Expo « Enfants de Tchernobyl Bélarus » à la librairie Thuard (Le Mans) tout le mois d’avril 2025


Du 24 mars au 30 avril 2025  — À la Librairie Thuard, 24, rue de l’Étoile, 72000 Le Mans

Du 24 au 31 mars et tout le mois d’avril 2025, Sortir du nucléaire 72 vous propose une exposition de dessins réalisés en 2016 (30 ans après) par des enfants Bélarusses sur la tragédie nucléaire de Tchernobyl (le 26/4/1986) à l’occasion de son 39e rappel, en partenariat avec la librairie Thuard du Mans, qui l’accueille [1].

Ils s’appellent Roman, Svetlana, Anna, Regina, Nikolaï ou encore Vladislava et tant d’autres. L’exposition est composée de photos de dessins d’enfants de 8 à 17 ans réalisés en 2016 dans leurs écoles situées dans des villes distantes à vol d’oiseau de 130 à 250 km de Tchernobyl. Aucun n’a vécu la catastrophe qui a eu lieu bien avant leur naissance, et pourtant ils la vivent encore aujourd’hui. Ce sont des dessins simples et tendres, mais portés par l’intensité de ce qu’ils évoquent.

Des habitations, des arbres, des prés apparaissent dans leur immense nudité. Les humains sont quasi absents de ces paysages, sinon sous la forme de vagues silhouettes du monde d’avant. Les animaux semblent eux-mêmes désemparés, oiseaux fuyant dans tous les sens, bec ouvert, ailes déployées : où se poseraient-ils dans pareil désastre ?

Sentiment d’une sourde tristesse et d’une disparition. Partout des barrières, et des poteaux, des interdictions, des barbelés. Chez les plus jeunes les maisons sont omniprésentes, mais les fenêtres sont barrées d’une croix, de planches et de clous, d’un X. C’est un monde sur lequel il faut faire une croix.

Le trèfle radioactif, symbole de l’énergie atomique, est présent partout, sur les murs des maisons, sur les panneaux de routes et jusque sur les ailes des oiseaux. Il prend aussi la place d’une fleur ou d’un papillon et remplace même le soleil. Il s’incruste dans l’iris de l’œil.

Ces dessins constituent une illustration saisissante et douloureuse de ce que l’on appelle la « postmémoire », cette mémoire que la « génération d’après » entretien avec le trauma collectif et personnel vécu par ceux qui l’on précédée.

Mais ces enfants ne se souviennent pas uniquement de cet évènement par leurs parents ou grands-parents qui ont vécus directement l’accident. Ils continuent à le vivre dans leur chair, dans leurs espaces et dans leur temps, dans leur alimentation, leurs promenades…

Comme l’écrit Yves LENOIR : « Il faut tenir compte du fait que dans chaque famille on déplore le décès prématuré d’un ou plusieurs liquidateurs et une situation sanitaire dégradée qui se transmet de génération en génération. Tous ces enfants sont très au fait des questions de pollution radioactive de la nature et des risques qui en découlent. »

Ces dessins ont été faits à l’occasion du 30 e anniversaire de la catastrophe, mais ils ne commémorent rien : ils disent le présent le plus actuel.

Les enfants de Tchernobyl n’ont rien vu, mais ils ont tout compris.

Ce texte fait de larges emprunts à la préface de l’ouvrage « VISION DE TCHERNOBYL Dessins d’enfants du Belarus. »


À l’occasion de ce dramatique 39e « anniversaire », l’association — Sortir du Nucléaire Sarthe — vous invite également à un rassemblement, le samedi 26 avril 2025, à 14 h, place de la République.


Il sera suivi d’une conférence d’Yves Lenoir (et d’échanges) de l’association Enfants de Tchernobyl Belarus [2], ouverte à toutes et tous, à 17 h (au second étage) de la librairie Thuard, au Mans (cf. adresse ci-dessus). Il y traitera de l’état sanitaire des populations du Belarus (Biélorussie) et notamment des enfants. Il fera évidemment le lien avec le programme de relance nucléaire en France.

Pourquoi un tel sujet ? Parce que « Tchernobyl c’est pas fini ! » contrairement aux discours des agences onusiennes (UNSCEAR, OMS, AIEA) [3] qui, en 2006, ont clos définitivement les conséquences de cet accident. Des centaines de milliers de personnes en sont mortes. Des adultes et des enfants en souffrent encore et en souffriront pendant quelques centaines d’années encore dans de vastes régions du Belarus et de l’Ukraine.

À l’heure où la France est le seul pays au monde à s’engager dans la construction d’un vaste programme de nouvelles centrales nucléaires, il est temps de réfléchir à la folie mortifère à laquelle nos dirigeants nous contraignent.

André-Claude Lacoste, ancien président de l’Autorité française de sûreté nucléaire a déclaré en 2011 : « Je l’ai toujours dit : personne ne peut garantir qu’il n’y aura jamais un accident grave en France .» [4]


Notes

[1] Seulement les jour ouvrés évidemment : de 9 à 19 h, du lundi au samedi, au 24, rue de l’Étoile, 72000 Le Mans (non loin de l’office du tourisme et du Centre Jacobins). L’expo est visible de l’escalier et le long de la main courante autour du puits d’escalier. Ou encore, en plus petit au format A4, dans une des travées du second étage.

[2] Yves LENOIR, ingénieur de formation, suit les questions nucléaires depuis sa participation à un groupe interministériel sur les déchets radioactifs en  1974-1975. Il est aujourd’hui président de l’association Enfants de Tchernobyl Belarus, créée en 2001 pour financer un organisme indépendant de protection radiologique du Belarus, l’institut Belrad basé à Minsk. Ses livres, et d’autres sur Tchernobyl sont en vente à la librairie Thuard.

[3] UNSCEAR : Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants. OMS : Organisation mondiale de la santé. AIEA : Agence internationale de l’énergie atomique.

[4] Le Monde, le 30 mars 2011, c’est là : .


Illustration : dessin de  Karina (9ans) de l’école de Olmany. Logo de l’association Enfants de Tchernobyl Belarus. Flyer : Sortir du nucléaire 72.