Mercredi 25 avril, à 20 heures – Alençon (Orne), salle Baudelaire
Alençon fait un point — sans dentelle — sur le nucléaire !
L’Orne est dépourvue d’INB, Installation nucléaire de base. Comprendre : réacteurs, prototypes, centres de recherche, labos, etc… nucléaires [1]. La ville-préfecture, Alençon, située complètement au sud de son département, à touche-touche de la Sarthe, centrée en longitude mais complètement excentrée en latitude, n’est néanmoins qu’à 163 km à vol d’oiseau de Paluel et à 190 km de Flamanville.
Cependant, la population locale et les antinucléaires du département avaient piqué un coup de sang au début du XXIe siècle contre un projet d’enfouissement de déchets radioactifs équivalent à celui de CIGéo à Bure, à Athis-de-l’Orne, au nord-ouest du territoire. Fortement mobilisée, la population avait acculé l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) et les pouvoir publics à jeter le projet aux oubliettes, tout comme leurs voisins d’Izé en Mayenne (à 15 km de Sillé-le-Guillaume, c’est là : ▶).
Depuis, l’eau de l’Orne a coulé, mais les Ornais.es sont toujours sur le pont (cf. ci-dessous).
Débat sur le nucléaire : en sortir, alternatives, déchets, accident
Pour cette conférence-débat à Alençon, le collectif Sortir du nucléaire 61 STOP EPR avait activé ses contacts par courriels et distribuer des tracts sur le marché, le samedi précédent, pour inviter les personnes du secteur, en particulier celles qui se posent des questions sur cette source d’énergie à venir s’informer sur la possibilité d’une sortie du nucléaire, les alternatives, les risques d’accident et la question d’actualité : que faire des déchets radioactifs ?
Cette soirée d’information était assurée par Martial Chateau, porte-parole du Réseau SDN et voisin puisqu’il réside en Sarthe [2].
Après une présentation rapide du collectif et des activités menées ces dernières années, nous avons donné la parole à Martial qui a présenté, comme prévu, les questions sur les risques, la situation en France et sur le plan mondial, les accidents arrivés comme ceux évités de justesse, en France y compris ; ce qui motive et justifie pleinement de prévoir au plus tôt la sortie de cette énergie qui coûte de plus en plus cher et dont la sécurité est de moins en moins assurée ; un accident grave est reconnu possible même par les autorités [3].
Un échange avec les personnes présentes a surtout été effectif sur les alternatives diverses, plusieurs personnes ayant des connaissances apportant des propositions et posant aussi des questions sur les difficultés à les implanter, les réaliser et les risques comme l’annexion de terres cultivables. Si les économies d’énergie ont bien été évoquées, la multiplication des nouvelles demandes posent des problèmes (internet, vélos et voitures électriques…).
Nous avons terminé par une information sur le site d’enfouissement prévu à Bure (CIGéo) et la manifestation nationale du 16 juin à Bar-le-Duc (Meuse, 55) contre cette « solution » irréversible. Une prochaine réunion du groupe est prévue le lundi 28 mai pour décider de ce qui sera fait localement, car peu de personnes pensent aller jusqu’à Bure.
Si les présents étaient satisfaits des échanges et informations, ils étaient peu nombreux et tous convaincus de la nécessité d’arrêter la production nucléaire, mais plusieurs craignent qu’un accident majeur en France soit inéluctable, ce qui n’est pas motivant. Les personnes indécises ou peu informées ne sont hélas pas venues, ce qui était pourtant le but principal.
Philippe Ménard
Collectif Sortir du nucléaire 61 STOP EPR. Courriel : phimomenard@yahoo.fr tél. : 02 33 26 04 15 ou courriel : christine.coulon61@gmail.com tél. : 06 50 19 81 14.
Sur ce même territoire (du sud de la Normandie et du sud-est du Perche), l’association ATN, Arts Terre Native, au spectre beaucoup plus large (présentation ici : ▶) intervient elle aussi sur les sujets nucléaires. Elle est également adhérente au Réseau Sortir du nucléaire et a participé activement au rassemblement de Flamanville des 1er et 2 octobre 2016, c’est là : ▶.
[1] La Sarthe héberge une de ces installations dites INB : l’entreprise Ionisos, à Sablé-sur-Sarthe (ionisation — comprendre irradiation — de matériels de chirurgie, composants plastiques, etc…).
[2] Martial Château est aussi coprésident de Sortir du nucléaire 72 et pour quelque temps encore membre du CA du Réseau (son second mandat s’achèvera à l’assemblée générale du Réseau, à Lyon, les 12 et 13 mai 2018).
[3] À la question : « In fine, la question n’est-elle pas si, mais quand y aura-t-il un accident majeur en Europe ? », le président de l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), Pierre-Franck Chevet, avait répondu le 3 mars 2016 au journal Libération : « Oui, il y en aura. Il faut imaginer qu’un accident de type Fukushima puisse survenir en Europe. Je ne sais pas donner la probabilité et on fait un maximum pour éviter que ça arrive, mais malgré tout, on pose le principe que ça peut arriver. »
Illustration (Halle au blé) : SdN 72 (J-L B). Posters du site gratuit : http://int.nonukeart.org.