Samedi 4 août 2018, de 10 heures à 19 heures – Le moulin de Rotrou et/ou de Robert à Vaas
L’été, c’est le retour des fêtes bio où SdN 72 est souvent invité. C’était encore le cas cette année pour la Fête du blé au pain (17e du genre) au moulin de Robert dont l’association animatrice, elle, a fêté ses trente ans (cf. plus bas) en avril.
Bien à l’ombre de la peupleraie, SdN 72 a échangé ses vues avec des interlocuteurs. Avec des convaincu·e·s, connaissant quelquefois assez bien le dossier, certain·e·s regrettant même leur inactivisme sur le sujet, et des plus crédules, véhiculant des arguments tracés [1] !
Bombes d’hier et d’aujourd’hui
Calendrier oblige, les commémorations d’Hiroshima et de Nagasaki des 6 et 9 août 1945 se sont imposées dans nos propos comme une liaison consubstantielle au TIAN (Traité sur l’interdiction des armes nucléaires signé le 7 juillet 2017 par 122 des 192 pays membre de l’ONU) [2]. Nous avions également traité ce sujet à plusieurs reprises en fin d’année 2017 et début 2018 [3].
Piqûre de rappel : un an après la libération du Mans (les 7 et 8 août 1945 ), un bombardier B-29 américain, nommé Enola Gay, larguera la première bombe atomique à l’uranium de l’histoire, baptisée Little Boy, sur la ville d’Hiroshima, provoquant le jour même et dans les semaines suivantes le décès de 140 000 personnes (plus que la ville du Mans). Une seconde bombe H (pour hydrogène) au plutonium, dite Fat Man, sera larguée trois jours plus tard sur Nagasaki, faisant plus de 75 000 morts. En dépit de l’immensité de la catastrophe, du traumatisme humain, le premier Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a néanmoins été largement malmené, transfiguré, transgressé… notamment par les pays dotés ayant pourtant ratifié l’accord !
Ni les Etats-Unis, ni la France, ni les autres susdits pays dotés n’ont daigné signer et encore moins ratifier ce nouveau traité (TIAN) qui a valu, en 2017, le Prix Nobel de la paix à l’organisation ICAN (Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires) pour son action (seules quatorze nations l’ont fait à ce jour, il en faut cinquante pour que le traité entre en vigueur et s’impose à tous). Pire ! Chacun dans son coin, les sus mentionnés ont fortement joué de leur influence sur d’autres nations pour retenir leur signature. Le Japon lui-même (le seul à ce jour à avoir été affecté par ces armes), aligné sur les Etats-Unis et les puissances nucléaires [4], ne l’a pas signé ! Si, comme nous, le positionnement de la France vous révulse, signez la pétition en accès direct sur le site du Réseau SdN, ici : ▶ comme nous l’avons inlassablement proposé aux chalands s’arrêtant sur notre stand. Menez aussi campagne pour que votre cité rejoigne l’Association française des communes, départements et régions pour la paix — Maires pour la paix France (AFCDRP) comme l’a fait la ville d’Allonnes en 2017 (la première et unique en Sarthe à ce jour), c’est là : ▶.
Tordre le cou aux infox
Traquer les infox (fake news…) est devenu un sport national. Nous parlerons plutôt ici d’intox bien installées dans le paysage qui ont leur public dont certaines perdurent quand d’autres disparaissent aux rythmes de l’imagination de leurs promoteurs (cf. note 1, ibid). Florilège de la journée :
Les panneaux photovoltaïques pas recyclés, pas recyclables. C’est vrai ☐ C’est faux ☑ Depuis 2002, en France et en Europe, les importateurs ou (feu) les fabricants de panneaux photovoltaïques sont tenus de les collecter et de les traiter lorsqu’ils arrivent en fin de vie. Depuis 2007, PV Cycle (entité à but non lucratif basée sur le principe d’association de membres) a l’agrément des pouvoirs publics pour la collecte de ces produits. Mais jusqu’à peu, l’opération désossage et valorisation n’était possible qu’en Belgique. Depuis juillet, elle l’est aussi en France sur la commune de Rousset (Bouches-du-Rhône) dans une filiale de Véolia, Triade Électronique.
