13 juillet 1960 — Reggane (Algérie)
1954. Le président du Conseil Pierre Mendès-France initie les premiers travaux sur la bombe atomique française.
La construction du site de Reggane (sud de l’Algérie) débute en juillet 1957.
En avril 1958, Félix Gaillard, Premier ministre sous la présidence de René Coty, décide que ce premier essai de bombe nucléaire française, aura lieu au début de l’année 1960 et que le site de test sera localisé au Sahara.
Le premier essai nucléaire français, Gerboise Bleue, est effectué le 13 février 1960, sous la présidence de Charles de Gaulle. C’est une bombe A d’une puissance relativement faible (quatre fois Hiroshima quand même…) alors que les États-Unis, l’Urss et la Grande-Bretagne disposent déjà de la technologie de la bombe H. M’enfin ! elle intègre le quarteron des puissances nucléaires. C’était son objectif. Selon un document déclassifié depuis le 4 avril 2013 (mais seulement rendu public le 14 février 2014), le nuage radioactif traversera le désert, atteindra Tamanrasset, l’Afrique subsaharienne, l’Afrique centrale, puis il remontera vers l’Afrique de l’ouest et quinze jours plus tard il atteindra les côtes méditerranéennes espagnoles et une bonne moitié de la Sicile. Qu’importe ! la France procèdera à trois autres tirs, certes, de moindre puissance : Gerboise blanche, rouge et verte.
Le 7 novembre 1961, la France réalise son premier essai nucléaire souterrain. Mais, le 1er mai 1962, lors du deuxième essai, un nuage radioactif s’échappe malencontreusement de la galerie de tir, la roche ayant été fragilisée lors du premier essai. C’est l’accident de Béryl (du nom de code de l’essai).
De novembre 1961 à février 1966, treize tirs en galerie sont effectués dont quatre n’ont pas été totalement contenus ou confinés (Béryl, Améthyste, Rubis, Jade). Les accords d’Évian ayant prévu que la France devait abandonner ses expériences au Sahara (une clause secrète prévoit tout de même que la France pourra encore exploiter pendant cinq ans les bases d’essais nucléaires ainsi que la base de lancement de missiles de Colomb-Béchar et la base de lancement de fusées d’Hammaguir, vingt ans pour la base d’essais chimiques de B2-Namous).
Au total, dix-sept essais nucléaires secrets sont effectués dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966. Par la suite (1966-1996), l’État français conduira ses essais dans le Pacifique. Tout le monde connait Mururoa, moins Fangataufa. En tahitien, mururoa veut dire… le grand secret. D’innombrable opérateurs civils et d’autant plus de militaires, mais aussi les autochtones, seront victimes directes ou indirectes de ses essais nucléaires pratiqués au Sahara et/ou dans les îles du Pacifique. L’impact sur leur santé avéré, mais les responsables politiques de l’État Français quelqu’ils soient réchignent invariablement à prendre sérieusement en compte leurs doléances (1).
(1) En Sarthe, une association lutte pour lever ce secret et réclame « Vérité et justice ». L’Aven (Association des vétérans des essais nucléaires) est mobilisée depuis de nombreuses années pour la reconnaissance et un droit à réparation des préjudices pour les vétérans souffrant d’une maladie radio-induite par les essais nucléaires. Son site national est là : ▶. Vous y trouverez évidemment le correspondant local du moment.