Samedi 8 septembre 2018 — Épineu-le-Chevreuil (72)
En clôture de la journée contre la poubelle nucléaire de Bure, à Bar-le-Duc, le 16 juin 2018, la plupart des organisations sur le terrain avaient appelé à une semaine d’action — du 3 au 10 septembre — sur tout le territoire (c’est là : ▶). En Sarthe, le Collectif Burestop72 a concrétisé cet appel au soutien politique, financier et matériel des résistant·e·s à l’insane tombeau nucléaire dans les entrailles de la Meuse.
Plus Bure sera la lutte
Avant même l’abandon de l’aéroport de NDDL, Bure concentrait toute la malignité stratégique des forces répressives pour stigmatiser, contenir et juguler toute démultiplication des résistances peu ou prou calquées sur NDDL, Sivens… Le Collectif Burestop72 le dénonce sans ambages : « (…) la répression judiciaire s’abat sur les militant.e.s qui résistent au projet CIGéo à Bar-le-Duc et à Bure. En ciblant des personnes très diverses, le gouvernement cherche à transformer la lutte à Bure en « association de malfaiteurs », en « bande organisée » criminelle à écraser au plus vite. Les opérations policières et judiciaires se multiplient, faisant entre autres augmenter le coût matériel et financier de la lutte ; entre les perquisitions, les auditions, les gardes à vue, les mises en examen et les destructions du matériel de communication… ». C’est pour y répondre que ledit collectif avait organisé cette journée, introduite en milieu d’après-midi par une conférence gesticulée [1].
Auto-stop Bure
« Auto-stop Bure » est une conférence gesticulée sur le thème du nucléaire. Sur fond de déco minimaliste (cf. photo), Marie Benudeau a construit un spectacle bien documenté, 
humoristique, brodé sur l’histoire (la sienne, avec un soupçon de fiction) d’une auto-stoppeuse qui découvre le nucléaire le long de son parcours et surtout les dangers du projet CIGéo à Bure. Elle choisit finalement de militer sur place à la Maison de la Résistance et d’écrire ce spectacle résolument antinucléaire sans rien concéder aux discours d’experts patentés, puis de colporter la saynète de-ci de-là. Décodage : « Longtemps, j’ai cru que mes arguments devaient être basés sur des chiffres, des faits précis. Mais ce n’est pas qu’avec des chiffres et des hypothèses scientifiques que j’ai envie de parler du nucléaire. Je souhaite parler de tout cela avec ce que je ressens et de manière plus générale, mettre en lumière la force de nos témoignages. » Le jeu scénique est bien interprété, présenté avec humour et autodérision. Simple, puissant, percutant. Hélas, nous n’avons pas de vidéo ni de bande-annonce.
Échange de vues
Ce temps était consacré à taper la discute sur la situation générale de la lutte en présence de militant·e·s concerné·e·s par la situation actuelle. Rappel : blessures sérieuses, perquisitions, gardes à vue, confiscation de matériel et intrusion des données, flicage, fichage, poursuites judiciaires, mises en examen, interdiction de séjour dans leur département… Au cœur du débat long et compliqué, centré essentiellement sur Bure (normal, c’était le thème de la journée) : les nouvelles luttes. Débat clivant partageant d’un côté les partisans « d’une libre diversité de tactiques » pour qui « toutes les formes d’actions ont leur légitimité », de l’autre, ceux pour qui « la violence ne peut s’inviter dans des rendez-vous de militant·e·s qui n’ont pas fait ce choix ni ne l’approuvent ». Bref, un débat sur la fin et les moyens vieux comme le monde qu’il convient d’aborder avec advertance. Les ressorts de chacun à lutter sont insondables et les moyens protéiformes. Sont-ils pour autant solubles les uns dans les autres ? Reste un fort dénominateur commun (emprunté à L’1consolable, cf. plus loin) condamnant avec véhémence « la violence d’une société qui la pratique au quotidien tout en la prêtant à ceux qui se retournent contre elle ».
Place à une pause prandiale, mitonnée par une cantine 100% végane, hydratée (pour les inconditionnels) de bière Antirép’ ! Les recettes dudit breuvage étaient entièrement allouées au soutien financier du mouvement de résistance à Bure [2].
Nuit radi·cal·o·active
Fort de cette mise en bouche végane sur fond musical proposé par Back in the days, la seconde partie fut totalement musicale et secouée de rythmes multiformes, de la tombée la nuit jusqu’à l’heure du laitier avec pas moins de cinq groupes au programme : L’1consolable, Skalpel & l’AmnéZiK, L’AmnéZiK, Le dernier calme et Plagiat. Pour les fondus de zik alternative qui souhaiteraient en savoir davantage, chacun pourra se faire une idée de la qualité et de la diversité des propositions de chacune des formations en allant sur le site de l’Étable (cf. ci-dessous) qui propose un court cartel sur la nature, l’antériorité, la localisation… de chacune d’elles, plus un site et une vidéo en lien.
Cette date était entièrement organisée par le Collectif Burestop72. Le contact est là : ▶ burestop72@riseup.net .
L’Étable est un projet disruptif (c’est nous) et un lieu partagé, perdu dans la cambrousse sarthoise. Un repère militant, autogéré, acrate… débarrassé des comportements craignos inappropriés (oppressif, sexiste, raciste, homophobe, spéciste…). Il accueille une bibliothèque (consultable sur place), un infokiosque (avec des documents également consultables sur place ou à emporter), mais aussi, des concerts, des réunions, des bouffes véganes, des ateliers, un potager, un verger, etc. Il est également possible d’y répéter, d’y faire une résidence ou d’y enregistrer. L’endroit est strictement végane et les animaux bienvenus. Tout est gratuit, à prix libre ou échangeable par troc ! Trêve de copier-coller, pour en savoir plus, c’est là : ▶.
[1] Depuis cette manifestation à Bar-le-Duc, d’autres initiatives vent debout contre CIGéo ont marqué la douce quiétude de cet été sarthois, comme Le tour Alternatiba à vélo qui a traversé le département, avec des temps forts à Allonnes et au Mans (le 11 juillet) c’est là : ▶, ou encore la Rando-vélo Rennes-Bure (avec une étape à La Flèche, le 7 août), c’est là : ▶.
[2] Bière Antirep’ (pour antirépression, produite par l’association la Malt Faiteuse) brassin de soutien à Bure à base de malt produit in situ et brassée début juin par des Sarthois·es à la Grange de Montabot (en Normandie) dans le cadre de la mutualisation de son atelier bière. La Grange de Montabot s’est particulièrement illustrée avec la lutte contre la ligne THT Cotentin-Maine, mais pas que… (le CANO, Collectif antinucléaire Ouest, y tient parfois ses réunions), c’est là : ▶.
Affiche : Burestop72 (graphiste : http://solangevener.tumblr.com). Photo du spectacle : Marie Benudeau. Autres : SdN 72.
