Février 2024 – Sarthe, et bien au-delà
Ainsi, donc, après nous avoir vendu le nucléaire comme une énergie peu chère [1], indépendante… (syndrome post-choc pétrolier) [2] et autres mystifications, elle nous est désormais servie comme une énergie décarbonée, ce qu’elle n’est foutre pas (cf. encadré infra). Pas plus que ne l’est — prétendument et encore pour longtemps — l’hydrogène produit à 94 % à base d’énergies fossiles et qui ne sera pas plus vertueux si d’aventure il devait l’être massivement à partir d’électricité nucléaire.
Antiennes
Le nucléaire décarboné, autant le dire cash, une idée reçue, convenue, colportée, ânonnée par d’innombrables sources d’information et réseaux, et souvent de désinformation sur ce sujet… En France, notamment, qui, sans surprise, conforte cette option imposée de président en président, de gouvernement en gouvernement, de majorité en majorité (et même en minorité), d’influenceurs en lobbyistes, de « jancovicisés » en « lesggysés » [3], de nucléophiles en nucléolâtres depuis des décennies ! Mais aussi, quasi reprise à l’unisson par tout un chacun, malgré tous les signaux documentés de la baisse (voire du renoncement) du nucléaire chez nos voisins et dans le monde (c’est ici : ▶), de la vertigineuse montée des énergies renouvelables au-delà de nos frontières [4] quand la préoccupation majeure de l’exécutif demeure chez nous de les contenir, sans trop faire d’ombre au nucléaire.
Résiiiiiiiste ! Prouve que tu existes !
Ce n’est pas en répétant un mensonge qu’il devient une vérité. Présenter en boucle le nucléaire comme une énergie « propre » parce que « décarbonée » nous y mène pourtant tout droit. Il nous revient de rétablir les vérités factuelles sur cette filière aussi souvent qu’il nous est possible de le faire, sans se lasser. Occasionnellement, des médias offrent leur colonnes à leurs lecteurs rangés à nos arguments (courrier des lecteurs pour Ouest-France, blog pour le Blog de Médiapart…). Germaine — militante SdN 72 — a dernièrement expérimenté cette opportunité en déconstruisant l’argument dit d’une « énergie nucléaire décarbonée » avancé dans le dossier intitulé « Quel avenir pour l’industrie automobile » (pages 13 à 20), coécrit par Dominique Rousseau, de la CFDT Renault Le Mans, sur l’avenir de l’automobile paru dans le journal « Témoignage » de l’Action catholique ouvrière (ACO) n° 610 d’octobre 2023, c’est là : ▶. La phrase incriminée est au paragraphe : Faire plus pour sortir du pétrole et du tout-électrique de la page 15 : … « En France, les alternatives à l’électrique ont peu d’écho. L’électricité en France est décarbonée grâce au nucléaire. Malgré l’addition d’énergies renouvelables, cela ne suffit pas à répondre au besoin d’électricité, notamment l’hiver » …
Vous trouverez ci-dessous le fac-similé de la réaction de Germaine parue dans le n° 612 de cette revue.
L’argument « énergie nucléaire décarbonée » a la vie dure et n’est pas en passe d’atteindre sa « demi-vie » avant longtemps, tant « les préjugés sont plus difficiles à briser qu’un atome » affirmait Albert Einstein qu’on site ici dans le désordre. Pour la rédaction de Témoignage, le débat est ouvert, c’est un pas que beaucoup n’ont pas encore franchi.
Notes
[1] Voire, quasi gratuite dans les années soixante, on en voit la pertinence aujourd’hui ou son prix (taxes comprises) a augmenté de 40 % en deux ans !
[2] Un mensonge qui s’éternise ! La France n’exploite plus aucun des 200 gisements d’uranium répartis sur 27 départements (sites qu’elle n’a pour autant ni vraiment sécurisés ni vraiment dépollués) et l’importe depuis les années 2000 en totalité. L’uranium de retraitement l’est tout autant et exclusivement de la Russie même en ces temps « d’opération spéciale » impérialiste.
[3] Jean-Marc Jancovici, buzzman et bon client des médias, cofondateur de Carbone 4 et de Shift-project, promoteur du nucléaire pour une transition « dite » bas carbone et Marc Lesggy, pronucléaire itou, animateur de l’émission E=M6.
[4] La France étant classée bonne dernière de la Communauté européenne concernant ses objectifs, soit : 19,1 % de la consommation finale brute énergétique de l’Hexagone quand elle s’était engagée à atteindre les peu ambitieux 23 %.
Illustration : SdN 72. Encart de la page 15 (courrier des lecteurs) de Témoignage, journal de l’Action catholique ouvrière n° 612 de décembre 2023 : capture d’écran.