11 juillet 2018 : le Tour Alternatiba passait en Sarthe


Mercredi 11 juillet 2018, de 16 heures à… 23 heures – Sarthe, Allonnes, Le Mans…

À pied, à vélo… tout l’été (et même avant), le territoire national a été et va être sillonné en long en large et en travers (cf. encart) par des pelotons climatistes, alternatifs, décroissantistes, antinucléaires… tous très éloignés des valeurs « véhiculées » (compétition, élitisme, consumérisme…) par la Grande boucle et sa caravane cornucopienne.

Parti d’Angers le mercredi 11 juillet au matin, le Tour Alternatiba faisait étape à Allonnes, place Nelson-Mandela en fin d’après-midi, puis au Mans, à l’Île-aux-Planches [1], pour une soirée conviviale, informative, et plus si affinités.

La « Vélorution » d’Alternatiba

Partis de la place de la Bastille à Paris le 9 juin, la bonne douzaine de cyclistes permanents de la quatrième édition du Tour Alternatiba bouclera son périple à vélo : solo, tandem, triplette, quadruplette (symbole du collectif promu par Alternatiba [2]) pour arriver à Bayonne, via des pays frontaliers, le 6 octobre et s’y rassembler (départ·s du Mans pour s’y rendre : cf. coordonnées Alternatiba ci-dessous). Autant d’occasions au terme des quatre mois de campagne, des 5800 km parcourus et près de 200 étapes, d’y mettre chaque jour en lumière les alternatives concrètes au dérèglement climatique et les résistances aux projets climaticides notamment explicitées lors de la conférence « Est-ce qu’il est trop tard ? » à l’Île-aux-Planches.

Si le circuit passe par des lieux de luttes emblématiques — Europacity à Gonesse, Notre-Dame-des-Landes, Bure (contre CIGéo, le 4 août, avec une convergence avec l’Alter tour 2018, cf.  encart ibid) —, il révèle aussi une multiplicité d’autres réalisations alternatives plus discrètes et/ou moins médiatisées mais qui ont chacune tout leur intérêt (à retrouver sur les vlogs existants et à venir d’Alternatiba). Soulignons au passage, pour notre « boutique » antinucléaire, le second épisode des vlogs déjà disponibles :  devant la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly, sur le bassin de la Loire, et le contrôle hélas prévisible des pacifiques cyclo-manifestant·e·s. La sûreté et/ou la sécurité des centrales se situerait-elle là, alors que Greenpeace a, à maintes occasions, démontré la vulnérabilité au sol et par les airs de nos centrales ? Et le dernier exemple date seulement d’une semaine. Le 3 juillet au matin, l’ONG avait envoyé un drone (en forme de Superman) se fracasser contre la centrale nucléaire de Bugey.

La caravane passe

Localement, la jonction des cyclistes sarthois·es avec la grosse douzaine de ceux du tour permanent s’est effectuée sur la place Nelson-Mandela à Allonnes où chacun avait pu auparavant décorer sa monture (des tournesols, notamment), prendre connaissance des consignes de sécurité et entendre les prises de parole de deux des quatre élus municipaux d’Allonnes présents (sensibilité au réchauffement climatique, mesures sociales sur la précarité énergétique, part de bio dans les cantines, réalisations d’infrastructures d’énergies renouvelables…).

Le parcours d’Allonnes à l’Île-aux-Planches se fera tranquillement et s’autorisera un détour via la gare Nord avec tout ou long des 5 km de la progression des distributions de flyers, des reprises soft de « On est plus chaud, plus chaud, plus chaud que le climat ! », « Libérez les cyclistes enfermés dans leur voiture », « Changeons le système, pas le climat ! », etc., avec des retours de sympathie klaxonnés par lesdits automobilistes et plus rarement les piétons, plutôt clairsemés en cette période estivale.

Soirs d’été version Alternatiba

L’arrivée à l’Île-aux-Planches (au Mans) [3], sous une haie humaine en liesse et tout bonheur, sera autrement plus enthousiaste, avec de chaleureux applaudissements, des encouragements (civiques et moins jobards qu’à l’Alpe-d’Huez !) et les rythmes festifs (latinos) de la Sarthucada (merci à tous). Proposés dès 16 heures sur l’île, des ateliers, des jeux destinés aux enfants aussi bien qu’aux adultes autour des alternatives, des animations interactives, des créations artistiques « incontour-n-arbres » et de franches bidonnades sur le seul vélo à quatre places, se sont poursuivis bien au-delà de l’apéro — non partagé ! —, épicé ou pas, mitonné par Artisans du Monde et d’un pique-nique 100 % maison — partagé — et zéro déchet. Parmi les quelques stands, ceux de SNE (Sarthe Nature Environnement), Passages (sur l’arbre), MPCAS (Militons, produisons et consommons autrement en Sarthe), les Petits débrouillards, celui du Tour Alternatiba, et bien sûr, buvette bio.

La touche Alt

La conférence sur le climat (présentée par un membre de l’équipe permanente de cyclistes) sera plus studieuse, fouillée, argumentée, illustrée et l’empreinte humaine sur l’avenir de la planète si d’aventure nous n’y changeons rien, bien restituée. Une dénonciation de nos modèles de vie croissantistes, cornucopiens, inéquitables, verticalisés… assurément « boulversifiante » alors que « le jour du dépassement » moyen, planétaire [4], s’est avancé au 1er août cette année. Si toute l’humanité vivait comme les Français·es, cette date serait ramenée au 5 mai 2018 ! Ça donne à penser ! Si le temps presse, fort heureusement, « Un autre monde est possible, il est dans celui-ci ! » (devise de Paul Eluard, reprise par Alternatiba Le Mans), des alternatives existent bel et bien et le Tour participe de la mise en évidence des réflexions et des pratiques autour de la transition écologique et sociale ! monnaies lbres, AMAP, jardins partagés, etc. Bien sûr, notre thématique nucléaire a elle aussi été mise sur la sellette et dénoncée comme une fausse vraie solution au réchauffement climatique sans compter le passif à gérer (rejets permanents autorisés, démantèlements, déchets…) ni oublier l’accident de trop toujours possible avant l’arrêt total du parc.

