Lundi 2 février 2015, à 20 h 30 — télé francophone
Le Réseau national Sortir du nucléaire avait été sollicité par l’émission On n’est plus des pigeons pour un sujet consacré à la voiture électrique. Pour le Réseau, c’est Martial Château qui avait accepté de s’y coller.
Martial, étant aussi militant et président du groupe SDN72, on s’octroie donc un peu de la paternité de ce reportage traité ici par les producteurs avec un soupçon de légèreté et un mode badin, bien loin d’une enquête au fond mais qui remet quand même les pendules à l’heure concernant le concept de voiture « verte » abusivement vendu par les constructeurs automobiles et… condamnés pour cela (c’est là : ▶) mais aussi par tous ceux qui la promeuvent sans aucun souci d’objectivité, voire qui dépendent d’annonceurs publicitaires stipendiés par le lobby du nucléaire.
Parce qu’avant tout, surtout dans notre douce France, l’énergie consommée par ces véhicules qu’on nous vend comme propres sont entièrement dépendants d’une énergie qui, elle, est loin de l’être. Rappelons que 75 % de l’énergie électrique produite en France est d’origine nucléaire. Certes, en fonctionnement, ces voitures ne produisent pas de CO2, mais la production d’électricté, elle, en produit bel et bien, en amont (extraction du minerai, transformation en yellow cake, puis en uranium, construction des centrales) comme en aval (retraitement, démantèlement, déchets, transports, stockage sur des milliers d’années). La fabrication d’innombrables batteries requiert des métaux rares (terres rares) épuisables et nécessaires à d’autres industries, crée de nouvelles dépendances (induisant souvent d’acrobatiques relations internationales, diplomatiques, politiques, voire militaires) et leur recyclage massif compliqué.
L’émission est passée sur France 4, le lundi 2 février 2015, vous pouvez la visionner ici (durée 12’ 30’’) : ▶. Et bien sûr, sur le site du Réseau Sortir du nucléaire, ici : ▶.
Pour tous les voiturophiles de la planète, Le Mans est le nombril de l’endurance et de la vitesse. Alors qu’on s’accorde à reconnaître que rouler toujours plus vite n’est sûrement pas le modèle à faire prévaloir en matière d’accidentologie et de consommation de carburant, la voiture individuelle ne l’est pas plus dans celui de la mobilité. Toujours en recherche de légitimité, l’ACO communique beaucoup sur les retours technologiques applicables à la voiture de M. Tout-le-Monde. Ainsi, tout comme la guerre qui aurait énormément fait progresser la chirurgie, avec la compétition automobile, un mal deviendrait un bien. Et on nous cite les avancées sur ci ou ça. Imagine-t-on une compétition en marche arrière sur les Hunaudières pour valider les radars de recul !
Hier, alors que le parc automobile fonctionnait presque exclusivement à l’essence, Jacques Calvet (PDG du groupe PSA Peugeot-Talbot-Citroën) réussira le tour de force d’orienter le marché français vers le diesel et c’est seulement longtemps après que des voitures diesel concouront sur le circuit du Mans, sans doute histoire d’avaliser ce choix quasi exclusivement franco-français sur lequel tout le monde veut revenir aujourd’hui.
Alors que les voitures hybrides et électriques (1) sont déjà sur le marché depuis quelques décennies (2) et promues à grand renfort de deniers publics par A. Montebourg et S. Royal, depuis 2014 ,dans sa quête au green washing, l’ACO infléchit elle aussi sa réglementation vers ces types de motorisation. Précédant nullement ces techniques, au mieux les validera-t-elle un jour en mettant une voiture avec l’un de ces types de propulsion sur le podium. Concernant une voiture propulsée exclusivement à l’énergie électrique, la marche est encore haute (3). La Green GT de 2013 avait fait un flop ! La Zeod RC (Nissan) de 2014 itou (batteries lithium-ion)
L’assujettissement à une énergie quelqu’elle soit — essence, gazole, bornes électriques lentes ou rapides, bornes d’hydrogène, location de batteries (Renault) — reste le vrai moteur de la recherche des constructeurs. Bizarrement, l’option moteur pneumatique ou autre n’a pas retenu la même attention.
(1) Le concept de voiture électrique est presque aussi vieux que l’électricité et l’automobile. On en repère un prototype en 1830, puis trois voitures différentes dès 1881. La voiture électrique, au profil d’obus, la Jamais Contente, sera la première de toutes les automobiles à dépasser les 100 km/h sur un kilomètre, en… 1899, remplaçant le précédent record d’une autre voiture elle aussi électrique (92 km/h). Construite par le Belge Camille Jenatzy, elle est exposée au musée de de la voiture de Compiègne.
(2) AX, Saxo, 106, Clio produites dès 1998 par Heuliez à Cerizay (Deux-Sèvres) puis avec plus ou moins de réussite par Mia Electric, outrageusement soutenue par S. Royal et la région Poitou-Charentes avant de mettre la clé sous la porte.
(3) Pour information, la Zeod RC de 2014 avait pour modeste ambition de boucler un tour par relais en mode électrique (un relais s’entend d’une à deux heures…). Aux essais, rechargée sur onze tours en propulsion thermique, elle parviendra à boucler le douzième en mode électrique avec une pointe à 300 km/h sur la ligne droite bien connue. Lors de la compétition, elle abandonnera au cinquième tour !
Illustration : feu le dessinateur Cabu de Charlie Hebdo. Le second est de Red.