Les 27 et 28 août 2021 – Le Mans (parc de l’Île-aux-Planches), Sarthe
Pas invité à la 3e édition du Festival Zéro Déchet [1] du Mans (vendredi 27 et samedi 28 août 2021), le groupe Sortir du nucléaire 72 s’est « tapé l’incruste » dans l’entre-sort de l’événement, histoire de flécher d’autres rejets et déchets — scotomisés [2] — de notre bel Hexagone hyper nucléarisé.
L’incise de ces deux journées sera remise sur le haut de la pile le vendredi 8 octobre 2021 dans le cadre des événements : « Une semaine déterre pour utopier » piloté par Alternatiba avec l’intervenant Martial Château (de SdN 72).
Le concept « Zéro déchet » en masque-t-il d’autres ?
La ville du Mans et le Pays du Mans ont évidemment raison de sensibiliser les citoyens-administrés sur leurs (nos) déchets domestiques. Cette année, dès le 29 juillet 2021, « l’humanité avait dépensé l’ensemble des ressources que la Terre peut regénérer en un an » [3]. L’opportunité, la nature, le volume, la répartition de nos consommations est évidemment à interroger du point vue domestique comme industriel (le nucléaire bien sûr, mais aussi les EnR, etc.). Les rejets et déchets ont par ailleurs un coût pour les usagers (collectage, élimination, traitement, dégâts écologiques et sanitaires). Le sujet date d’avant avant-hier et perdure. Plus récemment, au début des années soixante-dix, l’inventeur et précurseur local de la rudologie, Jean Gouhier [4], géographe à l’université du Maine, s’était emparé de cette problématique qui peine encore à être entendue. Localement, si nos déchets ultimes une fois triés sont incinérés (avec des émissions délétères) et les calories de cette combustion réinjectées dans le réseau chaleur, il reste que « le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas ». Si les « petits gestes » restent indispensables et nécessaires à la sauvegarde du climat et de la biodiversité, il n’y suffiront toutefois pas. Néanmoins, ils contribuent utilement à une nécessaire et féconde réflexion pédagogique sur le sujet. Chaque kWh d’électricité d’origine nucléaire (70 % de l’électricité en France) consommé pour la fabrication de nos équipements, la mobilité, l’aberrant chauffage, la cuisine, l’hygiène, le bricolage, le jardinage…) produit lui aussi son lot de rejets et de déchets. Reste aux consommateurs à prendre conscience de ces enjeux et d’imprimer leurs volontés.
Retour sur ces deux après-midi
Durant près de trois heures le vendredi et quatre heures le samedi, nos militants ont noué un dialogue avec ceux et celles qui ont bien voulu s’y prêter sur une facette invisible — bien qu’absolument délétère — du fonctionnement ordinaire d’un réacteur nucléaire. Plus particulièrement, notre communication a porté sur cette part restée indicible que sont les rejets des centrales nucléaires dans l’eau, l’air et sur les sols dans leur fonctionnement quotidien. Des rejets radioactifs, chimiques, gazeux, etc., autorisés et parfois contrevenus. Tantôt dans les normes, tantôt dans l’énorme ! Mais aussi sur les prélèvements d’eau (nous les avions évoqués ici à deux reprises, c’est ici : ▶ (encadré tout en bas) et aussi là : ▶) et les déchets radioactifs. Peu ou fortement radioactifs, ils sont tous à redouter. Même les effets des petites doses sont maintenant documentés, pointés et à proscrire. Concernant les déchets nucléaires ultimes (de haute activité et à vie longue : HA-VL), le reste à charge se compte en méga (six zéros ou E6) années. Nous en avons déjà traité mais il nous reste encore du temps… pour l’approfondir (ou pas… à Bure). Dis, c’est quand qu’on arrête ?
Vous trouverez ci-dessous, dans le flyer que nous avons distribué deux après midi durant, le détail des « déjections » (sans pour autant qu’elles soient exhaustives) qui accompagnent cette énergie prétendue bas carbone — voire taxonomisable verte au niveau de l’Europe — et sensée limiter le réchauffement climatique dans le « samizdat » [5] concocté par le collectif Loire Vienne Zéro nucléaire (auquel SdN 72 participe) et plus particulièrement ici, Sortir du nucléaire Berry-Giennois-Puisaye, groupe antinucléaire voisin des centrales de Dampierre-en-Burly et Belleville-sur-Loire (distance orthodromique respective : 176 km et 208 km du Mans). Nous n’avons pas encore les volumes des rejets des centrales nucléaires de Chinon-Avoine (4 réacteurs en fonctionnement) ni de Saint-Laurent-Nouan (2 réacteurs en fonctionnement) qui, elles, sont respectivement à 86 km et 108 km du Mans, mais cela viendra.
Notes
[1] Ce « Festival » est organisé par la Ville du Mans et le Pays du Mans (Le Mans Métropole, Maine Cœur de Sarthe, Orée de Bercé Belinois, Sud-Est du Pays Manceau et Gesnois Bilurien, soit 68 communes et 301 000 habitants).
[2] Pour le coup, le mot fonctionne dans ses deux acceptions : omettre intentionnellement / passer volontairement sous silence, ou (psy) rejeter inconsciemment de sa conscience une réalité pénible.
[3] Autrement dit : en 2021, les humains vont utiliser autant de ressources écologiques que si nous vivions sur 1,7 Terre. Chaque année l’ONG Global Footprint Network calcule l’empreinte écologique des terriens et désigne la date à laquelle la consommation de l’humanité dépasse les ressources renouvelables disponibles sur la Terre, c’est là : ▶ (aussi en français).
[4] Jean Gouhier (1925-2015), rouillonnais durant quarante ans, enseignant, géographe, maître de conférences à l’université du Maine, considéré comme le fondateur du concept de rudologie (de « rudos » : décombres, et « logos » : discours). Il a notamment créé l’Institut de rudologie et le DESS de rudologie, aujourd’hui Master Déchets et Économie circulaire.
[5] Écrit critique envers les autorités, ensemble des techniques qui étaient utilisées en U.R.S.S. pour reproduire des textes interdits, à l’insu des autorités.
Illustration : visuel du Festival zéro déchet. Photo de l’installation par Luzinterruptus à Bordeaux (bâtiment gorgé de pochons plastiques jetables forçant les fenêtres à tous les étages) : SdN 72. Illuminés la nuit c’est là : ▶. Photo de l’entrée de l’Île-aux-Planches : SdN 72.