Dimanche 20 septembre 2015, de 10 heures à 18 heures — à Allonnes
Tout, de l’intérêt de notre présence à la « Fête des associations » de la ville d’Allonnes ce dimanche 20 septembre, est résumé dans une citation de Nelson Mandela qu’on retrouve sous son portrait, sur la place à son nom (1), là où se tenait la manifestation : « Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès. »
Déjà présent la veille, au Mans, sur la journée « Alternatiba » (village des alternatives pour le climat, c’est là : ▶), trois membres détachés de SDN 72 ont de nouveau tenté de sensibiliser et d’associer d’autres bonnes volontés à notre combat pour la dénucléarisation civile et militaire de la France et de la planète.
Flâneurs, militants, associations…
Constat : beaucoup de flâneurs, mais aussi des témoignages intéressants. Retenons-en quelques-uns :
Celui de cette toute nouvelle Allonnaise (« nomade » du salariat flexsécurisable), longtemps voisine de la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime, à 40 km de Dieppe, 65 km de Rouen et 70 km du Havre) insécurisée par un fâcheux et menaçant voisinage de quatre réacteurs de 1300 mW chacun (mises en service commercial de décembre 1985 à juin 2006, soit plus de trente ans d’exploitation à cette heure). Une cohabitation vécue de manière anxiogène par cette femme. Réacteurs actuellement en rafistolage caractérisé (remplacement des générateurs de vapeur, échange des pompes primaires et remise à neuf des salles de commandes. Coût : 800 millions d’euros et on connaît la pertinence des devis en matière nucléaire) suivi d’un grand carénage (prescriptions post-Fukushima).
Second témoignage, cet ancien salarié de Jeumont-Schneider, d’Arnage (Flowserve aujourd’hui), installateur de pompes sur des réacteurs en construction à Bugey, passant d’un réacteur alors en chantier à un autre en fonctionnement pour partager des outillages, sans véritables information et consignes sur les protocoles de sécurité et (à l’époque) sans équipement dosimétrique sur le site opérationnel.
Un fidèle visiteur, ce militant de l’AVEN (cf. les années passées, ici : ▶, ou encore là : ▶) avec lequel nous avons échangé sur les ratés de la loi Morin (indemnisations des victimes des essais nucléaires français), que Valls s’est d’ailleurs engagé de revoir ces jours-ci (une antienne que se refilent les ministres de la défense nationale des gouvernements successifs) et quelques autres actualités.
Un instant de détente nous a fait découvrir le stand du collectif sarthois Pour une Terre plus humaine (2). L’association solidaire et humanitaire diffusait une pétition sous forme de cartes postales détachables d’Oxfam France à destination des élus départementaux et des directeurs de trois banques (cf. intra), surtitrée : « Le charbon caché de la France » (3). Contre le financement des énergies fossiles en général (responsables de 80 % des émissions de CO² à l’échelle mondiale) et le charbon en particulier (43 % à lui seul) par le secteur privé français, notamment les banques (30 milliards d’euros de 2005 à 2014, dont 94 % proviendraient de BNP Paribas, du Crédit Agricole et de la Société Générale). Autres fleurons des industries françaises, EDF exploite seize centrales à charbon dans le monde (4), Engie (ex-GDF-Suez) une trentaine et Total se classe dans le top 10 des entreprises investissant dans les énergies fossiles au niveau international. L’association plébiscite les renouvelables mais ne dit hélas rien du nucléaire !
Ceux de nos habituels contradicteurs, qui (à tort) accusent l’Allemagne d’abandonner le nucléaire au profit des centrales à lignite et au charbon (circonstanciellement massivement importé des Etat-Unis suite à l’importante baisse de son cours due au passage des énergéticiens états-uniens au gaz de schiste pour alimenter leurs centrales au gaz), balaieront d’abord devant leur porte. Quant à nous, pour être contre le nucléaire, nous n’en sommes pour autant pas pour le charbon !
Officielle
Nouveau passage de la députée de la circonscription, Sylvie Tolmont. Seule, Le Foll de retour de l’exposition universelle de Milan étant déjà reparti en Iran. Mais, cette année, la loi sur la transition énergétique est passée par là. À notre remarque qu’avant 2015, la production nucléaire était de 63,2 MW et qu’après elle serait toujours de 63,2 MW et qu’on était légitimement en droit d’en attendre mieux, elle s’arc-boute et plaide pour une nécessaire priorité au développement des renouvelables, avant de vite s’éclipser, tout en rappelant se concentrer sur l’éducation.
