Samedi 11 mars 2017 – Le Mans
Week-end ordinaire. De deux jours. Pourtant, SDN 72 faisait le pont ! En haut du tunnel. Ni dessus ni dessous, plus haut [1]! SdN 72, mais aussi ailleurs, nombre d’individus et groupes anti-nucléaires de Loire & Vienne [2] et partout en France (Fessenheim, évidemment, et sans doute le plus gros rassemblement, en vallée du Rhône, etc.), au Japon… « Tous [étaient] sur le pont contre le nucléaire » et souvent autour d’ouvrages d’art homonymes.
La campagne nationale du Réseau Sortir du nucléaire « Printemps 2017 : ensemble, faisons fleurir les actions » (cf. illustration) est bel et bien lancée ! Pour les Ligériens et assimilés dont nous sommes, le prochain rendez-vous sera le 8 avril pour « La Loire à Zéro… Nucléaire » (c’est là : ▶). Puis, à suivre, localement, une conférence de presse (la veille des trente et un ans de Tchernobyl) sur les révélations du livre du Réseau SdN « La farce cachée du nucléaire », (c’est là : ▶), elle-même suivie d’une conférence-débat avec Yves Lenoir, auteur de « La comédie atomique » à la librairie Thuard, le 17 mai.
Nous étions une bonne cinquantaine au meilleur moment de cette journée de souvenir de Fukushima (11 mars 2011) et de dénonciation de cette ignominieuse industrie nucléaire civile et militaire : dangereuse, coûteuse, polluante, centralisée, militarisée et militarisante, obérant toute démocratie, décentralisation, maîtrise de nos besoins, de nos vies et l’avenir pour des générations et des générations…
Et nous étions bien visibles (cf. photos), surtout des automobilistes ! Avec pas moins de six banderoles disposées de chaque côté de la chaussée. Sans doute étions-nous moins audibles et pas forcément sur le meilleur axe de cheminement des Sarthois.es consuméristes du samedi après-midi pour les interpeller et échanger avec les plus intéressés. Mais la thématique nationale commune « pont » a été peu ou prou respectée. Cette sixième « commémoration » voulait aussi rappeler aux oreilles de ceux qui voulaient bien l’entendre que l’on en était toujours pas quitte — loin s’en faut — avec la catastrophe de Fukushima [3].
C’était aussi une occasion de présenter notre prochaine mobilisation de « La Loire à Zéro Nucléaire » du 8 avril 2017 (nous en diffusion le tract, cf. flyer en dessous) organisée par le collectif régional Sortir du nucléaire Loire & Vienne (c’est là : ▶) dont ce sera la première manifestation collective publique et le banc d’essai de cette nouvelle structure régionale et, on le souhaite, l’amorce d’une nouvelle dynamique. Des liens et mobilisations conjointes préexistaient néanmoins ; chaîne humaine à Avoine, c’est là : ▶ ; voyages commun à Bure, en vallée du Rhône ; FuKuChiN☢N ▶ ; sponsoring sportif d’Areva à Angers ▶ ; procès du directeur de la centrale de Chinon à Tours ▶ ; etc.
L’annonce de notre rendez-vous a bien été prise en compte par la presse écrite et numérisée, via Info locale (Ouest-France et Le Maine Libre) plus Démosphère, mais l’événement lui-même a été boudé (tu?) par tous les médias. Seul l’auteur d’un site d’audience limitée, Sarthemag, s’est arrêté (sans rien passer) sur sa route vers les Carrefours de la pensée, qui, marginalement, parlaient aussi de la sortie du nucléaire en Allemagne le matin [4]. Dans le même temps, EDF a eu infiniment plus de succès auprès des deux quotidiens sus-cités, qui publiaient ce même jour une pleine page d’appel de détresse d’EDF pour l’« augmentation de [son] capital » (avec réplique le mardi 14 mars) sans dire mot de son endettement autour de 70 milliards d’euros, et qui, en sus, doit renflouer partiellement Areva à hauteur de 2,5 milliards (plus 5 des contribuables !), financer 100 milliards de grand carénage et deux tiers des 20,8 milliards des deux EPR d’Hinkley Point en Grande Bretagne, mais aussi Bure… Le souscripteur — un « sachant » forcément éclairé — pourra néanmoins s’enquérir de la formule « Les performances passées d’Électricité de France SA ne préjugent pas de ses performances futures. » Que les boursicoteurs crédules s’étouffent de leur mauvais placements ne nous attendrira guère, mais au bout du bout, c’est tout de même le client-contribuable qui paiera. « En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire » disait George Orwell. Pourtant, nous en croiserons encore quelques-uns, lors de notre distribution de flyers, inébranlables, toujours campés dans leur foi dans l’avenir radieux du nucléaire.
