Samedi 5 août 2023 – À Vaas (sud de la Sarthe)
SdN 72 était, cette année encore, de la Fête du blé au pain, au moulin de Rotrou, à Vaas. Un événement proposé par l’association Les Amis du moulin de Robert (R. Cholière, dernier meunier), le samedi 5 août 2023. C’en était la 21e édition [1], et, cette fois encore, avec des débats de bonne facture (cf. affiche ci-contre) !
SdN 72 était aussi présent à la Coordination Anti-Nucléaire du 6 août 2023 au rassemblement dit des « Résistantes » au Larzac, pour contre-attaquer la relance du nucléaire militaire et civil à marche forcée décidée par Macron et tous les projets qui en découlent [2].
Avoir ou pas une gueule d’atmosphère
L’astre solaire, le seul réacteur nucléaire à fusion — sûr — à 150 millions de kilomètres de notre planète, s’est malheureusement fait porter pâle toute cette journée. La jauge de l’événement en a sensiblement été impactée. Pas de quoi compromettre pour autant la qualité des échanges entre nous autres militants et nos interlocuteurs dont le curseur des interrogations et préoccupations sur le nucléaire civil et militaire a manifestement grimpé ces deniers temps. Effet guerre et/ou hubris poutino-nucléaire, on vous laisse juge. Ce n’est plus une surprise, Jancovici est désormais le virtuel invité de nos dits échanges. Si nous en avons rencontré quelques uns ouverts à la contradiction, peu de ses laudateurs n’imaginent que ce scientifique puisse proférer quelques approximations, mensonges, parti pris, etc., pour déprécier les alternatives et emporter l’adhésion nucléaire. Pour faire la part du grain de l’ivraie de ses innombrables assertions, consultez utilement les liens proposés dans notre article « Désintox » sur notre site, ici : ▶.
Tout, ou peu s’en faut, y est passé. D’abord l’invasion du territoire par les innombrables infrastructures nucléaires mises en évidence par notre incontournable carte visibilisant leur emprise qui ne manque pas d’interpeller les plus indifférents, voire même les partisans de cette énergie. Évidemment, la relance du nucléaire, la verticalité politique de ce non-choix, la pression climatique (sécheresse, sinistres…), les déconvenues technologiques de la filière (reports de l’EPR et mauvais retours sur les trois réacteurs en Finlande et en Chine, problèmes génériques de corrosion et de soudures, vieillissement du parc, pertes de compétences…), la pression sur la ressource en eau (cf. mémos tout en bas), la protection de sa qualité, l’inadéquation du nucléaire à la mutation climatique confirmée (baisse des étiages des cours d’eau et nappes l’été, montée du niveau des mers), etc. questionne visiblement les badauds plus que d’ordinaire. Public plus averti ou prescience de l’actualité ? L’avenir nous le dira, ou pas. Mais, l’ÉNORME chantier énergétique — impensé, longtemps procrastiné —, avec une prépondérance nucléaire circonvenue assumée, bien que — sans financement — comme seul et unique échappatoire alors que les prix de l’électricité grimpent vertigineusement dans un contexte déjà inflationniste affolent légitimement les esprits. L’affliction — ressentie — est aussi à son comble rapport aux menaces militaires répétées via des armes atomiques et à l’évidente vulnérabilité révélée de la filière nucléaire : prise de guerre des sites nucléaires de Tchernobyl et Zaporijia et instrumentalisation des infrastructures nucléaires (infra).
Chaud devant !
Bien qu’il n’ait été évoqué qu’à la marge, nous ne pouvions pas ne pas traiter d’un funeste événement lié à cette date, mémorielle avec nos interlocuteurs… Programmé depuis toujours le premier samedi du mois d’août, ce plaisant événement flirtait cette fois encore avec la commémoration infiniment moins festive du 6 août 1945, date repère de l’usage « grandeur nature » d’une première bombe atomique (bombe A) à Hiroshima (après l’essai — Trinity — au Nouveau-Mexique). Chacun sait, hélas, que « l’oncle Sam » n’avait pas résisté à la tentation de récidiver pour expérimenter une seconde technologie (fission plutonium), le troisième jour suivant, à Nagasaki ! Moins pour arracher la capitulation du Japon que pour sidérer, voire défier, la puissante URSS montante d’alors.
