Deux paires d’EPR 2 sinon rien, en région Centre 


Samedi 2 décembre 2023 – Bassin versant de la Loire

Ils en veulent tous ! Les municipalités, communautés de communes, départements… Toutes et tous jouent des coudes pour décrocher le « graal » : une paire d’EPR (réacteur pressurisé européen) sur leur territoire. Des EPR relookés, parce que les quatre premiers « protos » (six avec ceux d’Hinkley Point [en chantier]) cumulent les fiascos. Au firmament de cette obsessionnelle bérézina : celui de Flamanville ! Pourtant, sous les annonces performatives, ceux dits de « seconde génération » cocherons eux aussi de nombreuses cases négatives [1]. Au bout du bout, un « éléphant blanc » bien caractérisé [2] ! À Chinon-Avoine, (86 km à la verticale du Mans, 46,5 km à celle du Lude), à Belleville-sur-Loire (dans le Cher, qui a déjà échappé à une nouvelle piscine de stockage finalement refourguée à La Hague) et aussi à Dampierre-en-Burly… les promesses n’engagent que celles et ceux qui y croient.

De-ci de-là, Loire Vienne Zéro nucléaire – collectif auquel SdN 72 participe – a déjà réagi à plusieurs reprises (entre autres, la dernière à Avoine, c’est ici : , la précédente à Tours, là : ) à cette trompeuse aubaine. Ci-dessous, le communiqué de LVZn à tous ces représentants qui n’ont par ailleurs aucunement été mandatés sur ce sujet par leurs électeurs.

Communiqué de presse du Collectif Loire Vienne Zéro nucléaire

                          « Deux EPR 2 en Région Centre ? ! »

Depuis quelques mois, la communauté de communes Chinon, Vienne et Loire (CCCVL) s’est, par l’intermédiaire de son président M. Dupont, prononcée pour la candidature d’implantation de deux « nouveaux  » réacteurs EPR 2 (*) sur le site du Centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) de Chinon.

M. Dupont se fait fort pour ce projet du soutien non seulement des communes membres de la CCCVL (ce qui est bien le moins), mais aussi de communautés de communes avoisinantes (Saumur par exemple). Il parle également du soutien inconditionnel de la population, ce qui est plus contestable et reste à démontrer : quid d’une consultation à ce sujet ? il n’y aurait pas d’opposants de longue date dans le secteur ? Permettons-nous d’en douter, et l’avenir nous le dira…

Sur le fond, il existe quatre conditions à l’implantation d’EPR 2 ou d’autres types de réacteurs sur un site :
– des réserves foncières d’EDF à côté du site existant,
– un dynamisme de la Direction locale EDF,
– un  engagement politique des instances territoriales locales,
– des ressources en eau suffisantes pour le refroidissement.

Si les trois premières conditions semblent a priori réunies, la dernière ne l’est pas, les débits d’étiage de la Loire s’avérant très limites, voire insuffisants dans certaines conditions. En effet, cet été, on pouvait presque se dire que la traversée de la Loire en face du CNPE de Chinon pouvait se faire à pied (avec des bottes, quand même !). Mais on peut faire confiance à EDF pour s’affranchir de certaines limites…

Et voila que dernièrement, un caillou semble vouloir s’immiscer dans la chaussure de la CCCVL …

En effet, on apprend (Le Berry Républicain du 20 novembre) que des élus du Sancerrois et un député Renaissance se sont aussi portés candidats pour l’implantation de deux EPR sur le site du CNPE de Belleville-sur-Loire ! Déjà, en février 2021, des élus du Cher, de la Nièvre et du Loiret s’étaient positionnés pour l’installation de deux réacteurs « de nouvelle génération ».

Décidément, « ils » en veulent tous ! Là aussi, on ne doute pas que les conditions ci-dessus sont ou seront réunies, en plus des soutiens locaux et des oppositions tenaces (mais… constructives : le collectif Loire Vienne Zéro nucléaire avait alerté et lancé une pétition en 2021).

