Samedi 12 mars 2022 – Le Mans, Sarthe.
Alors que la planète s’échauffe et le climat s’emballe, l’est européen s’embrase sous un déluge de mitraille et promet de faire exploser les thermomètres via une course aux armements exacerbée par l’angoisse et/ou leur emploi massif, si ce n’est par le recours à des armes thermonucléaires [1] !
Ouvrir les yeux !
Les Sarthois·e·s ont, eux aussi, comme beaucoup sur la planète, marché pour le climat et la justice sociale. En France, l’événement baptisé « Look up » [2] a mobilisé plus de 80 000 personnes selon la presse, dans au moins 135 villes [3]. En Sarthe, le rassemblement puis le cortège qui a arpenté les artères de la ville (République, Éperon, Jacobins, préfecture, République) a réuni 300 quidams selon le journal Ouest-France qui a souvent la dent dure en terme d’effectifs. 300 aussi — sans compter les enfants — selon les ex-Renseignements généraux (DGSI). La créativité graphique des susdits jeunes notamment participait également de l’animation de cet après-midi (photos). Localement, l’initiative était soutenue et relayée par le Collectif Alternatiba et de Greenpeace (ci-dessous en photo avec le globe terrestre).
Électrons présidentiels
Ce 12 mars, c’était aussi au lendemain de la 11e célébration de la triple catastrophe de Fukushima [4]. SdN 72 ne l’a pas oublié ! Prétérition·s : on ne vous dira pas que l’omission de ce rappel et l’absence de condamnation de l’industrie nucléaire comme éventuelle solution pour le climat dans l’appel à cette journée nationale ne nous a pas chiffonnés. Pourtant, si le groupe n’a ni célébré ni rappelé directement cette commémoration, il était bien présent et a communiqué sur sa thématique pour un véritable avenir décarboné et débarrassé du nucléaire [5].
Outre la préoccupation climatique — partagée par SdN 72 —, le groupe a plus particulièrement mis l’accent sur la nucléarisation du bassin versant de la Loire (photo banderole) et communiqué sur notre soirée (avec nos partenaires) du jeudi 17 mars à venir, au Mans, introduite avec la projection d’extraits du documentaire Tcherno-Blaye (de France 2) suivi d’un débat avec Thierry Gadault [6], via le tract ci-dessous. Son thème sera : « Que penser de la campagne médiatique du gouvernement et d’EDF pour la relance du nucléaire ? » Eh oui, nous sommes à moins d’un mois du premier tour de la présidentielle dont neuf des douze candidat·e·s sont des nucléocrates invétérés et pour la relance du nucléaire malgré tout ce que l’on en sait. Retrouvez l’événement, ici : ▶ à venir.
Lever le pied
Depuis toujours, le mouvement antinucléaire préconise la modération, la sobriété, l’efficacité énergétique et le grand remplacement du nucléaire et des flux issus d’extraction par des énergies renouvelables. À 180° du Medef sarthois, qui deux jours auparavant (jeudi 10 mars 2022, à l’abbaye de l’Épau) avait invité une singulière « paroissienne » (infra) : Anne Lauvergeon, alias Atomic Anne, pour une conférence ayant pour thématique récurrente de « booster le développement et l’innovation des entreprises ». Sarthoise à ses temps perdus, celle qui, dix ans durant (de 2001 à 2011), dirigea Areva [7] (devenu Orano), nous engagea gravement dans le problématique EPR Olkiluoto-3, les déconvenues techniques et financières qu’on connaît de cette filière en Finlande, voire du rachat hasardeux et décrié à une société canadienne de « gisements » d’uranium véreux en Afrique. Décidément bien inspiré, le Medef sarthois ?
Notes
[1] Le 22 février Vladimir Poutine prévenait — et pour tout dire menaçait — d’une manière on ne peut plus explicite « ceux qui tenteraient de se mettre en travers » du chemin de la Russie : « Les conséquences seront telles que vous n’en avez jamais vues dans votre histoire. » Le 28 février, il avait de nouveau agité et identifié clairement cette menace en déclarant que les forces de dissuasion nucléaires russes avaient été placées en « régime spécial d’alerte. » Affairé à ces sinistres desseins, on comprend mieux que Poutine avait boudé la COP 26 (du 31 octobre au 12 novembre 2021) à Glasgow !
[2] Marches « Look up », en référence au film d’Adam MacKay « Don’t look up », une métaphore sur le déni climatique sorti sur Netflix fin 2021.
[3] Aussi dans nombreuses communes, comme chez nos voisin·e·s de Pré-en-Pail-Saint-Samson (Mayenne) et/ou ailleurs en semaine à l’initiative des lycéen·ne·s.
[4] Alors que des conservateurs et des « progressistes » pour ne pas dire révisionnistes persistent à ne la considérer que comme un accident sismique suivi d’un tsunami, occultant que si elle n’avait pas été nucléaire, la zone serait déjà réinvestie, industrialisée… comme si rien n’était, ou presque.
[5] Hélas, il restera encore à solder l’incommensurable passif : fermetures, démantèlements, déchets, armes… ; impacts climatiques, sociaux, financiers… Un lourd, très lourd passif légué à d’innombrables générations à venir.
[6] Journaliste d’investigation indépendant, auteur de nombreux livres dont « Nucléaire, danger immédiat », « Massacre à la tronçonneuse. Climat, parasites, crise budgétaire… Nos forêts en état d’urgence ». Nous avions déjà reçu Thierry Gadault, le samedi 23 mars 2019, dans le cadre de l’action « De Chinon à Flamanville, sur la route du combustible nucléaire » pour une soirée avec le film Nucléaire : la fin d’un mythe, de Bernard Nicolas, Hugues Demeude et Thierry Gadault qui intervenait sur son travail et qui avait assuré la conférence-débat post-projection, c’est ici : ▶.
[7] Nom sorti du chapeau d’Anne Lauvergeon, inspirée par l’abbaye cistercienne espagnole d’Arevalo (d’ou… « paroissienne », supra) lorsqu’il avait fallu trouver un nom au groupe nucléaire en 2001.
Crédits photos : SDN 72. Visuel de l’événement : Mouvement climat.