Lundi 25 Juillet 2014 – Champfleur, Béthon, Cherisay
Ce parc éolien avait d’abord été envisagé pour une jauge de huit aérogénérateurs, mais il a finalement été revu à la baisse par le commanditaire lui-même pour réduire l’impact acoustique et paysager. C’est donc pour un projet de six unités que le préfet régional des Pays de la Loire avait provisoirement donné son aval et sur lequel l’enquête publique a été menée en juin 2011. A la suite, le commissaire-enquêteur avait lui aussi avalisé le projet porté par la société Éole Génération.
Les six éoliennes seront réparties en deux lignes de trois mâts, érigées sur une plaine ouverte des suites malheureuses de plusieurs remembrements et déjà impactée par des pylônes d’une ligne THT et par la saignée de l’A 28 Le Mans-Alençon (quelques haies devront être replantées). Pourtant, aucune hostilité notoire n’a marqué l’enquête d’utilité publique. Les enquêtés, les maires et élus, tous d’accord. Idem les propriétaires pour louer leurs parcelles. Seule exception, comme à Voutré, Dissay-sous-Courcillon… : un aristocrate chagrin du château de Courtilloles, sans doute là à seule fin de corroborer une analyse du couple Pinçon-Charlot, sociologues bien connus qui avancent que « de façon générale, l’aristocratie française est farouchement opposée à l’installation d’éoliennes sur le territoire » voire que les associations « antiéoliennes sont dirigées directement ou en sous-main par la noblesse française ». Hors, il s’en trouve une ici, d’association : « Environnement Nord-Sarthe (1) » (adhérente au Réseau Sortir du nucléaire) qui, elle, est pour ledit parc éolien.
Un projet, des investissements, des équipements et des dividendes privés. L’intérêt collectif s’y retrouvera au travers d’une production annuelle décarbonée et diversifiée — non nucléaire — de 25 000 000 kWh (l’équivalent de la consommation annuelle de 7 200 foyers de quatre personnes, hors chauffage). Mais aussi l’économie d’émission de 820 g de CO2 par kWh produit, soit environ 20 730 tonnes de CO2 par an… Impôts locaux et taxe foncière des habitants des trois villages concernés pourraient aussi y trouver un avantage, l’exploitant étant lui aussi (et même si c’est de moins en moins vrai) astreint à la taxe foncière et professionnelle au profit des communes, communautés de communes… Rien de comparable ici, et de loin, avec le pernicieux et dévoyé arrosage financier des agglomérations accueillant des réacteurs nucléaires par EDF ou AREVA.
(1) Une de ses nombreuses préoccupations, la protection du biotope de la Geste Blanche. Le blog de l’association ENS est là : ▶.
A proximité, le Fanum de Oisseau-le-Petit ne sera pas ou très peu impacté par le voisinage du parc.
Par contre, les éoliennes seront bien visibles de la motte féodale et de la porte Saint-Rémy du village de Bourg-le-Roi, connu pour sa fête médiévale et son musée de la broderie (spécialité : le point de Beauvais). Ici, les remembrements successifs sont aussi la cause du dénuement paysager.
À la belle saison, Champfleur accueille de nombreuses expositions d’art et d’artisanat dans un curieux endroit : le lavoir du couvent des sœurs franciscaines. Construit en 1885, il est entièrement fermé et couvert (avec un séchoir à l’étage) et alimenté par les eaux de pluie ruisselant de la toiture, enfin, son plancher s’adapte au niveau de l’eau .
Toujours à Champfleur, les amoureux de la poésie et de la belle ouvrage typographique et d’impression à l’ancienne pourront visiter l’atelier de Groutel de Jacques Renou (sur rendez-vous), 25, rue Groutel, 72610 Champfleur, tel. 02 33 28 22 08, message électronique : atelierdegroutel@gmail.com
C’est à Béthon qu’a été trouvé en 2000 le seul ossement de dinosaure découvert en Sarthe sur le chantier de l’A 28. Appartenant au groupe des Lexovisaurus (herbivore), vous pouvez voir cette vertèbre au musée Vert du Mans.
N’en déplaise à l’âne culotté de l’île de Ré, Cherisay est aussi sa cité d’élection avec sa fête dédiée, une statue et même un vitrail de l’église le représentant (cf. photo ci-dessous).
Photos : SDN 72.
Addenda. — Le vendredi 20 octobre 2017, la cour administrative d’appel de Nantes a confirmé le jugement de première instance annulant les permis de construire qui avaient été octroyés à Futures Énergies, (filiale de Engie Green, ex-GDF-Suez), en septembre 2011, pour l’érection de six éoliennes à Champfleur, Béthon et Cherisay. Condamnée aux dépens, elle devra verser une somme globale de 1 500 € aux opposants. Soit : l’Association pour la sauvegarde et la protection des cônes de vue remarquables de Saint-Rigomer-des-Bois, l’association Vent Debout pour la sauvegarde des paysages, du patrimoine et de la qualité de vie de Champfleur et de ses communes limitrophes, ainsi qu’a huit riverains – dont le châtelain de Courtilloles, Guillaume Gasztowtt, pour couvrir leurs frais de justice. Au prétexte de l’anthropisation prononcée de la région (remembrements, autoroute A 87, voie ferrée, route nationale et une ligne HT), ladite société a sans doute abordé avec une certaine désinvolture l’intégration du parc avec des mesures réparatrices !
Sauf pourvoi du porteur de projet devant le Conseil d’État, ce parc pourrait bien ne pas voir le jour.