Automne 2021 – Savigny-sur Braye, Perche, Loir-et-Cher
Juste au-delà de la Sarthe, à Savigny-sur-Braye, dans le Loir-et-Cher, une centrale solaire raccordée au réseau (Énedis) en juillet 2021, coalimente le Perche (vendômois, sarthois, Gouët, dunois…) en énergie électrique.
Plaque de cocher. — Située dans la zone d’activité des Vignes, à Savigny-sur-Braye, sur le département 41, elle est cependant toute proche du Perche sarthois. Au nord-ouest, Bessé-sur-Braye [1] n’est à guère plus de 7,5 km et Saint-Calais à 8,5 km au sud-ouest.
Miroir de courtoisie. — Le projet, initié dès 2008 par l’ex-communauté de communes des Coteaux de la Braye, a connu quelques vicissitudes. Porté tour à tour par diverses sociétés (Valéco…), il a finalement été repris autour de 2016 par Arkolia Énergies, société spécialisée dans la construction clé en main de centrales électriques à partir d’énergies renouvelables (solaire [cf. : ▶], biogaz et éolien) pour son propre compte et pour le compte de tiers, qui l’a revu et optimisé par la suite (passage de 9,27 MWc à près de 12 MWc).
Conflit d’usage. — D’une emprise clôturée de près de 12 ha (sur un superficie de 14 ha), la centrale occupe d’anciennes terres agricoles mises un temps à la disposition de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer). Des arpents dits « à faible potentiel » ! Ancienne terre viticole (comme le renseigne le lieudit et la loge de vignes conservée in situ et rénovée), longtemps délaissée (2011), le lopin était devenu une friche sans doute un peu vite qualifié d’inexploitable pour l’agriculture. Ce sera notre réserve. Un troupeau d’une centaine de brebis de race solognote a cependant contribué à son défrichage, et aujourd’hui, un cheptel plus réduit entretient — partiellement — par éco-pâturage les espaces entre les structures porteuses des panneaux photovoltaïques (PV). Soit, quand même, en cumulé, 18 km linéaires ! L’entretien mécanique par le berger-éleveur en est d’autant réduit.
Résumé non technique. — Pas moins de 35 640 modules PV sont effectivement assemblés et maintenus sur quelque 610 tables fixes (orientées plein sud et inclinées à 25 degrés, mais ne suivant pas la courbe du soleil). L’équipement est complété de quatre postes de transformation, d’un poste de livraison (lui-même raccordé au réseau de distribution publique de Saint-Calais), d’une citerne d’eau souple et d’une borne incendie, et tout le toutim. Cette centrale a une puissance potentielle de 11,583 MWc (mégawatts crête). La production annuelle estimée et attendue par le développeur atteindra ou pourrait atteindre 12,9 GWh (gigawatts-heure). De quoi alimenter — toujours selon le développeur — près de 6.500 habitants (hors chauffage, eau chaude et nouvelles mobilités) ou 4 355 habitants (chauffage et eau chaude compris). Cet équipement éviterait aussi le rejet de 540 tonnes de CO2 par an (1 103 ailleurs !) pour une production équivalente par un moyen non renseigné (charbon, gaz, nucléaire…). Notons que le pétitionnaire avait été enjoint (c’est bien le moins dans ce paysage au relief assez peu marqué et relativement déboisé) de planter une haie bocagère (de 1 230 m) notamment le long du chemin communal jouxtant la centrale dissipant sa vue de la RD5 en sortie de Savigny.
Grisbi. — L’investissement global s’élève à 7 770 000 euros (7,77 M €). Le projet (lié à un second plus modeste) a aussi été lauréat d’un appel d’offres [2] de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en février 2018. Avec un bonus [3] pour son accès à un financement participatif marginal ouvert aux habitants des départements limitrophes (dont la Sarthe) qui a intéressé une centaine d’investisseurs locaux (tous départements confondus) et mis à contribution des entreprises du secteur.
Retours. — Ici, les retours sonnants et trébuchants pour les collectivités ont été révélés dans la presse. Saluons cette transparence ! Annuellement, la commune se verra attribuer 15 058 €. Quant à la communauté d’agglomération Territoires vendômois (CATV, propriétaire du terrain), elle empochera 51 535 € par an, via la cotisation foncière des entreprises (CFE), la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et de l’Imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau (IFER). Pour son activité, la CATV (supra) a contractualisé un bail emphytéotique de trente ans avec la société Arkolia Énergies.
[1] Bessé et Savigny se situent sur le cours de la Braye, rivière de 2e catégorie, affluent du Loir, sous-affluent de la Loire par la Sarthe et la Maine.
[2] De la troisième tranche des appels d’offres CRE 4 « PV Sol », exactement, garantissant le rachat d’électricité à 56,1 €/MWh avec prime conditionnée au financement participatif (supra).
[3] Un contrat de complément de rémunération sur l’électricité produite pour une durée de vingt ans avec EDF.
Photos d’illustration : détail d’un capteur PV , SdN 72. Graph soleil, d’Alice Hervé (mancelle d’origine) au festival Pleins Champs 2022 (NDLR : lire le cartel).