Samedi 19 octobre, de 14 heures à 22 heures – Le Mans, Institut informatique Claude-Chappe (Fac)
Ce samedi 19 octobre, Sarthe Nature Environnement (SNE) fêtait ses 40 ans ! Belle occasion de présenter son histoire, ses activités, ses succès, les restes à charge et les associations qui œuvrent avec elle.
Show room
Tout au long de l’après-midi, dans le hall de l’Institut Claude-Chappe, le forum associatif présentait les stands d’une partie des associations membres de la fédération départementale SNE, dont celui de Sortir du nucléaire 72, les Riverains et amis de Béner, le Groupement des agriculteurs biologiques de la Sarthe (GAB), Grain de sable et pomme de pin, le Fenouil Biocoop, l’Espace info-énergie, l’Association de protection du Narais et de son environnement… et encore, le travail du vidéaste naturaliste André Marseul et l’expo photos du concours « Coccinelles ».
SNE et le réseau France Nature Environnement des Pays de la Loire
La porte d’entrée incontournable de tout groupement voulant adhérer à France Nature Environnement est la structure locale, le plus généralement départementale, Sarthe Nature Environnement pour le nôtre. Elle en fédère actuellement plus d’une vingtaine. Dans le passé, ça a pu être plus, ça a pu être moins, comme ça le sera peut-être aussi dans l’avenir.
Née en 1979, l’association a donc 40 ans, mais elle n’a pas toujours porté cet acronyme. Tout a commencé avec le CCDENS, « Collectif pour la connaissance et la défense de l’environnement et de la nature en Sarthe », créé par des naturalistes et des militant·e·s de l’éducation populaire (certains issus du groupe Francas Nature) pour défendre une nature déjà gravement menacée, et plus particulièrement par Jean-Pierre et Anne-Marie Geslin. Jean-Pierre en sera le président jusqu’en 1985. Gérard Gasnier, puis Carole Deveau lui succéderont jusqu’en 1990, année ou l’imprononçable structure se transforme en Sarthe Nature Environnement.
La première présidence de SNE exercée par Charles Saudeau s’arrêtera subitement en 1992 avec son décès. Jean-Christophe Gavallet, qu’il avait « formé », lui succédera jusqu’en 2004. Élu (les Verts) au conseil régional, ce dernier passera la main à Jean Hénaff de 2004 à 2010. Depuis, Jean-Christophe Gavallet est de retour aux manettes de la fédération sarthoise, et, depuis 2015, de la fédération régionale.
Ladite fédération régionale France Nature Environnement des Pays de la Loire a été créée en 2008. Mais elle avait elle aussi préexisté sous le nom de Frapel. Aujourd’hui, elle fédère une centaine d’associations. La structure nationale, France Nature Environnement, coordonne les fédérations régionales et entretient des liens avec les fédérations environnementales d’autres pays (surtout européens) et/ou d’ONG anglo-saxonnes.
Régie par la loi du 1er juillet 1901, SNE a reçu les agréments Jeunesse & Éducation populaire (10 mars 1981) et Protection de la nature (19 juillet 1983). Ces agréments lui permettent de participer à plus de cinquante commissions départementales et régionales (cf. § Synergie infra), et de veiller au respect de la réglementation et d’ester en justice pour des faits de pollution, de destruction, etc. L’association regroupe des adhérents individuels et fédère les associations sarthoises de protection et/ou de découverte de la nature, ou qui défendent leur cadre de vie. Ses buts sont de faire connaître, éduquer, défendre et protéger l’environnement et la nature sur le territoire.
SNE et/ou FNE vivent avec des subventions publiques (avec des plafonds volontairement limités lui évitant tout assujettissement), des aides de collectivités ou de partenariats avec des entreprises en accord avec la charte FNE et qui en acceptent toutes les conditions, enfin des cotisations de ses adhérents et plus marginalement de financements participatifs.