Reste la question primordiale de l’eau, qui ne semble pas être un écueil pour ces élus de tout bord.

En réalité, à quoi assistons-nous exactement ? Dans les deux cas, à un positionnement sur un échiquier politique où chacun veut être le premier, le plus beau, le plus fort, le plus… quoi encore ? Ou tout simplement, une course à l’échalote ? Que nous dit le dictionnaire électronique au sujet de cette expression ? C’est une « compétition parfois immature où tout est bon pour être premier ».

Tout est bon, oui, même la démagogie et les basses opérations de communication !

Quand donc aurons-nous la Paix, la vraie, celle qui nous sortira de l’ « R » nucléaire ?

(*) Pourquoi parle-t-on de nouveaux EPR 2 ? En réalité, ils n’ont de nouveau que le nom… en effet, la filière EPR est mort-née : il n’ y en aura plus nulle part tant les prototypes sont ratés (n’oublions pas les raisons de la faillite d’AREVA) ! Ainsi, EDF propose des EPR 2, qui n’existent pas encore et sont vendus sur plan en cours d’étude et présentés comme étant deux fois moins chers que les EPR de base, plus solides, plus fiables, plus faciles et rapides à construire, plus propres, plus sûrs, … n’en jetez plus !

En réalité, ce projet n’est que du vent, ce vent qui fait si bien tourner les éoliennes.

                                                                                                                                   Collectif Loire Vienne Zéro nucléaire.

                                                                                                                                   Pour le groupe local, Sortir du nucléaire 72 : Martial Château.

À l’ouest !

La région, notre région, Pays de la Loire n’est pas en reste, notamment via sa présidente (élue régionale du département 72) qui, elle, milite frénétiquement pour un SMR (Small Modular Reactors ou petits réacteurs modulaires) à Cordemais (44), sinon un pôle de leur fabrication – en série – au droit de la susdite centrale à flamme (à charbon présentement et peut-être — un jour — aux pellets de bois  [projet biomasse Écocombust]). Idem le président du département de la Sarthe, Dominique Le Mèner, venu plus tardivement abonder cette fumisterie. Ces SMR cumuleraient les « plus » [3] non pas en mieux, mais en pire ! Le 27 novembre, à la veille du World Nuclear Exhibition à Villepinte,  le président Macron a révélé avoir débloqué une enveloppe de 77,2 millions d’euros à six nouvelles start-up lauréates de l’appel à projets « réacteurs nucléaires innovants de France 2030 », plus 18,9 millions au CEA pour son appui technique [4]Concomitance désastreuse pour le VRP du nucléaire, le projet américain le plus avancé, NuScale, vient d’être « suspendu », voire abandonné. Son coût estimé par kilowatt se révélant être deux fois plus élevé que celui du plus cher des EPR européens…


Notes

[1] Moins coûteux mais moins sécurisé ; moins long à construire mais encore moins dans le timing de la lutte contre le réchauffement de la planète ; moins de problèmes mais… rien n’est moins sûr…

[2] Un « éléphant blanc » : l’expression désigne une réalisation d’envergure prestigieuse qui s’avère en définitive plus coûteuse que bénéfique et dont l’exploitation ou l’entretien devient alors un fardeau financier.

[3] Plus nombreux (jusqu’à 1000 ! entendu à la dernière conférence des CLIs) et plus coûteux (au kWh, même produits en série) ; plus vulnérables (eu égard à leur dispersion) ; encore plus de déchets ; encore plus tardifs (leur  design n’étant même pas encore arrêté) ; plus difficiles et coûteux à surveiller…

[4] Précédemment, trois autres lauréats avaient déjà bénéficié des largesses du programme d’investissements « France 2030 » : Naarea et Newcleo (pour 25 millions d’euros à deux) et une « subvention » de 300 millions d’euros de financement supplémentaire à Nuward (filiale d’EDF créée début 2023) pour la phase de Basic Design.


Illustrations : mégaphone SdN 72 (J.-L. B.). Visuel et banderole : Collectif Loire Vienne Zéro nucléaire. Logo : Collectif LVZn.