Soixante-dix-huit ans après, la résurgence de cette dernière — la Fédération de Russie — menace à son tour et de manière récurrente d’y recourir elle aussi via son président, ses militaires, politiques, médias et oligarques (passés, présents ou en embuscade), alors même que l’Ukraine avait renoncé à ces armes sur son sol et les avait restituées à son ex « grande sœur ». Ce vil chantage nourrit évidemment une forte anxiété de l’est à l’ouest, du nord au sud, et au « Retrou » itou ! Une angoisse bien perceptible et exprimée à nos médiateurs, rehaussée par l’instrumentalisation de la très vulnérable centrale de Zaporijia avec ses six réacteurs, son unique mais immense piscine de déchets, ses lignes THT…) [3]. Alors que le film Oppenheimer [4] « père » des susdites bombes est sur tous les écrans, cet apocalyptique rembobinage d’une histoire encore vivace distille un fort goût de cendre et de « pluie noire » chez beaucoup des chalands interpellés par notre stand. Des armes de destruction massive qu’évidemment nous combattons à Vaas et ailleurs, en promouvant notamment le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) [5].
Subjective conclusion
Sans surprise, pour cette fête délibérément agricolo-environnementaliste, le public s’est avéré plutôt réceptif, voire averti, mais fortement préoccupé par les choix énergétiques précipités et peu concertés de Macron, ses sectateurs et sectatrices, et autres affidé·e·s politiques historiques du nucléaire. Si la reconsidération et l’accélération des procédures censées baliser ce vaste programme les inquiète plus que tout, force est de constater que — pour d’autres — le prosélytisme « jancoviciste » opère lui aussi plus que jamais. Reste à notre mouvance à rassembler, fédérer et mobiliser tous les perplexes, mécontents, avertis — entreprise menée ces jours-ci au Larzac (supra) — pour stopper les inepties nucléaires civiles et militaires et privilégier la sobriété, l’efficacité et promouvoir le potentiel énergétique diversifié des renouvelables.
Si nous n’avons pas fait l’unanimité, une attraction, le manège à corde à l’ancienne), a fait « kiffé » des plus petits aux plus grands (photo ci-contre prise en fin d’après-midi) ! Réjouissons-nous de cette insouciance des minots, à nous la difficile charge de leur léguer un « possible » plus enthousiasmant.
Notes
[1] Les éditions 2020 et 2021 avaient été annulées pour cause de pandémie. Ce lieu célèbre — d’abord le blé mais aussi les céréales (champs d’espèces variées l’an dernier) alors que les exportations de céréales ukrainiennes sont à nouveau contrariées par la Russie et risquent de cruellement manquer à de nombreux pays, notamment d’Afrique —, propose des animations permanentes tout au long de l’année et crée aussi toutes sortes de liens qui font si cruellement défaut tous ces temps à l’est. Pour en savoir plus sur la Fête du blé au pain et l’association, c’est là : ▶.
[2] Pour en savoir plus, consultez son blog, ici : ▶.
[3] Étonnamment, a contrario de ceux pris sur le gaz et le pétrole, aucun embargo ne vise le nucléaire. La France importe ?? % de son combustible à la Fédération de Russie et Framatome (France) poursuit ses fournitures de systèmes de contrôle-commande aux centrales nucléaires russes, modernise des réacteurs existants, équipe des réacteurs actuellement en construction sur son territoire mais aussi à l’étranger (Hongrie, Turquie…).
[4] Oppenheimer de Christophe Nolan (biopic de trois heures), inspiré du livre Robert Oppenheimer. Triomphe et tragédie d’un génie de Kai Bird et Martin Scherwin, éd. Le Cherche-Midi (912 p., 28 €).
[5] Il est évidemment urgent d’en finir avec cette terreur ! De renforcer ce traité des Nations Unies par de nouvelles ratifications (122 États l’ont adopté, 92 l’ont signé, 68 l’ont ratifié), d’enjoindre la France à le signer et à le ratifier, et qu’à minima, elle participe en qualité d’État observateur à la prochaine réunion des États-partie du TIAN à l’ONU, en novembre 2023, à New York. Qu’enfin l’ONU et lesdits États exercent une forte pression sur les « Pays dotés » et ceux sous leur « parapluie » nucléaire, évidemment les plus retors, pour qu’ils s’engagent dans un irréversible désarmement nucléaire.
Photos : SdN 72. Affiche : Le moulin de Rotrou. Poster : « nucléaire : Danger permanent », Réseau sortir du nucléaire. Mémos : SdN 72 et la participation d’une jeune infographe.