Carte postale d’Erdeven (Morbihan)


Mi-avril 2015 — Erdeven (Morbihan)

Mi-avril, un épistolier de SDN, en vadrouille, nous a adressé ces quelques photos prises sur les dunes d’Erdeven (Morbihan) et de l’estran de la plage de Kerminihy, à proximité d’Etel. Deux semaines auparavant (les 3/4/5 avril) Stop Nucléaire 56/Trawalc’h (çà suffit !) et d’autres associations (1) avaient commémoré les 40 ans de la victoire contre un projet de centrale nucléaire à Erdeven.

40 Bougies

Erdeven monument Main verteL’évènement a rassemblé un millier de personnes autour de films documentaires, d’anciens acteurs des luttes d’Erdeven, de Plogoff, des témoins des catastrophes de Tchernobyl, Fukushima et de chercheurs spécialistes du mouvement social anti-nucléaire. Enfin, des citoyens, acteurs de projets énergétiques locaux, renouvelables et alternatifs, sont également venus témoigner de leur engagement d’aujourd’hui, sous d’autres formes. Sans oublier les ponctuations festives, bien évidemment (2). Forts de cette réussite, les protagonistes envisagent déjà de reconduire cette commémoration dans les années à venir (mais, dans une moindre ampleur, toutefois). L’idée d’un « printemps anti-nucléaire breton » serait déjà dans les tuyaux, au moins neuronaux.

Rétroviseur

aff-main-verte-erdeven 40 ansEn un temps ou les Sarthois envahissaient plutôt le littoral vendéen, le Premier Ministre du président Pompidou, Pierre Messmer (3), annonçait (le 5 mars 1974) un nouveau programme nucléaire prévoyant la construction de 200 (oui ! deux-cent) réacteurs d’ici à l’an 2000, dont cinq sites en Bretagne : Beg-an-Fry, près de Lannion,  Plogoff à la Pointe du Raz, Tréguennec en baie d’Audierne et Erdeven dans le Morbihan, puis plus tard Ploumoguer, près du Conquet. Nous n’en sommes fort heureusement « qu’à » 58 (de trop, et peut-être 59 en 2017), et, malgré une tapageuse et irresponsable incitation au chauffage électrique domestique, qui a largement dopé la consommation, toujours en surcapacité. Implicitement, il y a là, comme qui dirait, un avant goût de la voiture électrique de monsieur « toulemonde » qu’on nous promet pour demain.

Erdeven 40 ans plaque commémorativeFort heureusement, la création du CRIN Comité régional d’information nucléaire, permettra vite d’informer sur les dangers du nucléaire, de fédérer les opposants et d’aboutir à de multiples et fortes mobilisations populaires. Après plusieurs mois d’agitation dans la région, le 30 mars 1975 en sera l’apothéose. Ce jour là, 15 000 manifestants déterminés marcheront vers Erdeven. Une détermination, qui, au final, relèguera le projet aux oubliettes en novembre de la même année. Pour symboliser cette victoire et marquer les mémoires, une main verte fut érigée aux abords immédiats du massif dunaire d’Erdeven (cf. photo et affiche). Ce totem de fertilité à récemment été rénovée par l’artiste Patrig Ar Goarnig connu pour son engagement écologique et antinucléaire et sert encore de repère, 40 ans après, aux antinucléaires d’aujourd’hui.

Convergences (inattendues) des luttes !

Erdeven 40 ans (tag sur la plage)Erdeven 40 ans borne 9A la même époque la plage naturiste de Kerminihy (4) (cf. supra) sera l’objet d’une chasse aux naturistes (culs nus), digne des comédies de Jean Girault « Le gendarme de Saint-Tropez » en moins burlesque et en plus répressif. La synthèse de cette aspiration a mettre corps et vérité (nucléaire) à nu fera apparaître des slogans humoristiques et corrosifs qu’on ne retrouvera nul par ailleurs. Deux exemples : « Mieux vaut les fesses à l’air qu’une centrale nucléaire », « des tétons pas de neutron »

Cette victoire d’il y a quarante ans vaut bien cette devise : Il n’y a que les luttes qu’on ne mène pas qui sont perdues d’avance !


(1) Stop Nucléaire 56 / Trawalc’h (çà suffit !), c’est là : , Les Lucioles – Ria d’Etel en transition, Quai des Dunes et la Biocoop Belz’ Saison.

(2) Patrick Kemener à réalisé un montage vidéo sur ce week-end, à partir de ses images et celles de différentes personnes, c’est là : .   

(3) Messmer (alors ministre des armées) sera lui même irradié lors de l’essai nucléaire raté du 1er mai 1962, à In Ecker, au Sahara, via le retour d’un coup de vent et l’air conditionné du véhicule, avec lequel il déguerpissait fissa des lieux (il meurt néanmoins à 91 ans). Gaston Palewski ministre de la recherche lui aussi sur place mourra d’une leucémie en 1984. Au moins 900 civils et militaires durent être décontaminés. Parmi ces militaires, des dizaines furent hospitalisés pendant des mois en soins intensifs à l’hôpital militaire de Percy (région parisienne). Plusieurs en mourront !

(4) C’est aussi sur cette plage que s’échouera le cargo maltais TK Bremen (109 m), le 16 décembre 2011, lors de  la tempête Joachim, polluant le littoral d’hydrocarbures d’Erdeven à la presqu’île de Quiberon.


Photos : SDN 72.