Mardi 20 novembre 2018, à 20 heures, à Mamers, au Rex
Le cinéma Rex de Mamers [1] proposait une séance en marge de la programmation habituelle ce 20 novembre 2018, avec — pour la première fois dans la Sarthe — la projection du film-documentaire « Tchernobyl, le monde d’après », un film des réalisateurs Marc Petitjean et Yves Lenoir (que nous avions reçus en mai 2017, à la librairie Thuard, c’est là : ▶).
Proposé à la direction du Rex par une militante locale de l’association Enfants de Tchernobyl Bélarus, trente-deux ans après Tchernobyl, plus d’une trentaine d’habitant·e·s de la couronne de la sous-préfecture ont ressenti le besoin de refaire un point sanitaire sur la « première catastrophe nucléaire médiatisée » de cette funeste technologie. Car, précédemment, il y en eut d’autres, tues, étouffées, « black-outées », dont une très sérieuse dans ce même pays, à Kychtym [2] (on ne parle évidemment pas ici d’Hiroshima et de Nagasaki, sciemment diligentés pour asseoir une prédominance internationale). Carton rouge à la France qui, à l’époque (1986), pour être la plus nucléarisée de la planète, n’avait surtout pas mis en place aucune des mesures sanitaires — prises par ses voisins — pour ne pas affoler le populo.
Une bonne trentaine de spectateurs, c’est peu et c’est beaucoup dans un contexte météorologique défavorable, avec menace de neige (qu’on sait précoce dans ce secteur nord de la Sarthe) et en pleine révolte des Gilets jaunes. L’énergie est décidément UN sujet particulièrement clivant et conflictuel, depuis longtemps et n’a pas fini de l’être. Droit dans ses bottes, à l’image de tous les précédents présidents et leurs gouvernements, Macron s’apprête à proroger les moyens de production nucléaire du pays et de l‘embarquer dans une nouvelle aventure atomique de cinq à huit décennies — on parle ici de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) — avec la construction éventuelle de nouveaux réacteurs EPR (5, 6, 4, pas du tout ?). En bon calculateur, cette décision sera probablement ajournée et procrastinée à lui-même dans un hypothétique second quinquennat, ou aux Iznogoud à venir. À moins que ledit populo décide d’un scénario divergeant !
Mieux qu’un approximatif compte rendu que nous aurions pu commettre, nous vous proposons tout bonnement de vous reporter au dossier de presse ci-dessous pour vous faire une idée très précise de ce documentaire.
Présentée par Yves Lenoir [3] (un des deux réalisateurs), la projection s’est poursuivie par un long échange avec le public, mais avec des réponses très à trop développées, obérant quelque peu le nombre et la diversité des questions. La principale, la plus longuement abordée, portera sur le lien de subordination de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) [4], une des nombreuses thématiques développées par Yves Lenoir dans son livre La comédie atomique — L’histoire occultée des dangers du nucléaire [5], qu’il a dédicacé en fin de soirée (photo, et consulter notre site [cf. chapô] pour le contenu de ce livre).
Film d’une durée de 90 minutes. La production et la distribution du documentaire est assurée par l’association « Les enfant de Tchernobyl Belarus » qui a pour vocation de soutenir l’institut Belrad, d’informer sur la catastrophe, l’état sanitaire de la population (d’hier à aujourd’hui) et plus particulièrement des enfants et de leur venir en aide in situ, de les accueillir pour des séjours et/ou de leur procurer soins et hospitalisation en France. Renseignements, aide, accueil… c’est là : ▶.
[1] Oublié, Moulinex ? La sous-préfecture est désormais aussi connue pour son festival Mamers en Mars (au cinéma Rex, espace Saugonna) qui met en compétition à chacune de ses éditions une sélection de films européens. Ce cinéma se situe à la deuxième place des box-offices des entrées dans le département. Les Sarthois connaissent également l’engagement de James Vidal, président de CinéMamers, pour les salles obscures et ex-professeur de l’option cinéma au lycée Perseigne de Mamers.
[2] Accident catastrophique dans l’usine de retraitement de combustible nucléaire de Maïak-Kychtym, en Union Soviétique à l’époque (près de la ville d’Oziorsk), le 29 septembre 1957.
[3] Ingénieur de recherche à l’école des Mines de Paris (1971-2010). Membre du Groupe interministériel d’évaluation des options techniques pour les déchets radioactifs (1974-1975). Expert du gouvernement de Basse-Saxe pour l’évaluation du projet d’usine de retraitement et de stockage de déchets de Gorleben (1978-1979). Membre des Amis de la Terre (1974-1981). Membre du bureau de Greenpeace en France (1984-1987), membre du GSIEN (1975-). Fondateur du comité de liaison Tchernobyl (1988-1991). Membre de la mission Rivasi sur les déchets radioactifs (2000)…
[4] Subordination de l’OMS à l’AIEA qui l’emmènera à ne décompter qu’une dizaine de morts dans la catastrophe de Tchernobyl, là où d’autres s’accordent à en reconnaître autour de 700 000, notamment des « liquidateurs ».
[5] Yves Lenoir, La comédie atomique – L’histoire occultée des dangers du nucléaire, Ed. La Découverte, mars 2016, 320 p., 22 € port compris. Pour le commander à la boutique du Réseau SdN, c’est là : ▶.
Photos : SdN 72. Affiche (supra) et dossier de presse du film (infra) : association « Les enfant de Tchernobyl Belarus ».