Oui ! nous l’avons encore constaté à nos dépens, malgré l’épisode hivernal sans précédent qui a vu l’indisponibilité de vingt et un réacteurs [5], malgré l’importation d’électricité (dont cette fois il a été fait état, aussi, pour l’instrumentaliser) produite chez nos voisins et surtout d’Allemagne, les révélations de malfaçons, la descente aux enfers d’AREVA… Il en reste encore à croire incontournable l’énergie nucléaire et même de garantir notre indépendance bien que cent pour cent de l’uranium soit importé ! Dans l’autre siècle, le facétieux Albert Einstein avait relevé cette évidence, hélas toujours d’actualité : « Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé » !
Pourtant, seule la pression populaire peut obliger le pouvoir à prendre la décision qui s’impose : l’arrêt du nucléaire, avant la catastrophe. Bref, le travail pour interpeller, sensibiliser et convaincre continue ! Le fact-checking (nécessaire et très en vogue ces temps-ci) aussi !
[1] À la jonction de la rue Wilbur-Wright et de la place des Jacobins.
[2] Les actions du collectif SdN Loire & Vienne du 11 mars 2017, à l’occasion de la commémoration de la catastrophe de Fukushima :
— à Gien, entre Belleville-sur-Loire (18) et Dampierre (45), sur le vieux pont, de 10 heures à 13 heures, à l’appel de SDN Berry-Giennois-Puisaye ;
— à Blois (41), sur le pont Jacques-Gabriel, à 12 heures, à l’appel de SDN 41 ;
— à Tours (37), sur le pont de Pierre, à midi, et à Chinon (37), sur le pont sur la Vienne, à 14 h 30, à l’appel de SDN Touraine ;
— à Angers (49), sur le pont au-dessus de la voie qui longe la Maine, de 14 heures à 18 heures, à l’appel de SDN 49 ;
— au Mans (72), rassemblement en haut du Tunnel, place des Jacobins, de 14 h 30 à 16 h 30, à l’appel de SDN72 ;
— à Poitiers (86), sur la passerelle de la gare, de 10 heures à 12 heures, à l’appel de la Coordination poitevine, de l’ACEVE et de SDN 79 ;
— à Nantes (44), sur la passerelle Victor-Schoelcher, près du palais de justice, à 10 heures, puis, sur les sites du Pellerin et du Carnet, à l’appel de SDN 44.
[3] Alors que le film « Fukushima mon amour », projeté il y a encore quelques jours aux Cinéastes (au Mans), évoquait la volonté du gouvernement de Shinzō Abé de précipiter le retour des habitants dans certaines zones affreusement contaminées, histoire de présenter au monde entier l’image d’un retour à la normale avant laCcoupe du monde de rugby en 2019 et des Jeux olympiques au Japon à l’été 2020, aujourd’hui, on entre dans le vif du sujet ! Le gouvernement japonais s’apprête à lever, d’ici la fin du mois de mars 2017, les avis d’évacuation visant plusieurs municipalités touchées par l’accident nucléaire de Fukushima. Sous la pression ! Notamment en supprimant les indemnités accordées aux évacués et en coupant l’aide au logement aux 32 000 réfugiés « volontaires ». Simultanément, la localisation du corium d’un des trois réacteurs éventrés, sans aucune possibilité matérielle en adéquation pour le récupérer, révèle des niveaux de radioactivité démentiels, malgré les propos lénifiants de l’exploitant et des politiques ! Le gouvernement japonais n’agit pas seul : il a le soutien du lobby nucléaire international, et notamment du lobby français. Ces criminels ont remis en service, en l’adaptant, leur programme Ethos mis au point à Tchernobyl, dans le but de convaincre les populations de « vivre avec la radioactivité ». Pour eux, le Japon est le laboratoire de ce qu’il faudra sans doute, un jour, mettre en œuvre ailleurs, et notamment chez nous, en France, où on compte cinquante-huit réacteurs vieillissant et dont on sait maintenant que des pièces essentielles ont subi au départ des malfaçons. Partant, le scénario d’une prochaine catastrophe nucléaire ne relève plus de la science-fiction.
[4] Fin de l’intervention de Céline Caro (la dixième chronologiquement). Son thème : Pourquoi l’écologie a-t-elle tant de succès en Allemagne ?, c’est là : ▶.
[5] Euphémisme courant masquant les pannes, accidents (chute du générateur de vapeur de Paluel 2, incendies…), arrêts pour maintenance, contrôle simple mais aussi pour malfaçons et tromperies sur la qualité, etc.
Illustration : Réseau SdN. Photos : SdN 72. Pub : EDF. Affiche et tract : SdN-Loire & Vienne — La Loire à Zéro… Nucléaire.
Affiche et recto du tract (cliquer pour agrandir). Verso du tract(cliquer pour agrandir).