuellement à lever le coude à la mise en bière du nucléaire, muni d’une excellente BAM (Boire avec modération) !
[1] C’est assurément la faible densité de population de la Mayenne qui avait amené l’Andra, Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, à jeter son dévolu sur un trou perdu au nord-est du département — Izé, à 10 km de Sillé-le-Guillaume — dans les années 2000 pour y lover en son sein un centre d’enfouissement de déchets nucléaires de haute activité et à vie longue (HA-VL) dans le granite du mont Rochard. Nous avons relaté cette victorieuse et emblématique lutte ici : ▶.
Rural ! Un billet « d’humour » paru dans Ouest-France du 18 mars 2018 nous enseigne aussi qu’il y aurait en Mayenne « deux fois plus de vaches que d’humains » soit « 640 000 bovins pour 307 940 habitants » ! On comprend tout !
[2] Montflours et la ferme de la Goronnière (lieu des d-ébats et festivités) sont situés à mi-chemin d’une diagonale Mayenne-Laval. Par conséquent, nous sommes au-delà de notre périmètre Sarthe et Maine, même si la localité voisine annonce Châlon-du-Maine. Nous tenions néanmoins à vous entretenir de ce rendez-vous de nos voisins mayennais. Distances : du Mans 72 km à vol d’oiseau, 86 environ par la route, 52 km de Sillé-le-Guillaume.
[3] Yannick Rousselet, chargé de campagne antinucléaire à Greenpeace est sous le coup d’une condamnation à cinq mois de prison avec sursis pour complicité suite à l’intrusion de huit militant-e-s de Greenpeace France dans la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle), le 12 octobre 2017, et au déclenchement d’un feu d’artifice au pied de la piscine d’entreposage du combustible usé. Le jugement prononcé par le tribunal de grande instance de Thionville, le 27 février 2018, a condamné six des huit militant·e·s à cinq mois de prison avec sursis, et deux autres à deux mois fermes. Déclaré coupable d’avoir informé, préparé et conduit certains activistes jusqu’au site nucléaire, Yannick a aussi été condamné à cinq mois avec sursis. L’ONG, elle aussi condamnée à 20.000 euros d’amende, a fait appel de l’ensemble des sanctions démesurées et totalement inopportunes pour des lanceurs d’alerte !
[4] La conférence de l’année passée par Dominique Malveau de Sud Rail et de Stop nucléaire portait sur les transports ferroviaires de déchets radioactifs.
[5] Vents citoyens, représenté là par Marie Figureau et Philippe Moreau, travaillent à passer la dizaine de CIER&C (Clubs d’investissement d’énergies renouvelables et citoyennes) actuelle à cinquante. La Mayenne n’est pas la Sarthe ! Ici, le conseil départemental vise cent éoliennes à l’horizon 2020 ! On en sera à dix-neuf fin 2018 en Sarthe !
[6] La participation à la fête se fait au chapeau et la restauration (juste le soir) est à prix libre (les livres et produits dérivés, les consommations sont à prix fixes.
Visuel : affiche BAM et SdN 53. Crédit photo : SdN 72 et SdN 53.