Xavier, un référent FNE des Pays de la Loire, a aussi présenté l’outil numérique « Sentinelles de la nature », dont chacun peut se saisir à partir d’un compte pour faire un signalement d’atteinte à l’environnement à partir de son témoignage, de photos, etc., et à l’inverse du traitement de ces incivilités, c’est là : ▶.
Selon ses aptitudes en interne, chaque structure peut travailler sur une ou plusieurs thématiques choisies : forêt, mobilité, eau, biodiversité, sol, énergie, Trame Verte et Bleue… et (ou pas) se voir conforter d’un·e salarié·e. Localement, SNE travaille sur les thématiques déchets et juridique (avec une salariée).
Outre un travail d’analyse en profondeur des dossiers clivants dont elle et les associations périphériques se saisissent, SNE présente aussi des animations autour de plusieurs thèmes, comme le compostage, les déchets, la biodiversité, le jardin naturel, la pollution intérieure, l’eau… Le siège local dispose aussi d’un centre de ressources, propose des formations… Bref, il est indispensable de consulter les coordonnées de SNE, de s’y rendre et de visiter les URL en lien ci-dessous.
Et le nucléaire dans tout ça ?
Notre propos antinucléaire s’est évidemment très normalement fondu dans celui d’une assemblée rangée — et depuis longtemps — à la nécessité d’une sortie du nucléaire. Célébrer quatre décennies de nombreuses luttes environnementalistes a forcément réactivé les mémoires rétroactives. De l’A 28 et son pique-prune aux grandes manifs antinucléaires de Plogoff, du Canet, du Pellerin (des combats gagnés) en passant par les pièges à passereaux des poteaux téléphoniques creux et les innombrables sites envisagés par le plan Messmer de 200 réacteurs (dont celui de Brétignolles-sur-Mer que nous avions oublié et que la lutte actuelle contre le port de plaisance a rappelé à nos souvenirs). Des carrières au projet d’enfouissement de déchets radioactifs à Izé (12 km de Sillé-le-Guillaume).
Forcément, le hall d’accueil a aussi bruit, selon un rituel désormais bien rodé, des dernières annonces, démentis puis confirmation du président d’EDF, de certains membres du gouvernement envisageant l’éventuelle construction de six nouveaux réacteurs de type EPR [1].
Au hasard d’une rencontre, on a pu également évoquer le glissement du contrôle des conditions de travail par l’Inspection du Travail dans les centrales nucléaires vers l’Autorité de sûreté nucléaire via la loi Transparence et sécurité en matière nucléaire de 2006 [2]. Sur cette décennie, les conditions de travail des agents et nomades du nucléaire ne se sont sans doute jamais autant dégradées… Sans parler des deux morts et accidentés du chantier de l’EPR de Flamanville, de ses salariés clandestins, etc.
Ce ne sont évidemment, ici, que des morceaux choisis parmi bien d’autres échanges.
Malgré les porosités entre les structures présentes, chacune a néanmoins pu apprendre des autres et s’ouvrir à leurs spécificités, voire tricoter ou retricoter des liens…
Synergie
Par l’entremise de Sarthe Nature Environnement — qui bénéficie de l’agrément « association d’intérêt général œuvrant pour la protection de la nature et de l’environnement » (renouvelable tous les cinq ans) —, le coprésident de SdN 72, Martial Château (aussi ex-professeur de physique-chimie), siège à la Commission locale d’information (CLI) de l’entreprise Ionisos de Sablé-sur-Sarthe, seul établissement du département classé « installation nucléaire de base » (INB, comme n’importe quel autre réacteur du parc nucléaire). Plusieurs pages de ce site rendent compte de ces CLI, des manifestations autour de l’établissement (parfois avec d’autres associations dont SNE), etc. Taper « Ionisos » dans « Recherche » sur notre page d’accueil. Vous pouvez retrouver les comptes rendus de cette instance (enfin mis à jour grâce à notre insistance lors de la CLI publique du 21 mai 2019) sur le site du conseil départemental, ici : ▶.
Échanges de bon procédés : Sarthe Nature Environnement adhère à Sortir du nucléaire 72 et inversement. SNE adhère également au Réseau Sortir du nucléaire (structure nationale).
