Janvier 2020 — Conlie et Neuvillalais
Depuis quelques jours, le « Parc éolien de la plaine conlinoise » est en service ! Les premières études de faisabilité remontent à 2012 et la première présentation du projet au public début juillet 2016.
Parc éolien de la plaine conlinoise
Plus encore que les éoliennes de Lavernat (culminant à 150 m) que nous avions qualifié de « Caresseuses d’étoiles », c’est là : ▶, celles du « Parc éolien de la plaine conlinoise », en Champagne sarthoise, méritent cette métaphore. Au solstice de la ronde de leurs interminables ailes, la toise valide 179,90 m ! On arrondira à 180 [2] !
En matière de « parc et ferme éolienne », on s’attend en général à plus de deux engins. Celui-ci ne comprend effectivement « que » deux aérogénérateurs : un sur les communes de Conlie et un sur celle de Neuvillalais. Toutefois, plus au nord, un second parc de quatre machines, dit « Parc éolien de la Champagne conlinoise », piloté par Total Quadran, s’est aussi érigé dans le même tempo sur ces deux bourgades. Et, deux autres parcs sont également envisagés au nord. L’un entre Neuvillalais et Mézières-sous-Lavardin, l’autre entre Crissé et Vernie. Retrouvez ces trois occurrences ici : ▶.
Bien qu’en morne plaine, sans haies, sans arbres, les deux turbines se trouvent en arrière-fond du massif silo vert de la société Agrial (à droite en entrée de ville, en allant vers Sillé-le-Guillaume), en devers de la butte de Vinay, au lieudit l’Épinay exactement. Droites comme des I, à la différence du clocher de Domfront ! À leur passage à midi, on l’a vu, les pales plafonnent à 179,90 m (le mât et la nacelle étant à 105 m). Ces deux éoliennes de fabrication danoise, espacées de 450 m, sont de type Vestas V150 (d’un diamètre de rotor de 150 m, soit des pales de 73,7 m [3] plus le moyeu central). Ici, c’est le groupe Energy Team qui est le porteur du projet.
D’une puissance électrique de 3 MW par éolienne, la production attendue des deux machines a été évaluée à 15 GW/h par an et devrait correspondre à la consommation annuelle en électricité de plus de 5 500 personnes, soit plus que la population de la communauté de communes (hors chauffage électrique et eau chaude, bien sûr, une particularité et une ineptie toute franco-française, interdite et/ou soumise à autorisation ailleurs). Au passage, la communauté des humains s’affranchit de 3100 tonnes de CO², si toutefois elle stoppe et s’abstient de l’ivresse de consommer toujours plus.
L’investissement estimé est à hauteur de 6 millions d’euros. À la différence du parc voisin (de Total Quadran), le développeur de celui-ci n’a pas souhaité recourir à l’investissement participatif, un de ses responsables estimant même que ça n’avait rien de déterminant d’un point de vue comptable.
Il suffit de passer le pont
Fabriquées en Espagne, les six pales ont été embarquées au port d’Escombreras (en Méditerranée, sud-est de la péninsule) à bord du Sloman Discharger et ont été réservées quelque temps (mi-octobre) au terminal du grand Ouest de Montoire-de-Bretagne (pour sa proximité avec Conlie et Neuvillalais), via le port de Saint-Nazaire. De là, elles ont emprunté les voies routières jusqu’à une aire d’attente proche de la gare de Conlie. Puis aériennes…
Ce chantier s’est en effet caractérisé par une contrainte d’accès à ce territoire et d’une sorte de challenge pour enjamber la voie ferrée à proximité de la gare de Conlie. Soit un pont routier dans une courbe, sous voie ferrée infranchissable. Un véritable trou à souris que les hauts et longs camions semi-remorques porte-pales supportant leurs longilignes courbes (pas loin de 100 m en tout) à fort rayon de courbe ne pouvaient emprunter. L’opération s’est donc faite par les airs, par-dessus les caténaires de la ligne TER Le Mans-Rennes [4], à environ 10 m au-dessus des voies, de nuit, les 2 et 3 puis 9 et 10 novembre. Une manœuvre présentée par l’opérateur Energie Team comme une première en France, guidées par un signaleur qui a mobilisé deux grues dont l’une des plus grandes du marché. Une vidéo de cette manip est proposée ici : ▶.
Neuvillalais Le méridien de Greenwich traverse de part en part la petite commune de Neuvillalais. Sa trace, visible devant l’église du village, est matérialisée au sol par une bande réalisée en pavés (photo cerclée ci-dessous) qui coupe la rue principale dite rue du Méridien, en diagonale.
[1] Terme de fauconnerie. Secouer les ailes en restant à la même place dans l’air.
[2] Pour comparer, le mât à haubans de l’émetteur de Le Mans-Mayet (transmission de la radio FM et télévision) que toute la Sarthe d’hier a été reluquer en deudeuche (Citroën 2 CV) ou en quatre pattes (Renault 4 CV) culminait à 300 mètres de haut à sa construction (au début des années 1960). Il est aujourd’hui et depuis 1993 à 342 mètres (le pied de l’ancien mât — un projet du sculpteur de Courdemanche Jean-Bernard Métais — est exposé dans une boîte à reflets sur la place de Mayet, devant l’office de tourisme). Les deux de Rouillon, près du Mans, sont à 90 mètres. Antenne comprise, la Tour Eiffel culmine à 324 m.
[3] Avec leurs 73,7 mètres, ces pales d’éoliennes au sol du constructeur Vestas sont les plus longues de France. Cependant, elles ne sont pas les plus hautes éoliennes du pays. Avec un rotor de « seulement » 115 m, celles du parc de Chamole, à Poligny, dans le Jura (six éoliennes avec financement participatif de citoyen·ne·s et de collectivités territoriales) chapeautent à 193 m et produisent la consommation annuelle de douze mille foyers.
[4] Caténaire, dont l’alimentation a évidemment été coupée pendant l’opération pour des raisons évidentes de sécurité (mais pas la ligne haute tension à proximité) et le trafic ferroviaire détourné et réorganisé. Trois autres dates avaient également été retenues en cas d’intempéries, notamment en cas de vents supérieurs à 45 km/h. La circulation routière dans le secteur a été elle aussi bloquée.
Crédit photos : SdN 72.