La filière solaire arrive maintenant à maturité et les volumes sont désormais suffisamment conséquents pour séparer les composants de leur matériaux dans des entreprises spécialisées — rentables, eh oui ! —, les valoriser sur site ou dans des filières spécifiques (verre, aluminium, plastiques, cellules « silicium cristallin » [90 % du marché] à la marge : cuivre, argent, bore, phosphore). La revue Sortir du nucléaire n° 77 (printemps 2018) du Réseau SdN aborde beaucoup plus longuement ce sujet, merci de vous y référer, ou mieux, de vous y abonner, c’est là : ▶.
Porté par la Société 408 Energy, un nouveau projet de centrale photovoltaïque au sol d’une puissance de 17 MWc pourrait enfin voir le jour sur le territoire de la commune de Vaas, au lieudit « Le Camp », sur l’ex-terrain militaire pollué d’ÉTAMAT (nous avions parlé du premier projet, ici : ▶. Le second projet a fait l’objet d’une enquête publique du 25 juin au 25 juillet 2018. Les conclusions du commissaire enquêteur ne sont pas encore rendues à ce jour.
Une éolienne a besoin d’un moteur et d’électricité pour lancer son rotor. C’est vrai ☐ C’est faux ☑ Nous avions déjà eu droit au radier de béton qui resterait en terre après exploitation. La réalité est légèrement différente ! Dès le début du projet, l’exploitant a l’obligation de provisionner cette opération. Par contre, l’arasement ne sera effectif que sur une profondeur guère au-delà de 1,30 m environ.
Nous revenons sur le démarrage parce que nos interlocuteurs son parfois tenaces ! L’hélice d’une éolienne industrielle s’élance à la seule force cinétique du vent pour atteindre 10 à 25 tours/mn. Son axe est couplé à un multiplicateur de vitesse pour atteindre la vitesse idoine au bon fonctionnement du générateur. Par contre, l’orientation au vent du rotor (et des pales) est bien actionné par un moteur électrique. Vu la somme des malentendus générés par ces engins, leurs promoteurs seraient bien inspirer de systématiser des opérations portes ouvertes [5].
Quatre grands « ventilateurs » sont désormais en production sur une commune voisine de Vaas, à Lavernat, notre article est ici : ▶.
L’intermittence des EnR. C’est vrai ☑ C’est faux ☑ L’intermittence recevable du solaire et de l’éolien est pourtant à mettre en miroir avec celle du nucléaire. À l’automne 2016, 23 réacteurs sur 58 étaient à l’arrêt. Des arrêts de quelques jours, semaines, mois et années pour celui de Paluel 2 ! Le week-end de cette merveilleuse Fête du blé au pain, 22 des 58 réacteurs nucléaires français l’étaient également (soit plus d’un tiers du parc). Pas à cause du gel, de méduses, inondation, inspections, chute d’un générateur de vapeur, mais cette fois à l’entretien, le changement de combustible, les arrêts ponctuels pour incidents, la visite décennale, le grand carrénafistolage… et la canicule qui met en défaut les rejets d’eau trop chaude du système de refroidissement des centrales installées au fil des fleuves et des rivières.
Pourrait-on ainsi multiplier à l’infini les arrangements avec la réalité ? Oui ☑ Non ☐ Bien qu’en terre a priori sensibilisée sur une fête bio, comme souvent, nous avons cette fois encore dû désillusionner ceux qui fondent encore des espoirs dans la fusion nucléaire, la filière au thorium, la fiabilité de nos installations, démentir que l’Allemagne dépend de l’électricité nucléaire produite par la France depuis qu’elle se désengage du nucléaire (les échanges en quantité et en coût sont à l’avantage de l’Allemagne), qu’elle renoue avec le charbon et la lignite (la réalité est plus complexe et due à un effet d’aubaine d’une baisse vertigineuse du prix du charbon étasunien passé au gaz de schiste) ; l’impossibilité des EnR de répondre aux besoins malgré les projections de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, organisme public), NégaWatt… voire même de RTE ! Etc.
