Samedi 10 octobre 2015 (du crépuscule à l’aurore) — Sarthe
Ce n’est pas franchement une manifestation à classer au compte d’une opposition au nucléaire mais on sait tous que l’abondance de kWh qu’il génère a largement induit une débauche d’usage. Le chauffage électrique, bien sûr, les rayons frais ouverts des supermarchés, les enseignes… Maintenant, la voiture électrique à 78 % nucléaire !
Ici, c’est l’éclairage public qu’il s’agit symboliquement d’éteindre pour retrouver un ciel étoilé et en réduire l’impact sur les écosystèmes nocturnes (faune, notamment), voire, sur la santé des humains dont l’horloge biologique serait perturbée.
Seulement trois communes du département se sont associées à cette extinction des feux pour tout ou partie de la nuit, voire réduite à un maigre espace : Champfleur, Ancinnes et Savigné-l’Évêque. Chacune proposait une animation en parallèle.
« Le Jour de la Nuit » est une opération de sensibilisation à la pollution lumineuse, à la protection de la biodiversité nocturne et du ciel étoilé, initiée depuis 2009 par le mouvement Agir pour l’environnement (1). Les objectifs de cette association, au travers de cette action, sont aussi de sensibiliser le public aux économies d’énergie et, ce faisant, de limiter les gaz à effet de serre (GES) !
Et 1, et 2 et 3…
Á Champfleur, l’association Environnement Nord-Sarthe avait organisé une « balade-découverte de la faune nocturne » sur cette commune (2) et une seconde intitulée « balade-découverte de la nuit » cette fois, sur la cité voisine d’Ancinnes (3), sans aucun éclairage public cette nuit là. Beaudelaire proposait de « rallumer les étoiles ! ».
Cette association, Environnement Nord-Sarthe (son blog est là : ▶), a toute notre sympathie. Non seulement elle est adhérente du Réseau Sortir du nucléaire et de notre association locale SDN 72, mais nous la connaissons aussi pour ses participations à de nombreuses opérations pédagogiques, études d’impacts, mais aussi pour sa participation à des manifestations sur le terrain (Laval, Rennes, Ernée, ou encore sur le projet d’enfouissement d’Athis-de-l’Orne). Dernièrement, elle est aussi intervenue par courrier adressé au président du tribunal administratif de Nantes (cf. ci-dessous), en faveur du projet éolien de Champfleur, Béthon et Cherisay (le projet est ici : ? ▶), objet d’un recours (hélas gagnant) d’une autre association d’opposants locaux.
La mairie de Savigné-l’Evêque, quant à elle, n’a procédé qu’à une extinction partielle et à durée limitée de l’éclairage autour du parc de la mairie, lieu des observations astronomiques du ciel. Une soirée instruite par une conférence en partenariat avec l’ANPCEN, Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne, et du CAUM, Club d’astronomie du Maine, intitulée « la pollution lumineuse, la biodiversité et la santé sur la Terre, dans notre galaxie et les splendeurs de l’univers ».
Toute les opérations d’éveil sont bonnes à prendre ! Nous serons plus frileux, ici, avec la majorité municipale ayant à sa tête un maire, M. Philippe Métivier (candidat malheureux aux élections départementales 2015), estampillé Les Républicains (ex-UMP), parti dont on connaît l’adhésion et la responsabilité dans le tout-nucléaire français, partagée à quelques nuances près avec le PS et le PC.
Candélabre à palabres
La seconde moitié du siècle dernier, toutes les communes rurales se sont équipées d’éclairage public. Se livrant parfois à une course au prestige entre elles. À qui arborerait le plus de candélabres, souvent, avec une énorme déperdition en prime (éclairage indirect, sphérique) et d’un style des plus classiques aux plus futuristes… En France, 11 millions de lampadaires éclairent notre territoire la nuit, sans compter les enseignes lumineuses au nombre de 3,5 millions (réglementées depuis l’an dernier). Les trois quarts des réverbères en service ont plus de vingt-cinq ans. L’ADEME et EDF estiment qu’il serait possible d’économiser de 30 à 40 % d’énergie en les améliorant ou les modernisant (réduction du spectre lumineux, emploie de leds, baisse d’intensité, etc). Si ces deux-là le disent, il est sûrement possible de faire mieux (cf. supra) !
Changement de paradigme ?
L’illumination tout azimut était devenu un standard de toutes les agglomérations, des plus grandes aux plus réduites. Surtout, elle était devenue un parangon de la sécurité ! Hier, les villages classés « Villes et villages étoilés » comme Flée et Fercé-sur-Sarthe (5 étoiles) ou Moncé-en-Belin (4 étoiles, mais il y en a d’autres en Sarthe), étaient l’exception ! Mais la tendance est en passe de s’inverser.
Énorme paradoxe, les bons arguments d’hier tombent aujourd’hui comme des papillons de nuit au bas des réverbères ! Revirement à 180° ! Désormais, avec la baisse (controversée) des dotations de l’Etat aux communes, la première source d’économie (en monnaie sonnante et trébuchante plus qu’en énergie) est devenue l’éclairage public, qui représente en moyenne 48 % de leur facture d’électricité selon l’ADEME (sic). Comme par enchantement, des quartiers entiers ne sont plus éclairés ou ne le seront plus prochainement. Voire des communes entières plongées dans l’obscurité de 23 heures à 6 heures du matin, revisitant de fond en comble l’argument sécuritaire devenu infiniment moins pertinent ! Nous nous en réjouissons, mais il reste encore de nombreuses idées reçues et colportées à revisiter !
De retour de manifestation à Notre-Dame-des-Landes, nous avions remarqué ces nouveaux « bec de gaz » (cf. photo). Ceux-là fonctionnent à partir de deux sources d’énergie : solaire photovoltaïque et éolien plus un stockage en interne, avec ou sans photodétecteurs (déclenchement au moindre mouvement). Évidemment, nous ne sommes pas ici dans la même gamme de prix, mais en utilisation raisonnée et lissée sur plusieurs décennies, à voir ! Alors, la rue-témoin à Savigné-l’Évêque, c’est pour quand ?
(1) Agir pour l’environnement, c’est ici : ▶. L’action spécifique « Le jour de la nuit » est là : ▶.
(2) Un retour presse, indique que la configuration du réseau n’a pas permi cette extinction !
(3) Balade-découverte annulée faute de participation suffisante.
Logo Agir pour l’environnement : capture d’écran ; photo : SDN 72.