Mare Britannicum, Mer Océane et Mare Nostrum
Pour la première fois cette année, la fête avait retenu un thème : la mer. Un concept surtout illustré par les déambulations déjantées des « Vikqueens » de la la compagnie « Les pilleuses de câlins » sur leur drakkar en kit. Nous avions un livre sur les éoliennes offshore et des extraits puisés dans divers livres sur les rejets en mer du centre (abusivement dit) de retraitement de la Hague et des fûts radioactifs abondamment rejetés en Manche (fosse des Casquets), Atlantique (golfe de Gascogne), etc.
Sur cette terre d’accueil d’Allonnes, nos pensées était aussi habitées par toutes les victimes politiques, confessionnelles, militaires, économiques, écologiques… en Méditerranée.
Centrale musculaire
Un amical remerciement à cet autre visiteur qui nous a remémoré le chanteur-poète Julos Beaucarne à nos souvenirs et son texte sur Tchernobyl, auquel nous ajouterons sa « centrale musculaire » (cf. photo). Nous connaissions l’« obsédé textuel », auteur- compositeur, Wallon, aux immenses pulls angora à la voix chaleureusement tendre et veloutée et son Front de libération des arbres fruitiers, mais pas ce titre (cf. intra).
Nous avons commencé avec l’invitation à s’unir de Nelson Mandela. Concluons avec cette autre invitation de la même veine, de Julos, dans « Les loups ont des têtes de mouton » : « C’est celui qu’est tout en bas qui est bien plus fort qu’il ne croit, si nous le voulons toi et moi, le cauchemar s’arrêtera, 6 milliards de p’tits r’gardants peuvent devenir acteurs puissants, 6 milliards de gens conscients, ensemble, changent le cours du temps » (5).
(1) Maxime de « Madiba » gravée sur une plaque du socle supportant son portrait (cf. nos photos), érigé en 2014 sur la place à son nom, face à la mairie d’Allonnes. Un personnage remarquable dont nous ne prenons néanmoins pas tout. Pour cette seule manifestation, l’esplanade est rebaptisée le temps d’une journée « place du Monde et village associatif ».
(2) Collectif d’associations de solidarité internationale et de défense des droits de l’Homme.
(3) L’illustration représente deux tours de refroidissement (identiques à celles des centrales nucléaires, mais pas seulement), d’où émanent un nuage de suie en forme de France.
(4) Quatre installations en France (Cordemais, Le Havre, Emile-Huchet et Provence, exploitées par EDF et E.ON), moins de 3 % de la production d’électricité.
(5) Désolé de ne pas avoir trouvé de liens gratuits de qualité.
Pour « Les loups ont des têtes de mouton », c’est là : ▶, où ici, à Pougne-Hérisson, Le Nombril du Monde (magnifique festival de Yannick Jaulin plusieurs fois invité de Mots d’Hiver, Catherine on pense à toi) : ▶.
Pour « Tchernobyl », c’est là : ▶ ou, gratuit, mais avec quelques conditions, ici : ▶.
Le site de Julos Beaucarne : ▶.
Cette fin de septembre, c’est aussi une période « d’enquête publique » (prolongée) concernant le futur méthaniseur de la zone du Monné dont les riverains redoutent que de nouveaux effluents nauséabonds s’additionnent à ceux de l’entreprise de compostage voisine (à suivre).
La veille, la municipalité, élargie aux représentants d’associations, de comités citoyens et syndicaux, s’était associée à « l’appel du 19 septembre » de l’AMF, Association des maires de France, contre la baisse des dotations aux collectivité allouées par l’Etat, en réunissant un conseil municipal extraordinaire sur cette même esplanade.
Photos : SDN 72, capture d’écran, affiche : ville d’Allonnes.
Tchernobyl de Julos Beaucarne
Titre puisé dans l’album « J’ai vingt ans de chansons »
Celles qui font de nous des hommes sont les mères
Elles vont devant nous comme clarté des cieux.
Aux mères ne devez-vous point d’être sur terre ?
Alors, ayez pitié des mères, beaux messieurs
Que les nuages ne tuent pas les hommes
Un enfant de sept ans court dans les pâturages
Et par-dessus les bois vogue son cerf-volant
N’avez-vous point connu ces jeux du premier âge ?
Alors, ayez pitié, beaux messieurs, des enfants.
Que les nuages ne tuent pas les hommes
En peignant ses cheveux, la jeune fiancée
Au fond de son miroir cherche un visage doux
Ne vous a-t-on cherché de même un jour passé ?
Alors ayez pitié, beaux messieurs, des époux.
Que les nuages ne tuent pas les hommes
Quand on vieillit et que la vie atteint sa grève
L’on doit toujours penser aux souvenirs heureux.
Vous aussi vieillissez, votre époque s’achève.
Alors, mes beaux messieurs, ayez pitié des vieux.
Que les nuages ne tuent pas les hommes