Vidéo·s
Le milieu d’après-midi s’est poursuivi avec les projections de courts métrages du naturaliste et entomologiste amateur André Marseul [3], macro-vidéaste éclairé et éclairant sur les insectes en général (aussi oiseaux, serpents…) et plus particulièrement et passionnellement sur le collembole, à la clé de détermination… compliquée, dont Oscar ! Loin des palmarès hollywoodiens, l’ordinaire de cet Oscar-là est moins habitué aux feux de la rampe qu’aux ténèbres et à l’humidité de l’humus des sous-bois. La bestiole surprend par ses sauts démesurés effectués grâce à son surprenant appendice saltatoire fourchu (sorte de catapulte) appelé « furca », et surprend encore par une originale paire d’organes de préhension qu’on vous laisse découvrir.
Concours de photos
Sélection oblige, une seule des cinquante-sept contributions au concours de photos sur le thème « Coccinelles » a été retenue. Dur, mais pédagogique… Pas loin de la moitié représentait des espèces invasives exclues des prérequis. Dans son embarrassant choix, sur la trentaine de clichés restants présentés au centre du hall, le jury a décerné la palme à Bruno Aubin.
Ronan Ronan, une fois !
« Chansons bricolées… » pour terminer. Grosse régalade en fin de soirée avec l’artiste dégagé Ronan Ronan [4], ex-banjo des « Fils de Teuhpu », et là, multi-instrumentiste (guitare, basse, banjo, trompette, accordéon) accompagné par une kyrielle de vistemboirs pour la partie rythmique-percussions. Homme-orchestre et bidouilleur électronique, grâce à une pédale de boucle, il superpose et manigance ses samples redondants en live. Ses textes courts oscillent entre humour, férocité et gravité avec le jeu de mots souvent au coin de la composition. Pas un hasard s’il se dit fan de Bobby Lapointe ! Manceau depuis 2008, il était là en circuit court. Et ce soir-là en proximité avec un public conquis et participatif sur le parquet.
Rendre l’avenir possible…
Terminons avec cette citation d’un ex-Manceau, Antoine de Saint-Exupéry (élève de Sainte-Croix, qui a vécu au Mans de 1909 à 1914) : « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible. »
Coordonnées et contacts : Sarthe Nature Environnement, 10 rue Barbier, 72000 Le Mans. Tél. 02 43 88 59 48. Courriel : sarthe-nature-env@wanadoo.fr ou encore : service-civique-sne@orange.fr. Pour visiter le site internet local de SNE 72, c’est ici : ▶. Sur le site de la structure régionale Pays de la Loire, c’est là : ▶.
[1] Dans une lettre au président d’EDF datée du 12 octobre (révélée par Le Monde le 14), le gouvernement lui communiquait une feuille de route précise déjà préconisée par le rapport Collet-Billon-Escatha conduisant à la construction de six réacteurs EPR sur les quinze prochaines années.
[2] La loi TSN de 2006 a confié à l’ASN les missions d’inspection du travail dans les centrales nucléaires. Depuis, elle est en charge du contrôle des conditions de travail des salariés d’EDF, mais également celles de ses prestataires et des sous-traitants.
[3] Octogénaire (masqué), ex-fraiseur et longtemps professeur technique à l’AFP du Mans. Aussi pédagogue à l’atelier qu’à la caméra, il en anime désormais (des ateliers) avec les enfants de la commune de La Chapelle-Saint-Aubin, notamment dans les centres de loisirs, etc. On le retrouvera aussi au 7e Festival Nature de Moncé-en-Belin les 17, 18 et 19 janvier 2020, où nous serons également. Son blog est là : ▶.
[4] Son premier album intitulé « Copier-coller » est sorti en 2006. Les suivants nous échappent pour l’instant. Si nécessaire, on répare dès que possible.
Affiche : SNE 72. Photo du stand SdN 72 : Hélène Burel-Poignant. Autres : SdN 72.