Dimanche 26 avril 2015 — Le Mans
Haec decies repetita placebit (la répétition n’est point lassante). Le 11 mars, une trentaine de manifestants de SDN 72 avait déjà commémoré Fukushima. Moins de cinquante jours plus tard, pour la célébration des vingt-neuf ans (jour pour jour) de la catastrophe de Tchernobyl (le 26 avril 1986), les militants de SDN Sarthe ont ressorti les banderoles, tracts, affiches, drapeaux, panneaux, pin’s et arguments.
Retour sur investissement militant
Nous y étions juste quelques-uns de moins pour dénoncer ce désastre durable et ses nombreuses conséquences sanitaires d’hier et d’aujourd’hui encore en Ukraine, au Bélarus, dans l’ouest de la Russie, mais aussi en Europe, et, bien entendu, en France (cf. notre tract ci-dessous). Une lancinante catastrophe toujours en cours eu égard aux très lourds reliquats de la fusion du cœur du réacteur, de l’infrastructure poreuse et irradiante de la centrale et de la pollution de son environnement s’étendant sur des lieues à la ronde. Navrante concomitance, le 26 avril 2015, deux jours après cette triste « prestation », un magistral incendie de forêt, dans les 10 km de ladite centrale, réveillait la radioactivité rémanente déposée et/ou contenue dans les arbres et les sols, le vent se chargeant de sa dispersion.
La pluie s’est malheureusement invitée durant toute notre présence d’environ une heure et demie devant la grande place des Jacobins et celle du Jet-d’Eau (au pied de la cathédrale), ne facilitant ni la distribution de nos tracts (cf. intra) ni la communication avec les chalands tout affairés à leur marché dominical. Nous y avons fort heureusement croisé des convaincus rangés à notre argumentaire mais aussi — exercice oblige — de virulents partisans de l’atome (pas tous bien inspirés, loin s’en faut), et des plus sceptiques, doutant notamment du potentiel des énergies alternatives ou d’une possible remise en cause de leur standing de vie. Pourtant, cette même semaine, la très officielle Ademe, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, placée sous la tutelle des ministères de l’écologie et de la recherche, avait apporté une réponse aux plus inquiets. Cette agence très officielle, qu’on devine fort raisonnable, rapportait, dans un document qui sera mis sous le boisseau (1), que, d’ici à 2050, 100 % de l’électricité pourrait être produite par des sources renouvelables, pour un coût voisin du nucléaire, compte tenu de sa prévisible augmentation. En ce qui nous concerne, nous n’en avons jamais douté. Par contre, nous cherchons toujours les velléités politiques qui nous feraient changer de paradigme.
Génie — civil — des Carpates aux monts d’Arrée
De son côté, Bouygues Travaux Publics a gagné le jackpot ! D’un côté, l’entreprise française a été retenue pour réaliser la nouvelle arche de confinement (2) qui coiffera le premier sarcophage devenu obsolète du réacteur de Tchernobyl accidenté en 1986 (pour lequel tant de liquidateurs ont payé de leur vie), de l’autre, le même groupe achève le génie civil de l’EPR de Flamanville (une dizaine de bâtiments industriels, la salle des machines et l’enceinte du bâtiment réacteur). Non sans avoir été jugé (verdict en cours) pour l’emploi dissimulé de centaines d’étrangers sur le chantier entre 2008 et 2012 (et grugé 22 millions d’euros à l’Urssaf et aux impôts) par l’entremise de nombreux sous-traitants. Avec Bouygues, il n’y a pas que le béton qui est précontraint ! Si le géant du BTP n’est pas responsable de la partie nucléaire, il contribue à l’édifice en amont (Flamanville), voire en aval (Tchernobyl).
Stop ou encore ?
Maïak Kychtym, Three Mile Island, Tchernobyl, Forsmark, Fukushima… il est encore temps d’éviter le pire, d’empêcher la mise en route du coûteux et dangereux EPR de Flamanville, d’autant qu’il est frappé de nombreuses malfaçons (fissures [officiellement réparées] du béton de l’enceinte interne du bâtiment réacteur, vulnérabilité aux chocs thermiques de l’acier du couvercle et du fond de la cuve [en cours]). C’est le sens de notre engagement dans la CANOuest qui œuvre d’ores et déjà pour un grand rassemblement le 1er octobre 2016 à Flamanville (Manche). Pensez dès maintenant à réserver votre week-end ! L’information permanente pour le public, serra là : ▶.
Lectures recommandées :
Le crime de Tchernobyl, de Vladimir Tchertkoff, paru en 2006.
Tchernobyl : conséquences de la catastrophe sur la population et l’environnement, de A.V. Yablokov, V.B. Nesterenko, A.V. Nesterenko et N.E. Preobrajenskaya. Une mine d’informations à opposer au discours mensonger des bilans officiels de l’OMS-AIEA. On peut le télécharger (gratuitement) ou le commander en version imprimée (en français) à l’adresse : ▶.
Pas plus gai mais en musique : Tchernobyl, de Daran, extrait de son album Le monde perdu (plage 8) : c’est là : ▶.
(1) La présentation de ce rapport prévue lors d’un colloque de l’Ademe (mi-avril) sur les énergies renouvelables a tout simplement été retirée du programme de la… loi sur la transition énergétique, en discussion au Parlement (fixant la part du nucléaire à 50 % du mix énergétique en augmentant la part de renouvelable, une promesse par ailleurs intenable [avec décodeur : on garde le parc et la production nucléaire en l’état !]). Vous pouvez en retrouver l’intégralité sur le site de Médiapart. C’est là (attention, le document fait 400 pages, il faut une quinzaine de secondes pour le téléchargement et juste un peu plus pour le lire) : ▶.
(2) En fait, un consortium regroupant les Ukrainiens et la coentreprise Novarka, soit : Bouygues et Vinci (oui ! le groupe constructeur du MMArena du Mans et de la catastrophique usine de déchets Biopole d’Angers). Fondée sur deux longrines en béton, l’arche sera ensuite glissée à son emplacement définitif. Son achèvement, prévu pour cette année, a été différé au-delà de 2017 et cherche encore son financement. Durée de vie (escomptée) de cent ans… Les Etats sont mis à contribution pour en supporter le coût et, comme toujours dans ce cas de figure, les surcoûts, déjà passés de 1,5 à 2,1 milliards d’euros. Qui dit contribution dit aussi contribuables.
Ci-dessous, l’ article de presse du quotidien local Le Maine libre. Ouest-France a bien annoncé notre événement mais n’a dépêché ni pigiste ni photographe sur notre action. Le site d’EÉ-LV Sarthe y a aussi consacré un article, c’est là : ? ▶. Plus bas, les recto et verso du tract de SDN 72 distribué en amont de ce rassemblement mais aussi pendant, aux environs du palais de justice et sur le marché.
Photos : SDN 72.
Coupure de presse du Maine libre du lundi 27 avril et l’annonce de Ouest-France.
Tract (recto + verso).