« Sans cesse sur le métier remettez votre ouvrage ! » Nicolas Boileau.
Les conférences. — Portée par Michel Bérard, médecin officiel du sport (cabinet au Mans), la conférence du matin traitait des « bienfaits de la marche sur la santé ».
Pour la première des deux conférences de l’après-midi, c’est Paul François qui devait s’y coller. Le céréalier charentais devait témoigner de sa vie empoisonnée par Monsanto et son herbicide Lasso, désormais interdit [6]. Fatigué par sa maladie, il a été remplacé par Christian Vélot, biologiste, enseignant-chercheur, conseiller régional d’Ile de France, lanceur d’alerte… L’enfant de Parennes (72), maître de conférences en génétique moléculaire, pourfend aujourd’hui les OGM [7] en milieu ouvert (le groupe Stop OGM était notre voisin de stand), les produits phytosanitaires et les modèles productivistes.
Julien Guillard assurait la seconde partie. Ancien salarié agricole, membre de l’association Phito victimes, et lui aussi malade d’un lymphome hérité des herbicides et pesticides qu’il a manipulés et répandus une dizaine d’années, il témoigne aujourd’hui de cette fâcheuse déconvenue dans les lycées agricoles, rassemblements… Ouest-France lui a consacré un article (accessible aux abonnés eulement) dans son journal du dimanche, c’est là : ▶.
Sorties, animations… Outre ses soixante-dix exposants, la manifestation proposait également une sortie botanique et ornithologique avec Guy Motel et Gilles Paineau, la visite d’une ferme en conversion bio, les animations reconduites d’année en année : rando, run, musique, danse (assoc. Country de Vaas) et « berdancerie » avec Bercédance (folk).
L’association des Amis du moulin de Robert a fêté ses… trente ans cette année ! Le musée a été repensé et la scénographie revisitée. La cuisine, les toilettes, etc., ont également été remis aux normes et inaugurés — ce n’est pas une blague — le 1er avril 2018. Une bonne raison, s’il en fallait une, pour y faire ou refaire un tour. Son site est là : ▶.
[1] Lobbies nucléaires : SFEN, Société française d’énergie nucléaire ; FED, Fédération environnement durable (anti-éoliennes) ; Vent de colère (idem) ; VMF, Vieilles maisons françaises ; voire de certains médias et sténographes assujettis auxdits lobbies. Mais les idées reçues et colportées sur le solaire, la géothermie… perdurent également.
[2] Traité qui a valu le prix Nobel de la paix à l’ICAN en 2017 pour sa campagne.
[3] Notamment avec la double projection du film La bombe et nous de Xavier-Marie Bonnot à La Flèche, le 29 janvier 2018, c’est ici : ▶, puis au Mans le 7 avril, c’est là : ▶ avec deux intervenants, Dominique Lalanne, d’Abolition des armes nucléaires, et Gérard Halie (ex-Fléchois), du Mouvement de la paix.
[4] Pays qui invoque (entre autres) une opportune menace nord-coréenne pour dénoncer la naïveté du texte.
[5] Des Français ont d’ailleurs participé à la conception d’une éolienne avec une nacelle panoramique au sommet, à Grouse Mountain, au Canada.
[6] Intoxiqué par un produit de la firme américaine, cet agriculteur vient de publier un livre : Un paysan contre Monsanto (éd. Fayard).
[7] Publications de Christian Vélot : OGM : tout s’explique, Athée, Goutte de sable, 2009 ; OGM, un choix de société (éd. de l’Aube, 2010).
Crédit photos : SdN 72. Dessin : Patrick Dalaine (dessinateur de presse résidant en Sarthe, à découvrir sur Facebook).