Samedi 15 novembre 2014 — Lavernat
Vers un parc de quatre éoliennes à Lavernat (Sud-Sarthe) ?
Cet avis, qui nous est si souvent défavorable sur d’autres infrastructures auxquelles nous sommes opposés (centrales nucléaires, centres d’enfouissement, fermes démentielles…), vaut ce qu’il vaut ! Toujours est-il que le commissaire-enquêteur, François Cléac’h, a rendu un avis favorable, le 6 novembre 2014, avec quelques réserves soumises par des riverains (cf. intra), à la demande d’autorisation préfectorale pour l’exploitation de quatre aérogénérateurs et d’un poste de livraison sur la commune de Lavernat. Une demande d’autorisation formulée par la Société Futures Energies Landes de Lavernat, basée à Lorient (1).
La genèse de ce projet remonte à 2007. Un mât de mesures météorologiques avait été érigé, au vu et au su de tous, sur la zone pressentie, en 2012. La ZDE (zone de développement éolien) avait été soumise aux élus, rendue avec avis favorable ou ne le remettant pas en cause. L’opération avait été présentée au public en mairie de Lavernat les 25 juillet et 14 septembre 2013. Les engins étant classés ICPE (installation classée pour la protection de l’environnement) depuis le Grenelle II, le projet était implicitement conditionné à une consultation publique préalable. Ladite commission d’enquête (cf. supra, dont la publicité a été étendue à un rayon de 6 km autour du périmètre, impliquant seize communes environnantes) a été ouverte sur une amplitude de trente-deux jours (dépositions sur internet possibles), du lundi 8 septembre au jeudi 9 octobre 2014, dont quatre permanences de trois heures en présence du commissaire-enquêteur.
Étonnante, la faible participation à cette enquête. Vingt-six personnes et seulement onze dépositions écrites, dont quatre émanant de chauds partisans. Une quinzaine de pétitionnaires modérés des hameaux Bellevue, Pierrelé et des Landes nullement opposés au projet mais souhaitant l’éloignement d’une des éoliennes (la E 2) et diverses autres remarques acoustiques et de sûreté (hélas, l’éloignement ne sera pas entendu). Aussi, quatre oppositions fermes venant d’habitants plus éloignés (Luceau, 2,5 km) liées à la protection des paysages et du tourisme et à la dévalorisation des biens (pendant des années, ces personnes se sont bizarrement beaucoup mieux accommodées de l’antenne de Mayet, de fait plus loin). Un bridage des machines sera appliqué lors des circonstances particulières favorisant l’émergence de bruit. Par vent fort, la mise en drapeau des pales est automatique. Une parcelle humide compensatoire de 3 ha sera restaurée sur la commune de Vaas au lieudit le Grand-Pin.
Ces quelques indications ne sont pas inutiles car, ailleurs, à Maigné, Conlie, Teloché (comme à Rouessé-Vassé dans le passé), de fortes oppositions de principe se dessinent, élaborées à partir d’un contestable argumentaire de l’organisation, très manipulée et manipulante, Vent de colère/contraire. Nous en reparlerons probablement !
Les quatre machines retenues seront des modèles GE 1,6-100 du constructeur General Electric. D’une hauteur de 146 m chacune en bout de pale, avec un moyeu à 96 m et trois pales de 48,70 m, avoisinant un diamètre de 100 m en rotation. Le combiné d’éoliennes atteindra une puissance totale de 6,48 mW (1,6 mW par éolienne) et pourra plus ou moins répondre à la consommation de 4 800 foyers (hors chauffage). L’installation sera implantée en bordure est de l’A 28 (liaison Rouen – Alençon – Le Mans – Tours), à environ 2,5 km du bourg (7 km de Château-du-Loir) et disposée en carré sur une aire dont le point le plus haut culmine à 122 m. Certaines conjonctions météorologiques (température, vent, pluie), pourront entrainer le ralentissement (bridage), voire l’arrêt des quatre machines durant les nuits des mois de mai, août et septembre, pour prévenir d‘éventuelles collisions avec les pipistrelles communes et de Khul (chiroptères) et fera l’objet d’un suivi.
La France s’était engagée à atteindre 23 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique à l’horizon 2020. Sa trajectoire actuelle ne la conduirait qu’à 17 %, bien loin de l’objectif !
(1) C’est une société « projet » (aussi dite pétitionnaire) détenue à 100 % par Futures Energies, elle-même filiale du groupe GDF-Suez (premier producteur éolien français, puissance globale estimée de 1 200 mW en 2013 [15 % de la production installée], 2 000 mW envisagés en 2017-18).
A voir dans le coin : le jardin de deux amoureux de la nature, Viviane et Raynald, Les Couleurs du temps (en référence aux quatre saisons). Cet écrin de verdure de 1,4 ha ouvre ses portes de la mi-avril jusqu’au 30 août, au lieudit la Guittière, à Lavernat (72500). C’est là : ▶.
Photos : SDN 72.