L’amplitude de la démonstration a cependant eu le défaut de ses qualités et va priver le retour et les échanges avec le public. Une vidéo de cette journée sera sans doute disponible prochainement et, qui sait, aussi un vlog de l’étape, ce sera là : (sans pour l’instant).

Comme il se doit, la soirée s’est terminée en musique (acoustique) avec le trio À TisSer que RyMe aux sonorités helléniques et le combo Le Bœuf dézingué. Ce double concert musical et dansé, écourté (cf. conférence), sera sans doute le seul « bémol » de cette journée.

La formation à l’action non violente et à la désobéissance civile, organisée le lendemain (jeudi 12 juillet), animée par Jon Palais d’ANV COP21 (faucheur de chaises dans une autre vie), s’est elle aussi taillé un franc succès.

Sortir la tête du guidon

Belle entreprise que ce Tour qui participe d’un focus sur la diversité des initiatives et rend visible les alternatives concrètes !

A contrario, la dénucléarisation, elle, s’embourbe dans l’impéritie et le rafistolage ! L’EPR de Flamanville est une énième fois plombé par des malfaçons (soudures défectueuses du réseau secondaire), son coût explose et son chargement en combustible différé, alors qu’il conviendrait de définitivement le stopper. Bien qu’en surcapacité, la doyenne des centrales, Fessenheim, elle, est prolongée. Longtemps cachées, pas moins de 1 775 anomalies dont 449 « non-conformités » de pièces en service sur des réacteurs nucléaires produites par Creusot Forge ont été répertoriées !

La tête dans le guidon sur de nombreux fronts antisociaux, le gouvernement Macron-Philippe a déjà rétropédalé sur sa promesse de campagne d’appliquer la réduction à 50 % de la part nucléaire dans le mix énergétique (loi sur la Transition énergétique pour la croissance verte) à l’horizon 2025. Un signe qui ne présage rien d’audacieux dans le contenu de la prochaine loi de programmations pluriannuelle de l’énergie (PPE) à venir d’ici la fin de l’année.


Alternatiba : mail : alternatibasarthe@gmail.com ; site : https://alternatiba.eu/lemans/ ; Facebook : @AlternatibaLeMans et Twitter : @alternatibalema.


[1] Seulement quelques-uns des militants de SdN 72 étaient présent à cette manifestation et le groupe n’a aucunement participé à l’organisation de cet événement. Chroniquer plus ou moins heureusement ici ses aspects antinucléaires et la multiplicité des autres initiatives de l’été ne peut se confondre ni de près ni de loin avec une accaparation de cette journée. À dessein, nous avons classé cet article dans le menu « Ça va dans le bon sens » (pas évident, parce qu’il ne disparaîtra de la page d’accueil pour rejoindre définitivement ce menu que le 1er janvier 2019, désolé) !

[2] Dont un de ses messages reprend : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »

[3] Sorte de pied de nez à notre électricien atomiste national, l’Île-aux-Planches, aujourd’hui parc urbain, abritera tour à tour une usine à gaz puis électrique, avec un poste de transformation, puis les ateliers de maintenance d’EDF Sarthe, avant d’envisager revendre le terrain à des promoteurs immobiliers, notamment Bouygues.

Aux lendemains de la grande manifestation contre le surgénérateur de Creys-Malville le 31 juillet 1977 (marquée par le décès de Vital Michalon), l’interminable mur d’EDF qui longeait la Sarthe accueillera longtemps LE plus long tag peint sur les murs de la ville. On pouvait y lire : « Ceux qui croient au nucléaire en 1977 sont ceux qui croyaient dans la ligne Maginot en 1936 ! » Pas une ride ! Avis : on est toujours preneur d’une photo de ce slogan…

[4] Calcul du jour ou l’humanité a dépensé l’ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en une année, établi depuis 1970 par l’ONG américaine Global Footprint Network (repris en France par le WWF, et d’autres) et qui constitue le Earth Overshoot Day, ou Jour du dépassement de la Terre.


Illustrations : Alternatiba. Crédit photos : SdN 72. Depuis le 9 août, Alternatiba propose un album photos plus expressif et dynamique de l’événement, à voir ici :  et une vidéo, là :  .


Addenda (du 2 août 2018) : le 1er août, le nouveau groupe ANV Cop 21 (aussi Amis de la Terre) a marqué Le jour du dépassement d’une façon singulière pour dénoncer l’obsolescence programmée (qui pourrait aussi être celle de la planète) et le gaspillage des matières premières et des terres rares en vidant un rayon de produits électroniques du magasin Carrefour centre Sud, c’est là : . Contact : anvcop21-lemans@riseup.net.

Addenda (du 26 août 2018) : le Tour Alternatiba poursuit sa route dans le grand Est et passe les frontières. Il est donc passé à Bure (projet de poubelle nucléaire), Fesseinheim… Un petit flash sur ces deux R-V, c’est là : .

Outre les vlogs sur le nucléaire, il convient bien sûr de consulter l’ensemble des autres vlogs.